Chapitre 16 : Expérience de Mort Imminente

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Alexia se sentit soulevée du sol sans qu'elle puisse contrôler quoi que ce soit. Korian et Karine avaient le visage levé vers elle et la regardaient d'un air angoissé. Derrière eux, l'horizon était de plus en plus noir, comme si une tempête menaçait. Un pinceau de lumière éblouissante vint soudain éclabousser le sol sableux juste au-dessous du corps d'Alexia. Quelque chose était en train de l'éclairer par l'arrière.

Alexia sentit son corps pivoter doucement, comme un aimant attiré par un champ magnétique. Elle se retrouva face à un tunnel de lumière d'une clarté extraordinaire, mais qui, bizarrement, ne l'empêchait nullement de regarder à l'intérieur.

La jeune fille sentit un calme apaisant l'envahir. Elle savait avec exactitude quels allaient être les prochains événements, comme si elle venait assister à la séance d'un film déjà vu. Korian fut le premier à réagir.

– C'est ton corps qui te réclame, Alexia, expliqua-t-il. Le tunnel est là pour te ramener vers lui.

– Mais je suis très bien ici, plaisanta Alexia, toujours en train de flotter à plusieurs mètres au-dessus de tes amis.

– Tu ne peux pas laisser ton corps trop longtemps sans esprit, sans quoi il se sentira inutile et cessera de vivre. Il est dans un coma profond et des médecins sont là pour te soigner. Tes parents aussi sont à ton chevet. Pense à leur douleur...

Alexia ne répondit rien et regarda dans le tunnel de lumière. Elle se sentait irrésistiblement attirée vers lui. À quoi bon retourner sur Terre ? Elle n'aimait pas son corps, trop lourd et trop moche à ses yeux. Elle se souvint du regard des autres, des moqueries de ses camarades d'école, des douleurs liées à la puberté et de tous ces petits tracas que les adolescents doivent subir... À côté de cela, son esprit flottait dans un monde de tranquillité absolue, un univers d'aventure s'ouvrait à elle. Tout semblait parfaitement merveilleux dans ce nouveau monde inconnu.

– Et si je laissais ce foutu corps se débrouiller seul ? Que m'arriverait-il ensuite ? C'est comme cela qu'on va au Paradis ?

– Ce n'est pas à toi de décider ce genre de chose, répondit doucement Korian. La Vie est un bien trop précieux pour qu'on décide de l'abandonner. Tu dois continuer à lutter tant que ton corps peut survivre.

– Et me retrouver sans doute dans un fauteuil roulant pour le reste de mes jours ? C'est mon cerveau qui a été touché. Je vais avoir de sacrées séquelles. Je serai une personne handicapée... Ne me dis pas que je me trompe, Korian. Tu sais que ma pierre me permet de voir les chemins du futur.

– Tu viens de parler d'eux au pluriel, jeune fille. C'est cela le secret : la Vie n'est jamais une voie unique tracée jusqu'à la fin. Il existe toujours plusieurs chemins possibles, mais c'est à toi de décider lesquels emprunter...

– A quoi bon, puisque de toute façon, on connait tous l'issue...

– La fin n'a aucune importance. L'alpiniste sait très bien qu'il n'y aura plus rien après le sommet. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas d'être en haut, mais la façon dont il arrivera à ce sommet...

– Oh, les deux philosophes ! J'ai mon mot à dire, moi aussi ! intervint soudain Karine.

Elle se tourna vers Alexia, les yeux pleins de larmes.

– Quoi qu'il puisse t'arriver, tu n'as pas le droit de m'abandonner ainsi, Alex ! Tu es mon amie, tu ne l'as pas oublié ? J'ai besoin de toi, moi aussi !

Alexia se tut, le visage tourné vers le tunnel de lumière. Elle sentit qu'elle commençait à y pénétrer, tout en douceur. Il n'y avait rien que de la lumière. Une paroi ronde et blanche qui l'englobait totalement et semblait se rétrécir vers l'infini. En entrant dans le tunnel, elle avait perçu une sensation pleine et délicieuse de douceur, de calme et de sérénité, comme si plus rien ne pouvait lui arriver.
Tout à coup, des silhouettes se formèrent vers le fond du tunnel. Des formes humaines semblaient mêlées à la lumière. Elle reconnut le visage de sa grand-mère maternelle, morte lorsqu'elle n'était qu'une petite fille. Mamie Janette. Elle était toujours en train de lui chanter des chansons pour qu'elle s'endorme le soir, lorsque Papa et Maman étaient sortis en amoureux, comme ils disaient.

Pierres d'étoiles (Prix Wattys 2016)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant