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Nus et enlacés sur son lit, je me demande s'il y a une fin au désir. Je ne ressens qu'une vague d'énergie intarissable alors que nous venons de passer les 3 dernières heures à faire l'amour, sans jamais prendre de pause. Mes questionnements doivent se lire sur mon visage, ou alors Conrad lit en moi comme dans un livre ouvert, car il me demande soudain :

— À quoi penses-tu ?

Je fais glisser mes doigts sur son ventre, les remontent jusqu'à ses pectoraux, dessinant des arabesques légères et aériennes sur sa peau diaphane et sans défaut.

— Je ne suis pas du tout fatiguée, réponds-je en suivant des yeux le chemin de mes doigts. C'est assez déroutant, après ce que l'on vient de faire.

Il ricane d'une manière atrocement sexy.

— L'un des nombreux avantages à être un vampire, ma beauté. Cela dit, je ne peux pas vraiment comparer.

Je sonde son expression avec insistance. Sa dernière phrase a été prononcée sur le ton de la confidence, presque chuchotée. Il me rend mon regard, sourit doucement, et joue avec une mèche de mes cheveux devenus mystérieusement plus longs depuis que j'ai laissé mon humanité aux oubliettes.

— Je n'ai jamais été humain, June. Je suis né vampire. Je n'ai jamais connu d'appétit autre que le sang, ni de faiblesse autre que ce besoin d'en ingurgiter pour survivre.

Je bois ses paroles et me rapproche. Sans jamais cesser de le toucher, j'ancre mes prunelles aux siennes. Ses perles d'azur se font plus distantes même si lui non plus ne cesse le contact de nos peaux.

— J'ai été élevé dans la domination, continue-t-il en enroulant distraitement ma mèche de cheveux autour de son index. Être irréprochable constamment, ne jamais montrer de faiblesse. Nous sommes une espèce supérieure, nous soumettons les humains mais aussi les créatures surnaturelles. En théorie, je ne devrais même pas t'approcher. Ou seulement pour me nourrir.

Je me rends compte à travers son récit que nous avons vécu sous le joug d'un même tyran. Lui, ses congénères à contenter. Moi, mon père a survivre.

— Pourquoi m'as-tu approchée, alors ?

Ma question me renvoie à quelques heures plus tôt, lorsque Blondie a fait irruption dans le manoir. Il ne l'a pas laissé parler à ce moment-là, mais cette fois je ne souffrirais aucune dérobade.

— Parce que tu étais proche de la petite Bartholy, lâche-t-il soudain d'une voix claire.

Je me raidis contre lui. Il le sent et enchaîne :

— Aucun humain, d'après ses frères, n'a jamais réussi à établir de lien aussi fort avec Lorie. Tu m'intriguais. Je devais me déplacer pour m'assurer que la rumeur était vraie.

— Je ne comprends pas...

— Lorie est une enfant-vampire unique en son genre. À part ses frères, elle n'obéit pas. Un électron libre. Enfin, sauf pour son Créateur. Celle qu'elle appelle "papa".

Il s'arrête, me contemple comme pour savoir si je peux entendre la suite, et assène :

— Tu as dû en entendre parler brièvement. Viktor Bartholy, le créateur de Nicolae, Drogo, Peter et Lorie, est un des plus anciens vampires qui existent.

Cette fois, son arrêt se fait plus long. Il ne me regarde plus mais triture toujours mes mèches. Je lui laisse le temps. Je le sens perturbé, soudain fébrile et angoissé. Je n'aime pas ça du tout.

— Viktor est notre maître à tous, concède-t-il après un moment. Il n'a pas d'équivalent. On ne lui connaît aucune faiblesse, il est invincible. Du moins c'est ce que ses nombreux partisans se plaisent à raconter. Je sais que c'est faux. Il ne se serait pas embarrassé de 4 enfants si il était aussi insensible qu'il le prétend ! Et surtout pas d'une enfant-vampire imprévisible et dangereuse.

Mon Vampire (Is it Love? Conrad)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant