chapitre ii

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Il ne se passa rien pendant un moment

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Il ne se passa rien pendant un moment. Sage recula d'un pas, par prudence, au cas où la magie du sanctuaire déciderait de s'en prendre à lui. Il n'avait pas oublié la fois où il avait entendu aux informations l'histoire tragique d'une jeune fille qui était entrée par effraction sur le territoire d'une sorcière vindicative.

Les policiers n'avaient trouvé qu'un orteil.

Heureusement, aucune malédiction ne s'abattit sur Sage. À la place, des clés tintèrent et le lourd battant pivota, dévoilant le plus bel homme que Sage n'avait jamais rencontré.

OK, il exagérait peut-être, mais il se retrouva complètement subjugué, incapable d'émettre le moindre son tandis qu'il observait des pieds à la tête l'inconnu.

Le jeune homme – car il ne devait être guère plus âgé que Sage – avait la peau couleur miel et des joues roses, telle une poupée de porcelaine. Ses cheveux blonds retombaient en des boucles légères sur son front, effleurant presque les longs cils noirs qui encadraient des yeux sombres, semblables à du café moulu. Il portait du maquillage, un fard irisé et une touche de pêche sur ses lèvres.

Les garçons – les humains, en tout cas – que Sage fréquentaient ne se maquillaient jamais. C'était une activité qui appartenait aux filles et aux membres de la communauté magiques. Pour certains humains, être comparé à l'une de ces deux catégories était une insulte à leur honneur.

Sage, lui, se contenta de déglutir, perturbé par sa réaction. Reprends-toi, le sermonna une voix intérieure qui ressemblait étrangement à son grand-père.

L'inconnu croisa les bras sur sa poitrine. Malgré la chaleur qui imprégnait déjà l'air, il portait un léger cardigan sur un T-shirt blanc. Ses pieds étaient nus contrairement à ses doigts, chargés de lourdes bagues en argent et de joyaux étincelants.

Il se dégageait de lui un parfum presque entêtant de fleurs sauvages et de savon. Les dents de Sage se mirent à trembler et son estomac se noua. Son instinct lui soufflait de rester sur ses gardes et de se faire tout petit, ce qui n'était guère compliqué étant donné qu'il se sentait insignifiant. Comme un grain de poussière dans l'univers. Il ignorait pourquoi, en revanche, surtout que l'inconnu se contentait de lui sourire poliment.

— Je peux t'aider ? demanda-t-il.

Bordel, même sa voix est charmante. Elle était plus aiguë que la sienne, presque musicale, et Sage était prêt à parier qu'il devait avoir du sang de fée en lui.

Sage mit un moment à enregistrer les mots de l'inconnu. Un peu trop longtemps, à en croire l'expression amusée qui se dessina sur son visage, retroussant le coin de ses lèvres pleines et faisant pétiller ses yeux.

Sage était amoureux.

Il se força à se secouer et à reprendre le contrôle de son cerveau, qui lui paraissait complètement embrumé.

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