Chapitre 17

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Noam Dellister

Je crois qu'on est restés des heures couchées sur ce sol dégueulasse, elle avait ses jambes emmêlées aux miennes, ses doigts entrelacés aux miens puis parfois elle tournait sa tête et elle me regardait avec son splendide sourire rayonnant avant de continuer à regarder le ciel grisonnant qui menaçait de nous donner une bonne douche bien méritée d'une seconde à l'autre. J'aurais aimé que ça ne s'arrête jamais. Le temps avait l'air suspendu, ou alors il continuait de passer sans nous. J'avais sa place à côté d'elle et elle, avait sa place à côté de moi.

Puis d'un coup mon téléphone a commencer à sonner et le temps a sembler reprendre soudainement son court. J'aurais aimé le prendre et le balancer contre un arbre ou l'écraser avec mon pied pour être sûr qu'il ne nous dérange plus jamais, mais je savais au fond de moi que je n'avais pas le choix de répondre. C'était ma mère qui me conjurait de lui dire où j'étais et apparemment, elle m'avait envoyé plusieurs messages que je n'avais même pas vus. Quand je lui ai dit que j'étais avec Adelya, elle a prétendue que je l'ignorais pour pouvoir me bécoter et qu'elle n'acceptait pas ce comportement-là de ma part. Je n'ai pas eu le temps de me justifier qu'elle avait déjà coupé l'appel. J'ai soupiré et j'ai entendu le rire cristallin de Adelya qui a fait réagir mon cœur au quart de tour. J'ai eu l'impression de découvrir une nouvelle face d'elle désormais. Elle m'a automatiquement donné le sourire et sans même que j'ai eu besoin de dire quoi que ce soit, elle s'est relevée, a tendu ses mains pour que je les attrape et m'a tirée pour que je me relève, ce que j'ai fait sans envie.

Et maintenant, on marche dans la main l'un de l'autre en direction de la route, je n'arrête pas de la regarder et quand elle me surprend, je tourne immédiatement le regard et je la vois directement sourire du coin de l'œil. Mon cœur bat la chamade et j'ai pleins de frissons dans la main à sentir ses doigts entrelacés aux miens. Nous commençons à voir la route se dessiner et je pense déjà voir la voiture de ma mère en train de m'attendre, je serre sa main dans la mienne un peu plus fort. Je ralentis le pas ce qui n'échappe pas à Adelya.

Elle me force à m'arrêter et à la regarder ce que je fais. Elle passe sa main sur ma joue, approche son visage du mien et me donne un baiser qui me provoque mille et une sensations. Je l'appuie un peu plus contre moi avec un peu d'hésitation, n'ayant pas la même franchise qu'elle. Elle s'écarte un peu et me communique toute sa tranquillité avec son regard avant que l'on reprenne le chemin tous les deux. Nous cessons de nous tenir la main peu de temps avant de rentrer dans le champ de vision de ma mère, n'étant pas encore prêt à ça, aucun de nous deux.

Nous échangeons un dernier regard rempli d'amour et je m'en vais, le baume au cœur. Je rentre dans la voiture de ma mère qui crie en voyant mes vêtements sales et boueux, je m'excuse avec un sourire gêné et elle ne pipe plus un mot jusqu'à la maison.

***

Loana Dellister

Ma mère et mon frère sont déjà partis depuis un moment maintenant. Le temps passe et je reste accroupis dans mon lit, inerte. Une femme qui doit sûrement travailler ici est rentré dans ma chambre avec un sourire bienveillant que je me suis gardée de lui rendre pour me prier de venir dans la cafétéria afin de manger car il est déjà midi. Je lui ai rétorqué que je n'avais pas faim et ma réaction et encore moins ma réponse n'a semblé la surprendre. Elle a dit que ce n'était pas grave et qu'elle repasserait plus tard. J'espère de tout cœur qu'elle ne le fera pas.

À côté de mon bureau, est perché au mur une horloge dont les aiguilles me rendent folles. Elles sont si lentes et chaque seconde passée ici me brise un peu plus. Le moindre bruit me fait sursauter et je ne cesse de regarder autour de moi comme si on allait me sauter au cou afin de me tuer ou je ne sais quoi d'autre. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir encore une certaine rancœur lorsque je pense que je n'aurais jamais fini ici si on ne m'avait pas laissé à la garde de mon père. Puis juste après, j'essaye de me répéter que ça ne sert à rien d'avoir ce genre de pensées.

Le temps du destin (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant