24 juin 1914

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-Par la malpeste ! gronda Nathaniel. Que Dieu nous vienne en aide ou que le diable me maudisse !

-Quoi donc ? le pressa Cauluzac en frémissant sous le blasphème

-L'infirmière a disparue !

Beaux sortit son revolver de sa chemise et le braqua sous le nez d'Isabella, qui poussa un glapissement de terreur.

-Toi ! aboya-t-il. Où est-elle passée ?

-Je... je ne sais pas !

-Je vous ai entendu parler cette nuit ! Où est-elle ?

-Baisse ton arme immédiatement ! ordonna Riziero en s'interposant entre le canon de l'arme et son épouse. Personne n'a le droit de menacer la femme d'un Consigliere de la mafia, et encore moins un misérable Français !

Nathaniel contemplait la scène avec effroi, la peur que quelqu'un ne commette un acte inconsidéré le paralysant.

-Où est Albuman ? parvint-il cependant à articuler

Les deux hommes se tournèrent vivement vers lui, des flammes de colère dansant encore dans leurs yeux. Beaux jura et chargea son arme. Soudain la porte s'ouvrit et Isabella poussa un cri d'effroi en voyant le soldat se retourner promptement pour tirer. Instinctivement, Albuman et Valentina se baissèrent.

-Qu'est-ce que vous foutiez dehors ? hurla Beaux sans ranger son arme. Réponds immédiatement, sale traitre !

-Nous inspections le village pour trouver des vivres ! se défendit Albuman en désignant son sac. Mais qu'est-ce qui t'arrive Henry, nom d'un chien ?

-Nous sommes en mission, pauvre idiot, et tu crois pouvoir te balader comme bon te semble avec un otage ? Qui sont tes supérieurs ? Réponds !

-Mon supérieur est le lieutenant Gaspard Fibronet, rétorqua froidement Albuman, et c'est à lui seul que je dois rendre compte de mes erreurs, soldat Beaux.

Nathaniel sentit la haine qu'avait Beaux envers lui s'accroitre, ce qui n'échappa à personne dans la pièce. L'aîné des soldats rangea finalement son arme dans sa chemise et adressa un sourire un peu ironique à Nathaniel.

-Lieutenant Fibronet, je vous laisse décider quoi faire.

-Levons le camp, nous avons encore un long chemin à parcourir, ordonna-t-il en évitant de le regarder. Dépêchons.

-Des soldats ! s'exclama Valentina en écartant légèrement les rideaux qui obstruaient la fenêtre. Des Autrichiens ! Ils fouillent les maisons !

Riziero jura : il ne manquait plus que l'armée autrichienne se mêle de ses plans ! S'ils étaient arrêtés, il ne pourrait jamais accomplir la mission qu'on lui avait confiée !

-Il ne faut pas qu'ils nous trouvent, souffla le mafieux.

-Depuis quand décides-tu ? le rabroua Beaux

-Rends-toi à l'évidence, stupide Français : que vont-ils trouver ici ? Quatre Français sans autorisation de voyage, et trois Italiens dont deux crieront à l'enlèvement. Et que feront-ils ? Pouf ! Ils nous enverront en prison ou à l'échafaud !

-Sortez par l'arrière ! imposa dans un murmure pressé Nathaniel

L'étrange convoi se faufila par la fenêtre arrière de la masure et s'enfuit, tentant de gagner le plus vite l'abri des arbres, quand un cri retenti derrière eux :

-Au nom de la Couronne d'Autriche-Hongrie, arrêtez-vous !

-Accélérez ! les exhorta Nathaniel

PROJET KOSMOS - 1914Où les histoires vivent. Découvrez maintenant