Chapitre 32 : l'ordinateur végétal

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Daniel marchait d'un pas vif et léger, entrainant les jeunes humains le long d'un immense couloir aérien aux parois végétales, lequel reliait l'amphithéâtre à l'un des immeubles de la cité universitaire. Le couloir était isolé du monde extérieur par une paroi tubulaire transparente, ce qui permettait aux adolescents d'avoir une vue imprenable sur toute la cité. Ils étaient à une trentaine de mètres du sol et quasiment au niveau du sommet des immeubles.

Chaque bâtiment était entouré de verdure et, ce qui frappa immédiatement Karine, fut de constater la présence de nombreux animaux bizarres qui se promenaient en liberté parmi les humanoïdes circulant dans les rues ou qui leur servaient de véhicules.

Daniel avait le plus grand mal à éviter que les adolescents ne s'arrêtent à chaque instant, émerveillés par tout ce qu'ils découvraient de l'autre côté de la paroi du verre. Leurs exclamations fusaient, chaque fois que l'un d'eux apercevait quelque chose de nouveau. Adam semblait le plus excité par son nouvel environnement.

– Vous avez vu cette espèce de gros lézard aux écailles transparentes ? Il grimpe carrément le long des baraques avec des types sur son dos ! Faut pas avoir le vertige !

 – Moi, ce qui m'inquiète, c'est de savoir comment on va faire, une fois qu'on sera au bout de ce... couloir, répliqua Tom d'une voix inquiète en désignant à ses amis ce qui se trouvait devant leur professeur.

Karine, qui avait tourné la tête comme tout le monde pour observer le fameux lézard à six pattes, regarda devant Daniel et stoppa net en poussant un cri d'effroi. Le couloir se terminait brusquement, donnant sur le vide.

Face à eux se trouvait une large porte ouvrant à leur hauteur sur l'immeuble d'en face, mais il manquait une bonne dizaine de mètres de couloir pour y arriver.

– Il est hors de question que je tente un saut, ou quoi que ce soit du même genre, murmura Adam en reculant prudemment, impressionné par le vide sous leurs pieds.

– Ce ne sera pas nécessaire, répondit Daniel en émettant un petit rire de gorge.

Il fit un geste, murmura quelques mots dans une langue inconnue et des filaments surgirent soudain des parois de leur couloir, telles des plantes poussant à vitesse accélérée. Au même instant, les adolescents se sentirent bouger, comme si un tremblement de terre venait d'avoir lieu. Ils eurent tous le même réflexe et écartèrent les bras avec un bel ensemble pour éviter de perdre l'équilibre. Alexia ouvrit de grands yeux inquiets.

– C'est quoi encore, ce délire ? Le couloir bouge !

Effectivement, la structure végétale du couloir semblait se distendre et s'allonger en direction de l'immeuble voisin. En quelques secondes, l'extrémité du couloir rejoignit la paroi de l'immeuble, sur lequel d'autres filaments végétaux étaient en train de se croiser à toute vitesse pour créer un nouveau morceau de couloir.

Daniel profita des quelques secondes d'attente pour leur expliquer la situation.

– Lorsque nous avons créé la base de Ganymède, nous avons utilisé toutes les ressources végétales, animales et minérales de ce satellite. Les algues qui constituent ces structures habitables sont intelligentes. Elles se réorganisent à la demande, pour nous permettre de circuler facilement à tous les niveaux.

Les adolescents n'étaient pas rassurés : le bruit créé par tous ces filaments végétaux avait quelque chose d'inquiétant. Ils poussèrent un soupir de soulagement lorsque le silence revint enfin et que le sol sembla redevenir inerte. Daniel reprit sa marche d'un pas tranquille et invita d'un geste les jeunes humains à le suivre. Ils entrèrent dans un nouvel immeuble.

Pierres d'étoiles (Prix Wattys 2016)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant