Le jeune écossais était en état de choc, bien évidemment. L'eau fraiche ruisselait sur son visage pâle et secoué par une émotion forte. Posant ses deux mains sur le rebord du lavabo, il inspira difficilement, fermant les yeux un moment.
Quand il se sentit plus assuré, il rouvrit ses pupilles d'un bleu si particulier.
C'était tout simplement impossible.. Personne ne pouvait avoir découvert son secret. Il se raisonna, se persuadant que n'importe qui pouvait proférer de telles menaces sans qu'elles soient fondées.
Au bout d'un moment, il se redressa, calmé. Il fixa dans le miroir son visage pâle et esquissa un faible sourire.
— Mon Dieu.. Je suis ridicule..
Il se tint droit, relâchant ses épaules et expirant un bon coup. Il rajusta sa cravate et remit sa veste.
— Voilà qui est mieux.. Mon cher Campbell.. Se murmura t-il à lui même.
Il se dirigea vers la porte de sa chambre et sortit sur le palier. Du salon, montaient les bruits de pas de Sherlock qui marchait de long en large dans la salle commune.
Ewen descendit doucement les marches et hésita un instant devant la porte du salon, se demandant s'il parlerait de cette lettre à Holmes. Mais en une seconde, il renonça et dépassa la porte, descendant au rez-de-chaussée. Le jeune écossais mit son chapeau sur sa tête et enfila son manteau brun foncé.
Ouvrant la porte du 221B Baker Street, il sortit dans la rue et laissa le froid envelopper ses membres engourdis.
***
Dans le salon et pour se donner une contenance, Sherlock s'était mis à jouer du violon. Il réfléchissait intensément à une affaire confiée le matin même. Quand son client arriverait, le détective aurait déjà la réponse à sa question. L'affaire était plutôt simple lui semblait-il..
En effet, un quart d'heure plus tard, quand l'individu, un homme de cinquante ans passés au teint cireux et aux cheveux gris entra. Il manquait cruellement d'élégance et de prestance songea le limier immédiatement.
Au cours de l'entretien, court, Holmes déclara :
— En effet, votre épouse n'est pas morte.. Elle s'est enfuie pour refaire sa vie avec votre voisin qui a davantage son âge que le vôtre..
Nul temps pour les condoléances et les "je suis navré."
L'homme, sombre, sortit de l'appartement londonien et bouscula un jeune homme à l'air pâle qui entrait dans l'appartement.
Ewen s'excusa légèrement alors qu'un discret sourire sadique fleurit sur les lèvres de l'homme.
— Ne vous excusez pas, mon bon Monsieur !
L'écossais haussa un sourcil.
— Et bien.. Bonne journée.
Campbell poussa la porte et fit pris d'un doute subit. Se pouvait-il..?
Il ouvrit précipitamment la porte, ne voyant plus l'étrange individu.
Ewen frémit. Il repensait à cette voix. Cette intonation.. Il connaissait cet homme.
Darius.. Darius Stephen avait trouvé le lieu où il habitait. Cela ne lui avait pas suffit de tuer Lindsay.. Il fallait qu'il vienne lui aussi le tourmenter..
Le souffle lui manqua et il fut prit d'une forte quinte de toux qui le fit tomber à genoux dans l'entrée.
Holmes entendit ce bruit inquiétant et se montra en haut de l'escalier.
— Campbell ? Quelque chose ne va pas ?
Le jeune homme releva la main dans sa direction et se redressa, se relevant.
— Non non.. Je vais bien.. Je crois que j'ai attrapé froid.
Le détective n'y croyait que peu mais ne dit rien.
— Alors venez vous réchauffer, Madame Hudson a allumé un feu. Le thé est encore chaud.
Ewen monta lentement les marches, venant quelques instants plus tard s'échouer dans un fauteuil en face du feu, une tasse entre les mains.
— Watson devrait passer dans quelques minutes, déclara Holmes.
— Visite de courtoisie ? Se força à plaisanter Campbell.
— C'est cela, répondit Holmes avec un sourire.
Ewen sentit son cœur se réchauffer et détourna le regard. Il remarquait bien que ces derniers temps, il pensait plus souvent à son colocataire.. De fait, il commençait à développer des sentiments pour lui. Mais cela ne lui apporterait que des ennuis et il n'avait pas le temps pour de telles choses..
Il ferma les yeux, inspirant la douce flagrance de son infusion.
En face de lui, Sherlock Holmes fixait son regard sur lui. Ses longs cils cachaient ses yeux au bleu si particulier. Ses traits fins restaient très pâles et il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Ewen.. Si maître de lui.. Qui ou quoi avait été capable de le perturber ?
Cela le perturbait au plus haut point.
Il y a quelques temps, le détective se serait jugé incapable de s'attacher à qui que se soit.. Et pourtant.. Il sentait bien qu'il était attiré vers lui..
Alors que le silence s'éternisait, un grincement de porte se fit entendre. Campbell esquissa un sourire en ouvrant les yeux.
— Le voilà !
En effet, des pas retentirent dans l'escalier et enfin, une tête blonde-grise se montra derrière la porte.
— Holmes ! Campbell ! Je suis heureux de vous voir ! Comment allez-vous ?
La discussion s'engagea facilement et petit à petit, Ewen, appuyé sur sa main finit par s'assoupir.
Les voix de ses amis faisaient office de berceuse et il ne tarda pas à sombrer dans un sommeil profond.
— Campbell ? Campbell vous dormez !
L'écossais se réveilla en sursaut à l'entente de son nom.
Les yeux vert-gris du détective étaient plantés dans les siens et Ewen bafouilla.
— Ah.. Dé.. Désolé.. Ce n'était pas.. volontaire..
Watson sourit en les voyant et déclara :
— Le remède le plus efficace est le sommeil, dans un lit bien évidemment !
Le jeune homme rougit légèrement.
— Oui.. Je vais aller me reposer.. À bientôt Watson !
Promptement malgré son esprit et son corps endormi, Ewen rejoignit sa chambre avant de refermer le battant derrière lui et de s'écrouler sur le lit.
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Un séjour à Baker Street
FanfictionEwen Campbell, jeune homme de vingt-cinq ans, rencontre par hasard le célèbre détective consultant Sherlock Holmes. Sans savoir à qui il s'adresse, Ewen impressionne M. Holmes lors de cette première rencontre fortuite. Piqué de curiosité, le détec...