End Story

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Merci de m'avoir suivi jusqu'ici. Cela n'a pas dû être facile, mais dis-toi que je te l'ai seulement raconté. Tu ne l'as pas vécu avec moi réellement. Imagine la difficulté des choses.

Bon, mon histoire va se terminer ici, je crois. D'un sens, tant mieux. Elle se continuera lorsque j'aurais des nouvelles de cette enquête, et ce qui en suivra dans ma vie. Je n'habite plus dans le nord, je loge chez les parents à David pour le moment. Ils sont comme une deuxième famille pour moi, je les aime beaucoup. Ça change de ces beaux-parents qui m'insultaient de pute et de moche haha !

Il m'est arrivé de me scarifier mais peu de fois durant cette année. Ça fait précisément 1 mois et 22 jours que je ne l'ai pas fait. (Update: réinitialisation du chronomètre). Et oui, le chronomètre peut se réinitialiser n'importe quand, c'est les risques. Ma dernière tentative de suicide remonte à 1 an dirais-je. Je suis toujours perturbée par tout ça et évidemment que je le serais toujours, ma personnalité s'est basée là-dessus et ça fait parti de moi. J'essaye au quotidien d'aller de l'avant. Il y a toujours cette enquête qui traîne, et ça reste le point le plus compliqué actuellement. J'y pense tous les jours sans exception, et les viols aussi. On guéri avec le temps, et il en faut encore. Je reste forte pour Maité, elle fait ma force quotidienne. Aussi ceux qui m'entourent bien sûr, mais j'ai une forte pensée envers elle. 

Il y a aussi pleins pleins de choses que je n'ai pas dites, des détails que je n'ai pas dit non plus, ici se trouve seulement les plus grosses choses de ma vie. J'ai l'impression d'avoir tellement de choses à dire encore, mais malheureusement on est oublie toujours. C'est un peu triste à dire, du coup.

J'ai traversé des épreuves horribles mais chaque épreuve de la vie nous apprend quelque chose, nous fait grandir. C'est une des choses à retenir de tout ça.

Mon monde s'est battit entre les violences physiques, psychologiques, les crimes (car le viol est un crime), la souffrance, le suicide, les scarifications. J'ai été diagnostiqué de dépression, de troubles alimentaires, et de trouble anxieux généralisé. Quand tu es plongé là-dedans depuis toujours, il en est difficile de voir autrement. Mais j'essaye.

Il m'arrive encore d'avoir des pensées suicidaires, des pleurs à n'en plus finir, des fortes envies de scarifications. Les dernières envies remontent à hier (aujourd'hui du coup), ainsi que des pleurs à n'en plus finir, alors que ma journée s'est à peu près bien passée. Tu ne sais pas ce qu'il se passe lorsque je ferme la porte de ma chambre. Les apparences peuvent être trompeuses, sache-le. Le silence tue, plus que tout. Même si mon monde va un petit peu mieux, parfois je me demande si mourir est la meilleure solution. Je me force à me dire que ce n'est pas la bonne solution car je le sais. Mais je te jure que j'essaye de tenir, je le dois, et je le ferais jusqu'au bout, je l'espère.

Et c'est drôle aussi à quel point que quand on me regarde, on en a pas l'impression. Et heureusement en fait. Je te jure que je suis quelqu'un de joyeuse, et je ne vais presque jamais montrer que je vais mal. Et si tu l'aperçois, c'est que ça va vraiment mal, ou que je commence à ressombrer. A chaque fois que je raconte des choses comme ça, les gens me fuient. Je te jure que c'est pas contagieux, et que je suis pas chiante ! J'ai de l'humour, je sais sourire et rire comme toi ! Il ne faut pas que ça installe quelque chose de gênant car c'est vraiment pas le cas. Tout se passe dans la tête finalement.

J'ai toujours eu besoin de l'aide de quelqu'un, c'est passé par ma CPE, des surveillants, des profs. J'avais besoin de quelqu'un au quotidien qui me rassure et qui me dise qu'elle est là si ça va pas. Juste ça me faisait sentir en confiance. Ma plus grande aide s'est envolée pour un monde meilleur, alors c'est sûr que je me retrouve complètement seule. Je parlais avec ma prof de philosophie, mais elle aussi m'a laissé tomber il y a 1 mois de ça. C'est assez dur d'accepter les départs, dirais-je, les abandons. Mais je n'ai pas le choix que de les accepter.

N'hésite pas à demander si quelqu'un va bien, même s'il te ment, l'intention est là et ça nous fait chaud au coeur. Tu peux insister si tu sens que c'est faux, mais si la personne se refroidit, alors arrête et reviens dans 2 heures. Je trouve qu'on ne parle pas assez du bien être mental, et que dire « oui » à la question « ça va » est une réponse automatique. C'est vrai, la plupart du temps on ne dira pas non. C'est un fait de société. Je pense qu'il est aussi important de discuter de sujets sensibles comme ceux que j'ai évoqué, et détruire le silence. Personnellement, on peut me poser toutes les questions possibles sur mon histoire, rien ne me gêne. Tu sais j'ai raconté tout ça à des inconnus filmé et enregistré alors à partir de là, je crois avoir fait le tour des questions haha.
Et si tu vois aussi quelqu'un avec un comportement suspect, suicidaire, à risque, parle-lui, ne le laisse pas seul, même s'il te dit que tout va bien ou qu'il te remballe. Je sais pas, parle-lui, isole toi avec lui pour en parler, et même s'il te remballe, t'aura essayer. Et je te jure que ça fait chaud au cœur de savoir que quelqu'un s'est soucié, à remarquer quelque chose. Car généralement, tout est appel à l'aide. Ça peut être des gestes, des paroles, mais vraiment même des détails. Si t'as un doute, pose la question. Pas grave si tu ne lui demandes pas à la minute près, même le lendemain, mais essaye. Je te dis tout ça pour toi, et pour t'aider à aider les autres finalement. Peut-être que tu n'en auras jamais besoin, mais il est important de le savoir.
Je te parle de tout ça car c'est tout ce que j'ai pu ressentir ou attendre d'une personne. Bien sûr tu fais comme bon te semble, mais je pense que ma solution est pas mal. Attention, tout dépend des personnes après.

Ah et sache une chose, qui est précieuse pour toi comme pour les autres : le silence tue.

J'ai encore envie de te parler mais malheureusement il faut bien que je finisse un jour.

Merci à toi d'avoir lu mon histoire, et même si ce ne sont que des écrits, crois-moi que tout cela a été un combat très compliqué, où j'ai faillit y laisser ma vie plusieurs fois. A voir ce qu'il en deviendra pour la suite de mon histoire.

Aller faut que je te laisse, à bientôt.

Je n'ai jamais vu la lumière du jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant