Chapitre 12

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Kathleen Rozlen

Appuyée contre la commode de la cuisine, une tasse de café chaude et fumante dans mes mains, je sens mes yeux brûlants sous la fatigue et des poches de trois tonnes qui doivent arborer des couleurs bleues et noires. J'écoute la radio d'une oreille sourde que j'ai allumée par espoir qu'elle arrive à me réveiller et m'appuie à l'aide d'une main sur l'armoire pour éviter de m'écrouler la tête la première sur le sol. J'ai mis un réveil pour une raison inconnu durant une journée de repos alors que le soleil n'est même pas encore en train de se coucher. J'ai beau réfléchir, je n'ai aucun souvenir de pourquoi j'ai fait ça.

En pleine réflexion, je n'entends pas mes enfants arrivés main dans la main. Croyant d'abord que je rêve éveillée, je secoue la tête et boit une grosse gorgée de mon café noir. Je les regarde de nouveau et constate que c'est bel et bien la réalité.

— J'ai raté quelque chose ? demandai-je.

Je dévisage ma fille qui arbore une expression angoissée, au point où elle serre tellement fort la main de mon fils que celle-ci blanchit. Je baisse les yeux sur le plâtre de Noam et j'ai soudain une illumination.

— Ton plâtre on doit l'enlever dans 30 minutes à l'hôpital ! m'exclamai-je brusquement.

Cette prise de conscience me surprend tellement qu'elle finit par me donner l'énergie nécessaire pour ne pas m'effondrer de nouveau dans mon lit et rejoindre les bras de Morphée. Je constate qu'aucun des deux adolescents en face de moi ne bouge d'un poil et j'arrive même à voir le regard insistant que jette Loana à son frère qui est mal à l'aise sans que je comprenne pourquoi. J'aurais cru que cette nouvelle l'aurait enchanté vue à quel point sa jambe a été un handicap pour lui ces quatre dernières semaines, mais il semble tout à coup mal à l'aise. Tandis que je me suis redressée avec précipitation, prête à bondir dans mes vêtements. Pour m'habiller, me maquiller afin d'enlever les marques de la fatigue et me coiffer, il me suffirait de quinze minutes en plus des quinze minutes de route pour arriver à l'hôpital où je travaille, on serait tout juste à l'heure.

— Maman, Loana devait t'annoncer quelque chose d'important et d'urgent en ce qui la concerne.

— Ça ne peut pas attendre ? Déjà que tu as eu un plâtre pour une raison qu'on ne connait toujours pas aujourd'hui, ce serait bien qu'on te l'enlève vite pour tous se faire croire après que ça n'est jamais arrivé.

Son air sérieux et gêné ne le quitte pas malgré ma plaisanterie. Loana se tourne vers lui.

— Va te faire enlever ce fichu plâtre et dès que tu rentres on lui dit tout d'accord ?

Noam inquiet, n'a pas l'air convaincu par ses propos et se trouve dans une profonde réflexion.

— Je te promets que rien ne se passera en une heure, le rassure-t-elle d'une voix remplie de sous-entendu qui me fait froncer les sourcils.

Il acquiesce lentement et se tourne vers le frigo pour prendre sa béquille qui lui manque en lâchant la main de sa sœur avec dépit.

— Je suis déjà prêt, me dit-il sans enthousiasme.

Je suis consterné par leurs comportements.

— Loana peut venir avec nous si vous voulez. Elle n'aura qu'à me dire ce qu'elle a à me dire quand on attendra dans le couloir que tu te fasses enlever ton plâtre.

Ma première phrase les fait sourire tandis que ma deuxième semble donner des vertiges à ma fille.

— On-on verra bien là-bas, bégaye soudainement Loana d'une voix que je ne lui connaissais pas, éprise par la panique.

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant