Chapitre 15

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Cette nuit là, Jack et les Gardiens entrèrent en action. Ils se dispersèrent autour du village à la recherche de Pitch ou d'un de ses sbires.

Puis, une fois sûrs que le Croque-mitaine n'était pas dans les parages, le Marchand de sable leur  donna sept boules de poudre dorée chacun en leur faisant comprendre qu'il faudrait les jeter en plein sur les cauchemars, et qu'ils devraient revenir le voir si ils arrivaient à court de munitions.

Jack s'envola sur un toit grâce au vent, et regarda les maisons, se demandant par laquelle il pourrait commencer sa mission. Il vit le palais, mais se douta qu'Harold était à l'intérieur, et secoua la tête. 

-De toute façon, Pitch ne s'en prendrait pas à des chefs de clan, se convainquit-il.

Il avisa alors la maison sur laquelle il était perché, et y entra pas la fenêtre ouverte. 

là, allongés dans un lit, sans trouver le sommeil, étaient deux petits enfants, un garçon et une fille. Ils s'étreignaient pour essayer de chasser les cauchemars, et ne voyaient pas Jack.

L'Esprit ne pouvait rien faire avant que les petits ne s'endorment, ce qu'ils finirent par faire. Aussitôt, un cheval de sable noir apparut au dessus de leurs têtes, et leurs visages se crispèrent.

Heureusement, Jack jeta un projectile doré sur la créature, qui disparut dans un cri. Cependant, les rêves n'arrivaient pas à atteindre les enfants, qui dormaient d'un sommeil profond.

Cela l'inquiéta, car il avait déjà vu pareil phénomène chez Harold, et il se dirigea vers la chambre des parents. Ceux-ci dormaient, mais les cauchemars les assaillaient également.

jack répéta le même schéma qu'avec les enfants, et les monstres disparurent en lâchant une plainte stridente.

L'Esprit alla donc d'habitations en habitations pour chasser les cauchemars des villageois, sans parvenir à faire qu'au moins l'un d'entre eux rêvent.

A court de munitions, il rejoignit Sable, qui lui apprit que tous les Gardiens avaient eu ce résultat. 

-Soit Pitch a un puissant allié, soit il est devenu plus fort tout seul, continua-t'il, ses images défilant rapidement au dessus de sa tête.

-Attends, va moins vite, s'écria Jack, je n'ai pas eu le temps de traduire !

Le Gardien "répéta" donc, et l'Esprit hocha la tête pour montrer qu'il avait comprit, cette fois.

-Nous allons bientôt terminer, il ne te reste plus qu'à aller au palais pour s'occuper des derniers habitants, ajouta Sable.

Jack fut d'abord effaré que Pitch s'en prenne bien à des chefs de clan, puis il essaya de lui dire qu'il ne pouvait pas pénétrer dans l'imposant bâtiment sans l'accord d'Astrid, mais le Marchand de sable ne voulut rien entendre et lui donna des munitions.

L'Esprit y alla donc en priant l'Homme de la Lune qu'Harold ne soit pas dans le palais.

Là, il aida Dagur et Mala aussi rapidement que possible, et allait s'en aller sur la pointe des pieds lorsqu'il vit de la lumière dans une des chambres d'ami. 

Malgré toutes ses bonnes résolutions, Jack ne put s'empêcher d'y jeter un coup d'œil. Il vit Harold assit sur son lit, dessinant quelque chose dans un carnet.

-Il ne dort pas, bien sûr, pensa l'Esprit en levant les yeux au ciel.

Il regarda aux alentours sans trouver qui que ce soit, et décida d'aller voir le jeune viking, malgré tout. Sa conscience lui criait que ce n'était pas une bonne idée, mais un sentiment puissant avait d'ores et déjà prit contrôle de ses pensées et de ses actes.

-Harold . . ? murmura-t'il en entrant, gêné.

L'interpelé leva ses yeux émeraudes de son carnet et les posa sur l'Esprit. Il paraissait surpris, mais aussi plutôt triste, et ne dit pas un mot.

-Je. . . je suis désolé de tout, tu sais. . . continua Jack en marchant lentement vers lui.

-Ce n'est pas de ta faute, répondit alors le jeune viking assez sèchement, je n'aurais pas dû te ramener chez moi à la base.

Jack s'arrêta à quelques pas de lui, une lueur étrange dans ses yeux cristallins, comme une supplique silencieuse.

Ils se fixaient droit dans les yeux, dans un silence total, Harold dissimulant sa joie derrière un masque de courroux à la fois feint et réel.

Et puis, d'un même mouvement, ils s'avancèrent l'un vers l'autre. . . le jeune viking étreignit l'Esprit aussi fort que ses bras fatigués le permettaient, et Jack glissa furtivement ses lèvres sur celles d'Harold, formant une douce question à laquelle celui-ci répondit avec une violence dont il ne se serait pas cru capable.

Poussant Jack contre un mur, il l'embrassa avec toute la fureur qu'il gardait enfouie au fond de lui depuis trop longtemps.

Il remarqua soudain que l'Esprit paraissait littéralement fondre et il s'écarta vivement, apeuré. Devant ses yeux ébahis, la couleur des cheveux de Jack coula comme de la neige liquéfiée, révélant une chevelure brune.

La même chose se produisit pour ses yeux qui passèrent de bleu pâle à marron en quelques secondes.

Soudain, Jack toussa, et se mit à haleter fortement comme s'il avait retenu sa respiration jusqu'à manquer totalement d'air.

-Jack ?! s'écria Harold en se précipitant vers lui.

Celui-ci porta la main à sa poitrine et écarquilla les yeux :

-Mon cœur bat, Harold ! IL BAT !

Le jeune viking posa à son tour sa main à son cœur, sentit un battement caractéristique sous ses doigts et poussa une exclamation de surprise.

-Tu sais ce que ça veut dire ? murmura Jack sans paraître revenir de sa surprise.

-Que tu es. . . vivant ?

L'ex-Esprit sourit et secoua la tête.

-Mieux que ça, je suis vivant grâce à toi !

Des larmes de joie coulèrent le long de ses joues lorsqu'il ajouta :

-Je suis tellement content. . .

Harold était choqué, mais avant qu'il ait le temps de penser ou de dire quoi que ce soit, Jack s'empara à nouveau de ses lèvres, et ils s'embrassèrent tendrement, avant que le jeune viking ne tombe dans un profond sommeil, bercé par la respiration toute nouvelle de son amoureux, allongé contre lui.






Le feu et la glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant