chapitre iii

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Le retour à la réalité fut violent

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Le retour à la réalité fut violent.

Le beau temps de juin avait laissé place à un orage que personne n'avait prévu, et Sage retourna à la voiture sous une pluie battante qui infiltrait même son imperméable. Il rentra en ville en frissonnant, le chauffage défectueux de son pick-up poussé à fond.

Il savait qu'il aurait dû aller voir son grand-père mais il n'avait pas le cœur de lui annoncer son échec. Son grand-père ne lui en tiendrait pas rigueur, jamais, mais cela n'empêchait pas Sage de s'en vouloir.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû partir. Peut-être qu'il aurait dû rester dans la petite maison qui embaumait la sauge et la lavande et laisser Cecil lui préparer le remède contre la corruption. Il avait même emmené avec lui un échantillon du sang de son grand-père, au cas où, et pour quoi ? Pour rien. Pour que Sage s'enfuit sans demander son reste, juste parce qu'il était vexé.

Il se maudit durant tout le trajet, incapable d'écouter la petite voix qui lui murmurait qu'il avait fait la bonne chose. Il n'était pas conseillé aux humains de consommer des produits magiques, encore moins quand ils avaient été préparés par un sorcier qui avait fait preuve d'intolérance. Jamais Sage n'aurait eu confiance en l'antidote de Cecil, et il n'aurait pas laissé son grand-père le boire. Ce dernier n'aurait pas accepté non plus. Il n'avait pas survécu aussi longtemps sans une bonne dose de jugeotte et le don presque surnaturel de deviner quand quelqu'un lui mentait. Sage n'aurait pas été capable de lui dissimuler la vérité, non pas qu'il l'aurait voulu.

Mais il ne pouvait pas éviter le problème indéfiniment non plus. De retour dans son petit appartement, il prit une longue douche chaude et enfila des vêtements propres et secs. Par réflexe, il alla se préparer une tasse de thé, mais s'interrompit quand il se rendit compte de son geste.

Il pouvait encore sentir le thé de Cecil dans le fond de sa gorge et il ne put résister au désir puissant de se laver les dents et de se faire un bain de bouche.

Il se lova ensuite dans son petit canapé défoncé, un ressort lui rentrant dans le dos, son téléphone à la main. Il ne trouva le courage d'appeler son grand-père qu'après avoir regardé pendant un long moment les gouttes de pluie faire la course sur ses carreaux.

Son grand-père décrocha à la deuxième sonnerie.

— Sage ? Mon garçon ! Je croyais que tu partais toute la journée, je n'attendais pas ton appel.

Cela semblait être un bon jour pour Henry Baker. Sa voix était stable et sa respiration fluide. Il semblait heureux, enjoué, et cela arracha un sourire à Sage.

— Salut, grand-père. Je viens de rentrer.

— Il n'est même pas quinze heures pourtant, s'étonna Henry.

— Oui. Je... Ça ne s'est pas passé comme prévu.

Il y eut du bruit de l'autre côté de la ligne, comme si son grand-père s'installait confortablement. Il était probablement sur son fauteuil devant la télévision, ayant été chassé de sa petite terrasse par le mauvais temps.

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