Chapitre 2

706 82 7
                                    

Blanche-Neige ballotait doucement sur l'épaule du chasseur dont les pas s'enfonçaient dans la neige en crissant.

Elle fixait la grande pointure de l'homme, se demandant l'effet que cela pourrait faire d'être écrasée par un tel pied.

Elle n'eut pas le temps d'y penser trois secondes que Ringstoon la déposa rudement sur le sol, à la lisière de la forêt.

Blanche-Neige le regarda avec deux grands yeux étonnés, se demandant quelles étaient les intentions de l'homme.
<< - Me regardez pas comme ça D'moiselle. Les ord' sont les ordres et j'veux pas d'ennuis. maugréa-t-il.

     - Quels sont vos ordres Monsieur ? demanda Blanche-Neige d'une voix douce.

Ringstoon se gratta la tête, déconcerté d'être qualifié de "Monsieur" et gratifié d'un langage soutenu.
      - Hum ... Mes ordres sont vot' mort.
      - Madame ma belle-mère vous aura donc ordonné de me tuer ? Je vois ...
      - Pas seulement d'vous tuer ! Elle veut vot' cœur en trophée. précisa-t-il.

      - Je ne veux pas vous attirer d'ennuis Monsieur. C'est pourquoi je me résigne à mon sort. Tuez-moi donc, je ne vous en voudrais pas, je me porte garante. dit-elle en baissant tristement la tête. >>

Ringstoon se gratta la tête, perdu, et s'empara d'une grande hache.

Il demanda à Blanche-Neige de se mettre à genoux et la jeune fille s'exécuta, le gratifiant d'un sourire mal-assuré.

Le chasseur leva sa hache et la jeune fille ferma les yeux, attendant la mort dans l'inquiétude et l'angoisse.

Ringstoon arrêta sa hache à quelques centimètres du dos de la jolie jeune fille.
<< - Je ... J'peux pas Mam'zelle. C'est aud'ssus d'mes forces. Personne m'a jamais autant respecté qu'vous. J'veux pas vous tuer. Qu'elle s'débrouille seule l'aut' mégère mais c'est pas dm'es mains qu'vous mourrez ...
      - Monsieur, vous avez un grand cœur, sachez que je vous suis éternellement reconnaissante et que si quelque chose en mon pouvoir peut vous aider, je vous aiderai volontiers. souffla la jeune fille, souriante.
       - J'vous en prie Mam'zelle, j'ai tout c'qui m'faut. En r'vanche, vous vous d'vez fuir. L'aut'mégère reviendra. Prenez laforêt et partez loin, c'est l'seul conseil que j'peux vous donner.
        - Merci Monsieur. Je ne vous oublierai jamais. Adieu. dit-elle, émeue. >>

Elle déposa un baiser sur la joue du chasseur, qui rougit faiblement avant de faire demi-tour dans le paysage enneigé.

Blanche-Neige le regarda s'éloigner, puis regarda le paysage qui l'entourait. Elle ne reverrait pas ces bâtiments avant longtemps, peut être même qu'elle ne les reverrait jamais. Les larmes lui montèrent aux yeux à cette pensée. Tandis que la nostalgie emplissait peu à peu ma jeune fille, le chasseur Ringstoon était à l'affut, son arbalète pointée, caché derrière un buisson, et attendait que la biche soit à sa hauteur afin de lancer la flèche qui ferai cesser les battements de son cœur.

Les sabots de l'animal firent un pas de trop. Les doigts de Ringstoon déclenchèrent le mécanisme de l'arme et la flèche partit à toute vitesse se ficher dans la tempe de la pauvre bête.

Blessée, la biche se recroquevilla sur le sol et Ringstoon sortit du buisson non-sans peine. Il se munit de sa hache et rejoint la biche afin d'achever ses souffrances.

La hache s'abbatit en haut du coup de l'animal, qui se trancha en deux. La partie supérieure, la tête, giseait sur le sol, séparée du corps et dégoulinante de sang. Les yeux fiché sur le visage étaient exorbités et l'on pouvait presque distinguer la lueur à l'intérieur. La lueur qui fait qu'on distingue les yeux d'un mort de ceux d'un vivant. La vie était tellement proche qu'on pouvait presque l'apercevoir.

Ringstoon sortit une longe et fine dague de sa poche et découpa soigneusement le buste de l'animal. Une fois l'entaille assez profonde, il plongea la main à l'intérieur et entreprit d'en sortir le cœur. Il farfouilla parmis les muscles, os et, après quelques secondes de dégoût, finit par tomber sur l'organe recherché, mou et visqueux.

Il fit la grimace et empoigna fermement le cœur de l'animal. D'un coup sec, il le sortit de l'entaille et le jeta dans une petite sacoche en toile. Il regarda ses mains souillées de sang et les essuya sur son pantalon avant de se mettre en route pour la demeure d'Esther.

Pendant ce temps, Blanche-Neige marchait, repliée sur elle-même afin de conserver un peu de chaleur en elle.

Les flocons volaient en tous sens, inondant le visage de la jolie jeune fille qui avait les yeux mis-clos.

Elle était affaiblie et luttait pour survivre à la tempête de neige qui venait de commencer

Ce que personne ne savait, c'est qu'elle n'était pas prête de se terminer ...

  

Bloody Popular Story / Blanche-NeigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant