Chapitre 14

9 1 0
                                    

Noam Dellister

— C'est hors de question que j'aille mettre ma fille dans un centre de désintoxication pour mineur ! C'est un endroit pour les toxicomanes et cela n'a jamais aidé personne !

Je hausse exagérément des yeux tandis que notre mère gesticule dans tous les sens autour de la table de la salle à manger.

— Maman, c'est pour son bien. Elle a besoin d'un soutient professionnel.

— Ils ne s'occuperont pas correctement d'elle !

Cela fait trente minutes que la dispute a éclaté et j'ai cru, lorsqu'elle nous a déclarée être prête à nous écouter, que pour une fois, on pourrait avoir une discussion semblable à celle que pourrait avoir trois adultes normaux. Je me suis visiblement trompé. Loana garde toujours la tête baissée et je constate avec surprise qu'elle contracte de plus en plus les poings, ce qui ne lui ressemble pas. Je soupire alors que notre mère continue de vociférer en gesticulant et en formulant des phrases parfois incompréhensibles. Je trouve cette situation plus ridicule que dramatique. Il n'y a pas moyen qu'elle soit sérieuse même lorsque l'on parle de l'avenir et de la santé de sa fille ?

— Ça suffit maintenant ! s'exclame Loana en se relevant d'un coup et en tapant son poing sur la table, me faisant sursauter.

Maman se stoppe soudainement et s'immobilise en la fixant.

— Je ne suis pas un jouet avec qui on fait ce que l'on veut, on parle de mon futur et je pense savoir un minimum ce qui est le mieux pour moi tout comme vous deux. Et le mieux pour moi serait de me placer là parce que je sais que sans des gens compétents, je ne pourrais pas m'en sortir. Et pour ta gouverne maman, oui je suis moi aussi une toxicomane.

Son ton ne laisse pas discuter. Les épaules de l'adulte de la pièce s'affaissent et elle soupire mollement avant de s'incliner.

— Tu as sûrement raison. Parfois j'ai l'impression que vous vous comportez plus en adulte que je ne serais jamais le faire. On va essayer de te trouver le meilleur centre de désintoxication pour te placer et on sera là dès que tu en auras besoin.

Le soulagement est général et je suis content qu'on ait enfin trouvé un terrain d'entente. Je sais que c'est désormais à mon tour de me lancer.

— Je pense en avoir déjà trouvé un. Il m'a l'air plutôt bien, on pourrait peut-être aller y jeter un œil.

Je sens qu'elles ne sont pas trop étonnées que j'aie déjà fait des recherches et je me demande si je suis aussi prévisible que ça.

— C'est ouvert à partir de quelle heure ? demande ma petite sœur.

— Tu veux déjà y aller maintenant ?

Je sens maman beaucoup plus inquiète que Loana. Je ne laisse pas le temps à ma sœur de répondre et réplique :

— Dans mes souvenirs, c'était à partir de dix heures. Mais on peut toujours passer un coup de fil avant.

Tout le monde semble du même avis, je me permets donc de sortie le bout de papier que j'avais glissé hier soir dans ma poche et commence à taper le numéro de téléphone que j'avais trouvé en dessous du nom de la rue.

Le téléphone se met à sonner pendant si longtemps que je pense tomber sur la boîte vocale jusqu'à ce qu'une voix féminine et sérieuse se fasse entendre au bout du fil :

— Bonjour, que puis-je faire pour vous aider ?

— Bonjour, j'aimerais avoir quelques renseignements. Je suis un jeune homme de dix sept ans et ma mère et moi aimerions placer ma petite sœur dans un centre de désintoxication, avec son accord bien-sûr. Avant cela, on voudrait savoir s'il est possible de visiter votre établissement, de savoir un peu comment cela se passe chez vous et peut-être de rencontrer le directeur si c'est possible ?

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant