Chapitre 3

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Pris par surprise, je ne sais quoi dire. Je suis effrayé de savoir qu'elle connaît mon prénom alors que nous n'avons jamais eu une seule véritable conversation. Tout aussi perturbée que moi, elle se tait également.

— Comment ? demandai je enfin.

Elle se mord la lèvre inférieure.

— Avant notre rencontre, il m'arrivait de rêver de toi. C'était plus que des rêves, on aurait dit des souvenirs.

Elle est en bien meilleure forme que moi pour réussir à formuler une phrase sans bégayer dès son réveil et la ressemblance me frappe.

Sa voix est exactement la même que celle qu'avait la jeune femme dans mon rêve. Elle est douce et pourtant je peux sentir sa confiance en elle émaner aussi bien de son corps que de son langage.

— Enfin, c'est insensé.

— Je crois que notre rencontre n'est pas un hasard.

Elle semble persuadée de ce qu'elle dit. Si je n'avais pas un minimum de bon sens, je pourrais la croire. Cependant, nous ne sommes pas dans un conte de fées ni dans un film.

— Tu délires, la chute ne t'a pas laissée indemne. Tu devrais te reposer.

— Tu me prends pour une folle ? me demande-t-elle brusquement, comme choquée par mes propos.

Nous sommes interrompus par l'arrivée de l'infirmière à qui j'avais demandé d'aller me chercher une collation.

En voyant Adelya réveillée, elle n'hésite pas une seule seconde pour prévenir ses collègues et revenir vers elle précipitamment suivie par deux infirmiers. Ils lui tendent immédiatement le verre d'eau qu'elle se dépêche de boire et commence à se faire questionner pire que lors d'un interrogatoire.

Ils ne prêtent plus aucune attention à moi et voyant une barre chocolatée posée sur un meuble, j'en profite pour la prendre et m'éclipser.

Quittant la pièce difficilement dû à ma chaise roulante, je sens tout de même son regard lourd de reproches et accusateur peser sur moi.

Néanmoins je n'y prête pas attention. Les couloirs sont de nouveau vides comme avant. L'horloge que je vois accrochée au mur me montre pourquoi, il est midi légèrement passé. Tout le monde est parti manger.

Après avoir eu l'impression de réaliser un parcours remplit d'obstacle, j'arrive enfin dans ma chambre. Je constate, sans trop grande surprise, qu'un plateau repas m'attend sur la table de chevet. Ma barre chocolatée me servira de seize heures.

Je m'installe à la table devant mon lit et commence à manger par automatisme tant je suis perdu dans mes pensées. Mon pied tape de plus en plus vite sur le sol, la nervosité me gagne et je ne cesse de me remémorer les paroles d'Adelya et ce rêve. Je n'ai désormais plus aucune envie de croiser son chemin, elle est complètement folle.

Je me relève brusquement, me dirige à cloche pied vers la droite de mon lit et appuie sur le bouton servant à appeler les infirmiers. Je viens d'appeler depuis quelque secondes, je m'impatiente déjà envahi par l'effervescence des événements et je m'acharne sur le petit bouton. La même infirmière qui était venue me donner l'antidouleur arrive, la mine inquiète par tant d'agitation de ma part.

— Que se passe-t-il ?

— Je veux rentrer chez moi.

Elle fronce les sourcils en entendant mon ton dur et ferme et comprend que je ne suis pas dans mon état normal.

— C'est impossible pour le moment. Vous devriez rester coucher, il est mauvais pour vous de vous agiter ainsi. Vous risqueriez d'ouvrir vos plaies, elles n'ont pas encore cicatrisé.

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant