chapitre vi

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Cecil traîna Sage jusqu'à l'extrémité du jardin, auprès d'un vieux saule pleureur qui rappelait à Sage celui mentionné dans les instructions menant au sanctuaire

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Cecil traîna Sage jusqu'à l'extrémité du jardin, auprès d'un vieux saule pleureur qui rappelait à Sage celui mentionné dans les instructions menant au sanctuaire. Le sorcier leur fraya un chemin à travers les branches basses et ils s'installèrent à même le sol. À travers le feuillage, Sage apercevait les premières fourrées de la forêt.

Cecil suivit son regard.

— Tu ne peux pas sortir du sanctuaire par la forêt. C'est une barrière, une illusion. La seule porte est le purgatoire.

— Admettons que tu doives t'enfuir en vitesse, mais que le purgatoire est inaccessible. Que fais-tu ?

Cecil haussa les épaules, comme s'il ne s'était jamais vraiment posé la question, ce qui était probablement le cas. Les sanctuaires étaient réputés pour être des lieux sécurisés et presque impossible à attaquer. Hopewell ne devait pas faire exception, et sa localisation – au beau milieu de la forêt, sur les terres du Petit Peuple, où la magie était la plus forte dans la région – était un avantage à ne pas nier. 

— Je suppose que je serais capable de me frayer un chemin à travers les protections. C'est un niveau de magie très avancée, très offensive. Ce n'est pas vraiment mon style.

Sage était persuadé que c'était plutôt celui de Rune. Il ignorait si le jeune homme était un sorcier, n'avait guère envie de le savoir, mais il était certain que la fabrication de potions et le jardinage ne faisaient pas partie de ses passions.

Le poids des paroles de Cecil frappa Sage avec un temps de retard.

— Est-ce que cela veut dire que je suis coincé ici ?

— Pas vraiment. Tu peux t'en aller quand tu veux, le sanctuaire t'ouvrira la porte, mais je préfèrerais vraiment que tu restes. Ce n'est pas pour paraître égoïste, c'est pour ton propre bien. Mais d'abord, mangeons.

Cecil avait emballé le dîner dans des Tupperwares. Il tendit à Sage des couverts et ils mangèrent à même les boîtes, s'essuyant la bouche et les mains sur des serviettes en papier. La nourriture était délicieuse. Sage ignorait à quel point il avait faim, et ne s'en rendit compte que lorsque sa cuillère heurta le fond de l'assiette en plastique.

Malgré tout, il était distrait, préoccupé par la discussion que Cecil ne cessait de repousser.

Le sorcier semblait lui-même tracassé. Le poids de sa dispute avec Rune, la compagnie impromptue de Sage, et probablement mille et un autres problèmes devaient l'occuper. Il joua avec un morceau de viande et grignota un peu de pain pour donner le change. Sage ne commenta pas son manque d'appétit. S'il avait été égoïste, il se serait réjoui ; cela en faisait plus pour lui. Mais il avait terriblement conscience de tout ce que Cecil avait déjà fait pour lui, même s'ils ne se connaissaient pas, et que le sorcier ne lui devait rien ; il avait l'impression d'abuser de son hospitalité.

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