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JULIETTE

5 septembre 2025.

J'adorais venir à Madrid même si ce n'était que rarement.

Mon périple italien avait été coupé en deux par quelques interviews dans la capitale espagnole.

Coïncidence oblige, je me devais de voir Eugénie, là qu'on était dans la même ville toutes les deux. On ne s'était pas vues depuis le nouvel an, autant dire une éternité.
Je ressentis cette éternité en la voyant : elle semblait avoir perdu du poids et était passée chez le coiffeur, certainement pour marquer une rupture avec la période Raphaël.

On se retrouva en terrasse pour commander deux mojitos et un assortiment de tapas avant de parler un peu de tout et de rien, comme si on tournait autour du pot.

-Oh la, il est super chargé !

-Je vais vite être KO.

On mangea deux-trois trucs en silence avant d'ouvrir la bouche en même temps, puis de s'arrêter et de fondre en larmes au même moment.

-Mon dieu, je pensais être la seule à pleurer aujourd'hui. Lança t-elle en renversant la tête pour retenir ses larmes.

-On est un vieux cliché de film à pleurer avec un verre en terrasse.

Elle me fit un mince sourire.

-Comment tu vas vraiment ?

Parce qu'elle m'avait bien évidemment dis que ça allait quand je lui avais posé la question quand on s'était retrouvées.

-Ça allait mieux avant la semaine dernière.

La sortie de Brouillard.

-Je me sens mal de ne pas t'avoir vu plus tôt.

-J'étais pas vraiment de bonne compagnie et tu bossais. Tu l'as écouté ?

-Pas en entier.

Je n'allais pas lui dire que les trois premières chansons m'avaient assez fait mal au coeur comme ça.

-C'est tout lui ça. Resurgir alors que j'arrivais enfin à être raisonnable.

-Raisonnable ?

-Ça fait sept mois qu'on n'est plus ensemble. Je ne vois toujours pas comment j'arriverais à construire quelque chose avec quelqu'un d'autre mais si je n'arrêtais pas de trainer ma peine à tout va avant de venir ici, Laura et Sabrina m'auraient lynchées je crois.

-Et ta sœur ?

-Elle s'est fait larguer le même jour que moi. Et pour une autre alors je te laisse imaginer l'ambiance à l'appart les premières semaines. Mais parlons d'autre chose que de Raphaël et de son album qui me donne envie de prendre le premier avion pour Paris pour aller me jeter sur son palier.

Lui dire que Raphaël avait envie de faire la même chose quelques mois plus tôt ne l'aiderait pas non plus.
C'était pourtant si tentant de vouloir jouer à l'entremetteuse : ils mourraient encore d'amour l'un pour l'autre ces deux là. Mais ils ne s'étaient pas séparés à cause d'un manque d'amour et c'était leurs affaires. Il y avait tellement de douleur dans sa voix quand elle prononçait son prénom, que je préférais changer de sujet.

-Ces pommes de terre sont super bonnes.

T'es nulle Juliette !
Mais au moins, ça la fit rire.

-Et toi alors ? Qu'est-ce qui t'as valu ce craquage ? Len ?

-Je t'annonce que nous sommes dans une relation libre.

Elle écarquilla les yeux avant de se pincer les lèvres.

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