Chapitre 8: Déjeuné agité

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" Des points d'interrogation, est-ce qu'on peut blâmer la misèr? 

Partout, la crise a besoin de bouc émissaire

Un retour à Babel, le temps passe trop vite, j'écris

Conflits d'civilisations, à qui profite le crime? 

La raison manque à l'appel, on sait même plus qui a tort" 

Lino, feat Dokou, Fautes de français


Une routine s'était installée. Je venais le lundi et le mardi à la prison. J'avais mon premier cours le lundi à 10h, puis j'allais à la future bibliothèque avec RK et Larry, tout heureux de louper le travail obligatoire et de pouvoir souffler dans la bibliothèque.

En effet, on ne peut pas dire que j'étais une patronne très exigeante, contrairement à leur contremaître à l'atelier. Les prisonniers étaient exploités par Guicci pour leurs produits.

Ils étaient un peu plus libres à la bibliothèque, même si un vigile était devant la porte.

J'avais refusé que Grégoire entre, ce qui avait été accepté. Je pense qu'on se méfait encore de moi, j'avais des vigiles qui me suivaient partout et faisait des rapports, mais on se disait qu'au milieu des livres, avec deux jeunes détenus, je faisais plus l'animation que la révolution. C'était plutôt vrai, mais je choppais quand même des infos.

Je restais ensuite manger avec Maxime, mon collègue de mathématiques, qui avait son cours à 11h, après moi. Je retournais en général à la bibliothèque avant de partir vers 16h. Le mardi, je venais le midi, je mangeais dans mon bureau, avant d'aller à mon deuxième cours à 13h. À la fin, j'allais faire mon compte rendu au directeur, puis j'allais retrouver Vald qui s'occupait de m'aider dans les livres.

Mince.

J'avais oublié mon déjeuner dans ma voiture devant la prison.

On était lundi midi, j'avais eu un week-end assez chargé, notamment à me bourrer la gueule avec Low dans des bars sombres. J'étais encore fatiguée, ce qui pouvait expliquer mon oubli.

Je pouvais sortir et entrer qu'une fois par jour : je ne pouvais donc pas aller le chercher.

Je soupirai, j'avais faim et le cours que j'avais donné aujourd'hui m'avait bien fatiguée. Comme M.Bavastro y avait assisté, j'avais dû faire attention à mon langage et parfois camoufler un peu mes idées, tout en faisant quand même un cours intéressant.

Je me décidais à aller voir si exceptionnement je ne pouvais pas prendre à manger à la cantine. C'était des rappeurs et des techos qui étaient en cuisine parce que "vous savez ya pas de budget". Donc, ils bossaient gratuitement. Mais ils avaient quand même réussi à négocier certains produits et on m'avait dit que ce n'était pas si dégueu que ça, même plutôt bon. En tout cas, ça permettait de respecter les régimes alimentaires, comme les régimes hallal. Avant que ce soit des rappeurs aux fourneaux, rien n'avait été fait pour ça, et il y avait eu pas mal d'embrouille, m'avait raconté Larry.

J'entrai donc dans la cantine. Je ne me sentais pas vraiment à ma place. La pièce était semblable à toutes les cantines que j'avais fréquenté. Des tables, une file d'attente pour prendre de la bouffe sur des plateaux. À ceci près que les couverts étaient en plastique et que des gardes surveillaient les prisonniers. Strictement tous les regards étaient tournés vers moi. Je ne savais pas trop quoi faire, quand on cria mon nom depuis une table :

-Tinaaaa !

C'était Larry et RK. Ouf, des têtes connues. Ils virent joyeusement vers moi. Je me sentie tout de suite mieux.

Des Tensions | VALDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant