Chapitre 10

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Harold entrouvrit les yeux, et bailla

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Harold entrouvrit les yeux, et bailla.

-Je n'ai pas dormi aussi longtemps depuis bien des mois, murmura-t'il pour lui-même.

-Hello, petit viking ! Bien dormi ? fit une voix légère près de lui.

Il s'assit dans un sursaut et regarda la personne qui avait parlé, ne la reconnaissant d'abord pas, puis, à mesure que sa vision devenait plus claire, il fut bouche bée. C'était Jack, souriant.

Il était cependant blessé, et quelques hématomes et coupures parsemaient son visage.

L'Esprit remarqua le regard inquiet et embarrassé de Harold, et il s'approcha de lui aussi rapidement que lui permettait son état, le saisissant dans une douce étreinte.

-Je suis désolé d'être parti comme ça. . . lui chuchota-t'il.

Le jeune viking le serra fort dans ses bras, ce qui fit grimacer Jack, mais il ne dit rien.

-Et moi, je suis désolé de t'avoir suivi. Tout ça aurait pu tellement mal finir. . .

L'Esprit comprit alors qu'Harold avait juste essayé de le retrouver, et donc qu'il n'avait pu rencontrer Pitch que par hasard, ce qui le réconforta encore davantage.

Mais, subitement, Harold se dégagea de leur étreinte et se releva, le visage grave.

-Je n'aurais jamais dû me mêler de vos histoires d'Esprits, de Gardiens, et de tous ces trucs tellement durs à comprendre ! s'exclama-t'il.

Jack le regarda, interloqué, redoutant la suite de ces paroles.

-Je. . . Je pense qu'on devrait rester chacun de son côté, pour le bien des vivants. Humains et Esprits ne doivent pas se côtoyer, c'est trop dangereux. . .  continua Harold.

-Attends, quoi ?! Je te sauve la vie, et voilà comment tu me remercies ? C'est une blague ?!

Le jeune viking soupira, et partit, laissant l'Esprit seul. 

Il se rendit ensuite compte qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où Jack l'avait emmené, jusqu'à ce qu'il tombe nez à nez avec une curieuse femme couverte de plumes. Elle possédait des ailes très colorées qui battaient l'air plus vite que celles d'un colibri et qui la maintenaient dans un état presque constant de vol stationnaire au ras du sol.

-Bonjour, fit-elle joyeusement, tu es Harold, c'est bien ça ?

Il hocha la tête, impressionné, et elle sourit.

-Je m'appelle Fée, et je suis la Fée des Dents !

Le jeune viking eut un sourire forcé, pour ne pas vexer l'étrange personnage. Il croyait, étant enfant, à cette frêle créature qui venait la nuit remplacer les dents de lait tombées par des pièces, et avait toujours désespéré de ne pas l'apercevoir. Maintenant qu'il la voyait pour de vrai, il éprouvait juste le désir de s'éloigner d'elle.

-Dites moi, demanda-t'il, savez-vous où nous sommes ? Et comment partir d'ici ?

Elle perdit son sourire amical, et, un instant, ses ailes cessèrent de battre, la faisant se poser une fraction de seconde sur le sol. Puis, elle reprit son vol stationnaire, et répondit :

-J'ai. . . Entendu votre conversation avec Jack. . . J'espérais que tu ne partirais pas tout de suite. 

Harold passa sa main derrière sa nuque, embarrassé.

-Je suis désolé, mais je ne peux vraiment pas rester. J'ai tout un village à m'occuper, et j'ai déjà expérimenté le danger de côtoyer les Esprits, pour un humain.

Fée tordit doucement ses mains, puis soupira.

-Je vais te conduire à Nord, il te ramènera chez toi.

Aussitôt, elle  voleta vers le bureau du Père Noël, Harold courant derrière elle pour ne pas se laisser distancer.

Quand ils arrivèrent, le jeune viking vit d'abord une multitude de petits bonhommes habillés tout en rouge, avec un grelot pendant sur ce qui ressemblait à des capuches. Ils le saluaient gaiement, avant de continuer leur travail, qui consistait à produire en masse toutes sortes de cadeaux pour les enfants du monde entier.

Il y avait aussi quelques yétis cachés derrière des montagnes de rouleaux de papier cadeau.

Soudain, Nord arriva, et serra la main d'Harold.

-Bonjour, jeune Harold. Je suis content de te voir sain et sauf, dit il avec son fort accent russe.

-Je suis heureux de vous voir pour de vrai, monsieur, répondit le viking, mais il faudrait que je rentre chez moi, vous comprenez, mon village m'attend.

Le Père Noël hocha la tête :

-Je comprends, mais Jack Frost ne doit pas être enchanté de cette décision. . .

Harold haussa un sourcil.

-Il n'est pas très content, mais il s'en remettra sûrement, fit-il d'un ton qui se voulait neutre, et puis, c'est mieux comme ça.

-Bon, bon, d'accord, je vais utiliser une boule à neige pour te ramener chez toi, déclara Nord.

Il en sortit une de son sac, et la tendit à Harold, lui disant de visualiser le mieux possible son village. Le jeune viking ferma les yeux, se concentrant, et aussitôt, la boule se mit à briller de plus en plus fort. 

Surpris, il la lâcha, et elle fit apparaître un portail vers Beurk dès qu'elle toucha le sol.

-Bonne chance ! dit Fée alors qu'il s'engouffrait dedans derrière Krokmou, qui le précédait.

Mais, alors que le portail allait disparaître, Jack fit irruption dans la pièce.

-Attends ! s'écria-t'il, courant vers la silhouette encore légèrement visible d'Harold.

Mais le portail se referma avant que l'Esprit ne puisse y entrer. Il s'écroula sur ses genoux, le corps douloureux.

-Je voulais juste lui dire au revoir. . . murmura-t'il tandis que Fée et Nord se précipitaient pour l'aider à se lever.

-Ca va, Jack ? demandèrent-t 'ils, inquiets.

Il ne répondit pas immédiatement.

-C'est mieux qu'on ne se voie plus jamais, finit-il par dire.

Ils le regardèrent avec compassion, et Fée l'étreignit doucement.

-Tu le reverras, j'en suis sûre ! s'exclama-t'elle.

Jack hocha longuement la tête, sans y croire. L'impression horrible de mourir encore une fois était revenue, et il grimaça.

Fée crut qu'elle l'étreignait trop fort, et elle s'écarta vivement.

-Je. . . Je vais y aller. . . fit-il en tournant les talons et sortant de la salle.

Il ferma la porte derrière lui, et s'assit dans le couloir, tandis que les larmes ruisselaient sur ses joues avant de se changer en glace. Il étouffa un sanglot.

-L'amour. . . Ca fait mal.


Le feu et la glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant