Chapitre 10

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D'un air est menaçant et déterminé, il ne tremble pas car ce n'est certainement pas la première fois qu'il fait ça. Il est envahi de poussières, de la tête au pied, ses vêtements sont déchirés, son pantalon est troué et ses chaussures lui tiennent à peine aux pieds tellement elles sont abîmés. Il a de multiples plaies et cicatrices sur le visage, ses yeux sont si noirs qu'on pourrait y apercevoir les ténèbres. Ses cheveux sont noircis mais il est impossible de savoir si c'est à cause de la crasse ou si c'est sa couleur naturelle. Loana me regarde de ses deux perles brunes illuminées par la peur et la crainte.

— Ne t'approche pas ! crie-t-il, la voix grave.

J'aimerais lever les mains en l'air pour lui montrer que je ne possède rien qui pourrait lui nuire, mais malheureusement mes béquilles m'en empêche. Et finalement, un bon coup de béquille dans la figure pourrait assommer n'importe qui.

Je ne vois pas Adelya arriver et je comprends qu'elle a préféré rester en retrait au vu de ce qu'il se passe. C'est sûrement la meilleure chose à faire dans ce cas-ci. S'il la voyait arriver il pourrait décider d'appuyer son couteau sur la gorge de ma sœur et le risque n'en vaut pas la chandelle.

— Lâche là ! criai-je.

— Elle me doit de l'argent et elle ne partira pas d'ici tant qu'elle n'aura pas payé sa dette !

Ce serait son dealer alors ? Il n'a pourtant pas l'air de rouler sur l'or.

— Combien est-ce qu'elle te doit ?

— Beaucoup trop. Un gamin comme toi n'aura jamais ce que je demande. Et maintenant, c'est hors de question que tu sortes d'ici, j'ai pas envie que les keufs se ramènent pour cette pétasse qui ne manquera à personne.

— C'est ma sœur, espèce de sale merde ! m'emportai-je.

Il fait une légère pression sur son cou et un gémissement de douleur sort de sa bouche tandis que je vois de fines gouttelettes de sang dégouliner jusqu'à son t-shirt. Je grince des dents. Pendant quelques secondes, l'idée m'est venue qu'Adelya pourrait appeler la police de sa cachette, mais je me rends compte que c'est une terrible idée car Loana serait aussi arrêté. Nous sommes coincés.

— Essaye encore de m'insulter et je te garantis qu'elle ne sera plus de ce monde.

— Je pourrais peut-être te donner l'argent qu'elle te doit.

Il me regarde avec méfiance et je sais bien qu'il n'a strictement aucune raison de me faire confiance mais c'est notre seule chance de nous en sortir sans l'intervention de la police ou de la mort de quelqu'un. Il réfléchit un instant.

— 200.

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive et vois à la tête de Loana qu'elle veut protester sans prendre le risque de le faire. L'idée me vient qu'il profiterait de la situation pour augmenter le prix et se faire un peu plus d'argent sur notre dos. Peu importe, on n'a pas le choix. Je n'ai pas d'argent sur moi mis à part quelques pièces et je me souviens ce que m'a dit ma coéquipière tout à l'heure. C'est elle qui a payé le taxi et je suis persuadée qu'elle a encore de l'argent sur elle.

Devinant qu'elle est cachée dans la pièce où on était auparavant, je tente un subterfuge :

— Je n'ai que quelques pièces dans mes poches que je peux vous donner maintenant et il me reste de l'argent dans mon sac que j'ai laissé dans l'autre pièce. Alors si vous me laissez y aller je pourrai vous donner ce que vous voulez.

— Je viens avec toi, dit-il sans la moindre hésitation. Je n'ai pas envie que tu en profites pour appeler de l'aide.

Je déglutis et réfléchit à une solution pour que l'on puisse s'en sortir. N'ayant pas de sac, l'excuse que j'ai trouvé ne tiendra pas longtemps. Afin de gagner du temps, je lui propose :

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant