Le lendemain, au matin du 1ᵉʳ mars, la vie sur le bateau reprit comme à l'ordinaire.
Brook chantonnait, assis sur le bastingage ; Chopper discutait des prochains prototypes de Franky avec Usopp et le charpentier en question - tous les trois avaient des étoiles dans les yeux ; Robin relisait calmement les notes du petit carnet qui l'accompagnait toujours.
Luffy, après s'être empiffré de trois gigots en guise de petit-déjeuner, vérifiait auprès de sa navigatrice que la route qu'ils suivaient était bien celle indiquée par l'aiguille qui tournait le plus. Et comme tous les jours...
« Nami ! Tu as encore modifié la trajectoire, pas vrai ?!?
- Ah ? J'était pourtant sûre que tu m'avais dit de suivre cette direction... Regarde, c'est la plus stable !
- Raison de plus pour aller de l'autre côté ! » insista le capitaine au chapeau de paille avec un sourire éclatant.
Pleurant des larmes de désespoir, Nami dût se résoudre à changer de cap.
Quand à Zoro et Sanji, les deux s'évitaient. Zoro s'exerça toute la journée et, tout en exécutant ces mouvements répétitifs et si familiers, il méditait. La scène de la veille tournait en boucle dans son esprit.
De son côté, Sanji ne fut pas très loquace, lui aussi accaparé par les souvenirs de la soirée précédente. Il avait gardé le T-shirt de Zoro et n'osait plus le lui rendre. Il savait bien que le sabreur ne pourrait pas deviner qu'il l'avait serré contre lui en s'endormant, mais tout de même... Il était en proie à des questionnements sans fin qui le distrayaient dans son travail. De fait, même Nami et Robin remarquèrent qu'il était moins attentionné que de coutume.
Sanji souhaitait ardemment la présence de son camarade, et en même temps il la fuyait. Enfermé dans sa spirale de paradoxe, il apporta un rafraîchissement à Zoro qui était en plein enchaînement d'exercices, mais se contenta de lui déposer le verre à sa portée avant de repartir.
Quand Zoro, ouvrant les yeux après avoir soulevé des poids pendant un quart d'heure, le vit s'éloigner, il essaya de le rappeler. Trop tard : le cuisinier avait déjà disparu.
Le soleil finit par se coucher sur le Thousand Sunny, perdu au milieu des vaguelettes devenues orangées de Grand Line.
« BON ANNIVERSAIRE ! »
C'est au son de ces mots que le cuisinier des Chapeaux de Paille s'éveilla, le dimanche 2 mars. Il eut un franc sourire lorsqu'il découvrit à son chevet les visages heureux de ses amis.
Au premier rang, Luffy, bien sûr. Luffy et son chapeau au ruban rouge, Luffy et son rire joyeux qui exhibait ses dents blanches. Son bienfaiteur.
Puis la navigatrice rousse, cette escroc de première. Toujours là pour soutirer de l'argent, jamais pour en dépenser. Nami qui cache bien son jeu derrière ses sourires charmeurs.
Usopp, aussi, qui rêve d'aventures mais qui les redoute, le tireur d'élite que l'on considéra comme « dieu » à Dressrosa, le menteur au grand cœur.
Et Robin, la belle archéologue, calme. L'impassible Robin. Mystérieuse et loyale, elle est la justicière rebelle, traquée par le gouvernement.
Chopper ensuite, le mignon Chopper. Chopper qui pourrait se transformer en colosse destructeur s'il le voulait mais qui vient toujours en aide à ses amis.
Franky le cyborg, ce miracle de la technologie qui carbure au cola. Le charpentier sensible aux belles histoires.
Et derrière eux la coupe afro de Brook, le musicien entraînant qui avait perdu son ombre, le squelette ressuscité, l'ami de Laboon.
Et enfin Zoro, avec son sourire en coin. Zoro le chasseur de pirates, l'homme aux trois lames, le bretteur qui réussissait le pari de l'exaspérer autant mais qu'il aimait si fort... Zoro et ses regards glaçants, Zoro et son visage neutre de toute émotion, Zoro et ses sourires carnassiers lorsqu'il se lançait dans la bataille, Zoro et son sang-froid qu'il ne perdait que rarement lors de leurs disputes, Zoro et son œil à jamais fermé par Mihawk, Zoro et sa manie de vouloir atteindre des sommets, Zoro et son sens de l'orientation déplorable, Zoro et ses impossibles cheveux verts... Zoro, Zoro, Zoro.
En ouvrant les paquets de ses amis, Sanji découvrit : une mandarine enrubannée - Nami récupéra le ruban car « il lui avait coûté 0,5 Berrys » -, des accessoires à ajouter à sa tenue de « Super-Sanji », un livre sur les propriétés médicinales des plantes aromatiques, une chanson spéciale en son honneur qui le fit beaucoup rire (mais pourquoi y était-il question de culottes en dentelle ?)... Robin lui avait fait fabriquer une carte de vie, précieux cadeau qu'il déchira en plusieurs morceaux qu'il donna au reste de l'équipage.
Luffy, qui n'avait rien faute d'avoir été prévenu, déclara qu'il se chargeait du gâteau, ce que Sanji refusa en bloc, arguant que s'il le laissait faire, on retrouverait des morceaux de poulet dans le cake au chocolat et que, de toute façon, ils ne pouvaient pas se permettre de brûler la cuisine.
Le capitaine ronchonna, et insista tant que le cuisinier finit par lui accorder le droit d'assister à la préparation de la pièce montée.
Ils s'en régalèrent à midi.
Un peu plus tard, alors que Sanji débarrassait - il en était à son troisième aller-retour et s'apprêtait à chercher les dernières assiettes - une voix l'interpella à la sortie des cuisines.
« Hé. »
Le jeune homme se retourna et fit face à Zoro qui, le coude appuyé à la paroi du couloir, semblait l'attendre.
« Quoi ? »
Il sentait le rouge lui monter aux joues et voulait couper court à la conversation.
« Joyeux anniversaire. » fit le sabreur en s'avançant. Mal à l'aise, Sanji passait d'un pied sur l'autre en réprimant le mouvement de recul qui lui venait instinctivement.
« M-Merci... » bafouilla-t-il.
Zoro s'avança encore et, en esquissant un pas en arrière, Sanji se retrouva adossé au mur. Il déglutit difficilement. Ne pas savoir ce que son camarade lui voulait était extrêmement stressant. Ce dernier s'arrêta à un mètre de lui et le dévisagea intensément. La tête légèrement inclinée sur le côté, il constata à mi-voix :
« Je ne t'ai pas encore offert mon cadeau... »
Un instant plus tard, il était sur lui et le serrait fort dans ses bras, la tête reposant sur son épaule. Sanji était paralysé, rouge comme une pivoine, incapable de faire le moindre geste de peur de briser ce moment.
Zoro redressa alors la tête et, ses lèvres à quelques centimètres de celles de Sanji, le débarrassant de sa cigarette avec nonchalance, il déclara avec un mélange de douceur et de malice :
« Je t'aime aussi, idiot. »
Sanji n'y tint plus et abandonnant les mains du sabreur sur sa taille, il lui saisit le visage et l'embrassa à pleine bouche.
Zoro lui rendit son baiser avec autant de fougue. Lorsqu'ils s'écartèrent, haletants, Sanji commença :
« Je...
- Tais-toi un peu. » ordonna Zoro en se rapprochant à nouveau.
Ils restèrent là à s'embrasser et s'enlacer de longues minutes, et même le « Oups ! Pardon... » d'Usopp qui débarqua sans prévenir ne put les séparer, aucun ne se résolvant à abandonner l'autre.
« Ne me lâche pas. » souffla Sanji entre deux baisers.
« Jamais. » promit Zoro en l'attirant contre lui. « Plus jamais. »
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L'anniversaire (Zosan)
FanfictionLe 2 mars est l'anniversaire de Sanji la Jambe Noire, le cuisinier des Chapeaux de Paille. Et cette journée promet d'être mémorable... Première fanfic One Piece !!! (acclamez-moi) En fait c'était censé être plutôt un OS (one-shot, un courte histoire...