Mon Vampire (Is it Love? Conrad)

* 18 *

L'aube darde ses rayons orangés sur le lit de Conrad, alors que nous sommes enlacés. Je tressaille et, immédiatement, ce dernier me déplace en me collant plus avant contre lui, me mettant hors d'atteinte du soleil naissant. Intriguée, j'interroge mon vampire :

— Je ne pourrai plus prendre de bain de soleil, si je comprends bien ?

Il rit contre mes cheveux sans répondre. J'ajoute, taquine :

— Bon à la base, je ne suis pas trop adepte du bronzage style surfeuse californienne de toutes façons. Déjà humaine, j'avais la peau presque aussi pâle que la tienne !

À ces mots, je lève un bras et l'inspecte. Bientôt, les doigts de Conrad effleure ma peau, en dessinant avec langueur et volupté les contours. Aussitôt, des frissons et des étincelles naissent un peu partout sur mon corps. L'alchimie que nous partagions déjà lorsque j'étais humaine est désormais transcendée. Je pense sincèrement, même si j'ai accepté ma nouvelle nature avec aisance et calme, que jamais je ne m'habituerai totalement à mon immortalité. Toutes ses sensations, cette conscience de soi, cette maîtrise, cette puissance dont j'effleure à peine l'étendue... non, décidément, je ne m'en accommoderai pas aussi facilement.

Je réalise que mon examen de mon propre- nouveau - corps est si intense que je n'ai pipé mot depuis plusieurs minutes, et que Conrad analyse mes moindres réactions d'un œil soucieux. Merde. Je m'empresse de le rassurer avec un sourire chaleureux, qui le détend dans l'instant.

— Tu guettes ma crise d'hystérie, c'est ça ? Lancè-je sur le ton de l'humour.

Mais mon vampire ne se déride pas. Il souffle, partagé entre inquiétude et admiration :

— Tu n'imagines pas à quel point je suis fasciné par ta capacité d'adaptation, ma beauté. Je n'ai encore jamais engendré. Lorsque je t'ai trouvée dans cette ruelle, à moitié morte, agonisante sous les coups de ce...

Il s'interrompt et détourne le regard vers les immenses fenêtres. J'ai néanmoins pu apercevoir l'éclat rougeâtre de ses prunelles avant qu'il me le cache. Je pose une main apaisante sur son avant-bras et un baiser sur son épaule.

—...je n'ai pas hésité, reprend-t-il d'une voix adoucie. Je ne voulais pas te perdre. Ça m'aurait détruit.

Il se retourne vers moi et m'embrasse sur le coin des lèvres, si tendrement que j'en suis bouleversée.

— Mais... j'aimerais que tu me dises ce que tu ressens. Par rapport à la transformation. Je t'ai privé de ta chaleur, de ton cœur qui bat, de...

Je le coupe.

— De mes migraines ? De mes cauchemars ? De mes règles ? De mon manque de confiance en moi ? De mon masque permanent ? De la peur ?

Je plonge mes yeux dans les siens sans ciller (je me demande même si c'est possible maintenant que je suis vampire).

— Comprends bien que rien de tout ça ne me manque, Conrad. Non seulement tu m'as libérée du monstre que représentait mon géniteur et de la terreur qui m'étranglait, mais en plus tu m'as sauvée la vie (il tique à ce terme). Oui, la VIE. Je suis là, à tes côtés, je te parle, je t'admire, je te désire, je t'aime. Parce que tu as décidé de me donner une seconde chance.

Chacun de mes mots semblent trouver écho en lui. Ses prunelles, si expressives, se réchauffent. Son visage parfait s'orne d'un sourire franc, amoureux. Jamais je n'aurais osé imaginer la douceur dont il pouvait faire preuve, avant. Je le pensais froid, dominant, voire manipulateur... mais Conrad est bien plus que ça.