chapitre 20

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Caleb était parti. Je ne savais pas ce qu'ils allaient lui faire et j'espérais qu'ils n'allaient pas lui faire de mal. Il allait sûrement rendre ces services dont il m'avait parlé à cause de ses dettes.

Je ne pleurai pas. Finalement, j'étais trop choquée pour ça. Il avait essayé de se tuer, j'avais réussi à l'en empêcher, mais je n'avais rien pu faire quand ils étaient venus. Je me sentais impuissante, j’avais peur, pas pour moi, mais pour Théo. J’avais peur qu’ils reviennent. Je me demandais d'ailleurs comment ils avaient su où j'habitais et que Caleb était là-bas.

Je savais que ça ne servait à rien et qu'il n'allait pas le voir, mais pour me donner bonne conscience, je lui envoyai un texto : "Je suis désolée Caleb, rappelle-moi quand tu peux, je pense à toi."
Il est vrai que je n'avais pas à m'excuser, mais je ne savais pas quoi dire d'autre.

Tout ce bruit avait réveillé Théo et ça faisait maintenant bien 5 minutes qu'il hurlait à en cracher ses poumons. J'allai vite le consoler, lui donnai la tétée et le câlinai doucement. Je mis son berceau dans ma chambre afin de l’avoir sous mes yeux. Je le regardai s’endormir doucement, et je m’endormis à mon tour.
Je me réveillai tranquillement. Théo avait été gentil, il n'avait pas pleuré cette nuit. Je ne tardai pas à me préparer car je devais être pour 14h au palais de justice pour le procès dont j'avais étudié le dossier, dans le cadre de mon stage.

Tout le monde étant en cours, je partis sonner chez la vieille voisine du dessous pour qu'elle vienne garder Théo. Elle accepta gentiment et je l'en remerciai.


Je courus à la voiture et démarrai en catimini.
J'arrivai à l'heure, et Maître Dewen qui m'attendait impatiemment me fit remarquer que je devais m'habituer à arriver plus tôt. Je m'excusai, il me sourit doucement et nous rentrâmes dans la salle.

Elle était déjà bien remplie et en face de moi se situait l'avocat de l'accusé et ce dernier. Maître Dewen était chargé de défendre Danielle Steel, la victime. La jeune fille se situait derrière nous, elle semblait perdue, un peu apeurée et observait autour d'elle de ses yeux bleus, de manière saccadée.
Ses cheveux roux ondulaient sur ses épaules; elle était très jolie.

L'audience commença par un débriefing de l'affaire par le juge. Puis la parole fut donnée à l'avocat de l'accusé qui débattit pendant 20 minutes sur le pourquoi du comment des actions et intentions de Mr. Witson. Vint ensuite le tour de Maître Dewen, que j'écoutai avec attention. Il contra tous les arguments de son collègue avec finesse et dextérité, et je l'admirais pour ça, pour la qualité de son travail et son talent dans ce domaine.

Il parla de l'histoire de cette jeune fille. Apparemment, d'après le premier avocat et Maître Dewen, elle aurait été trouvée par Mr. Witson, évanouie sur le bord d'un chemin, seule. Il l'aurait donc emmenée avec lui, s'en serait occupé et en aurait profité pour renflouer son marché. Il ne l'aurait pas violentée, mais vendre son corps était un acte vraiment ignoble. Et ça me rappelait ma sœur, Mary, qui avait disparu de la plage... Et si on l'avait enlevée ? Mais dans quel but ? Son cœur ne battait plus... Ces pensées me trottaient dans l'esprit et me déconcentraient, je tentai alors de les balayer.
Ce procès était fort intéressant mais également très perturbant.
Je ne savais pas si le métier d'avocat me conviendrait, mais ce qui était certain, c'était que je voulais me diriger dans le domaine du droit, et j'étais ravie que ce stage ait confirmé ma vocation.

J'avais essayé de rester concentrée durant tout le procès mais cela avait été difficile car ce fut long, plus particulièrement les énonciations de nombreuses lois. Au final, l'accusé, Mr. Wilson, a été déclaré coupable et condamné à 5 ans de prison.

En sortant du palais de justice, je parlai un peu du procès avec Maître Dewen et le félicitai de son discours très bien élaboré.

- Je vous raccompagne ?
- Je suis venue en voiture, je vous remercie.
-Très bien, je vous ramène à votre voiture, donc.

Il posa sa main derrière mon dos et m'accompagna sur les 50 mètres qui séparaient le palais de justice et ma voiture.

Ce geste me procura une sensation étrange mais je ne réagis pas. Je pensai alors à Caleb, puis à Tyler. Il était si simple de succomber à la tentation.

On a toujours le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant