chapitre 12

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Le pub se situait dans le quartier le plus mal famé de la ville. Je ne savais pas pourquoi il avait choisi cet endroit. Quoique la dernière où  nous nous étions vus au night-club, l’ambiance était un peu la même. C’était sombre, enfumé, avec des personnes qui empestaient l’alcool bien qu’ils soient à deux mètres. Toutes ces odeurs de transpiration, d’alcool et de fumée, m’étourdissaient agréablement. Je cherchais Tyler des yeux, et je l’aperçus au bar avec une clope à la main, l’air préoccupé. A côté de lui, une fille blonde tentait d’engager la conversation, sans succès. Il lui répondait sans la regarder en sirotant les gorgées de son gin tonic. Il tapotait nerveusement ses doigts sur le bois vieilli. Un moment, il se retourna vers elle et lui chuchota quelque chose à l’oreille. Elle sembla vexée et partit rapidement du pub. Son visage avait quelque chose d’humilié. Je passai une main dans mes cheveux et m’approchai de lui.

-Hey, c’est Eden.

-Salut, grommela-t-il. Assieds toi, à moins que tu ne veuilles rester debout.

Il désigna le tabouret en cuir à côté de lui.

-Ca va ? , demanda-t-il. Tu voulais juste me revoir ou il y autre chose ?

-Les deux.

-J’en suis ravi, répondit-il, levant les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’il se passe ? Dis-moi que t’es plus avec ton copain, et un sourire malicieux apparut sur son visage.

- C’est vrai je ne suis plus avec mon copain.

- Et t’as besoin de l’oublier ?

-Je ne suis pas venue pour ça, Tyler.

Une moue de déception apparut sur son visage. 

-Quoi alors ?

-J’ai un enfant. 

-Ah mais c’est super !

- Tu es le père…

Il  faillit recracher son gin tonic de surprise.

- Quoi ? Mais on a couché une  seule fois ensemble ! Comment c’est possible ? Merde, merde ! Tu l’as gardé ?

Il prit la tête dans ses mains, essayant de réaliser ce qu’il se passait.

-Bien sûr que je l’ai gardé. Parce que je croyais que c’était le fils de mon copain, pas le tien.

- J’aurais, on aurait dû faire plus attention, cette nuit là. On était complètement bourrés. Tu étais tellement jolie, j’ai pas pu, ce qu’on a fait est mal. Tu me faisais tellement penser à elle.

- Qui ça elle ?

-C’est compliqué, je sais pas quoi te dire.

-Est-ce qu’au moins tu vas reconnaître l’enfant ?

- Il faut que je réfléchisse, mais je pense oui. Je vais pas te laisser comme ça. Mais c’était juste un soir, Eden.

-Je sais, c’était une erreur.

-Nan ce n’était pas complètement une erreur.  J’ai passé une des plus belles nuits de ma vie, dit-il et il passa une main sur ma joue.

 J’eus envie de l’embrasser, et je me plongeai dans ses yeux verts, avant que je détourne les yeux et lui aussi, avec regret.  Tyler était troublant, très beau, mais j’aurais donné presque n’importe quoi pour que Caleb soit en face de moi, même dans ce pub un peu glauque.  Je tentai de lui sourire mais mon étirement de lèvres se finit en grimace amère. Je devinai que si je ne sortais pas de ce bar dans les cinq minutes qui venaient, j’allais m’effondrer devant lui.

-Je crois que je vais y aller, lui dis-je.

-A plus, Eden.

Je me sentais mal, j’avais des vertiges, quand je rentrai à la maison. Les lumières de la route m’apparaissaient comme des taches de couleurs, qui se confondaient, se mélangeaient. Je ne devais pas pleurer. Pas maintenant. Je devais aller coucher Théo avant. Théo était ma priorité. Je serrai les dents et plantai mes ongles dans le volant de ma voiture.

J’avais couché Théo, c’était fait. J’entrepris de me démaquiller avec le coton posé sur l’étagère, mais mes mains tremblaient. Je souris à la glace, mais ce sourire se termina en grimace affreuse. Le pli de ma bouche s’affaissa et  des larmes coulèrent, en silence. Le seul problème, c’est qu’elles ne s’arrêtaient pas. Il me fallait un remontant pour oublier et m’abrutir. Je m’installai sur le canapé, et me servis un verre de vodka, puis deux, puis trois. J’allai beaucoup mieux, mais j’avais encore mal. Pourquoi ça faisait aussi mal ? Pourquoi j’étais une pauvre fille qui couchait avec n’importe qui, sur un coup de tête ? Putain j’étais vraiment conne, j’avais vraiment merdé. Je pris ma tête dans les mains. J’entendais Théo pleurer, il devait sans doute avoir faim. Cependant,  je ne pouvais pas bouger, je me sentais faible, sans défense, et surtout, sans personne à qui me raccrocher.  Je pensais à ma sœur. Si elle avait été là, tout aurait été différent. Une autre douleur s’ajouta au creux de ma poitrine. Je pleurai non seulement Caleb, mais aussi ma sœur. J’étais égoïste, il fallait que je me reprenne. Théo avait besoin de moi. 

On a toujours le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant