chapitre 18

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Je le vis la tête entre les genoux, à pleurer. Il m'avait fait trop de mal, j'avais pris la bonne décision, me persuadai-je. Soudain, je vis passer une ombre sur sa tempe. Instinctivement, je hurlai son nom :

-CALEB !! NON !

Je me précipitai vers lui, et me plantai devant lui :

-Pose. Cette arme, réussis-je à dire, la voix tremblotante.

Il baissa lentement son arme, les yeux rivés dans les miens.

Je m'écroulai dans ses bras, en sanglotant et il enroula ses bras autour de moi. Son corps tressautait sous le mien.

-Pourquoi tu ... Je comprends pas, commençai-je, ma main lui caressant le dos d'un geste qui se voulait apaisant.

Il ne répondit pas, gardant ses dents serrées.

-Dis moi Caleb, dis moi pourquoi.

-Parce que je je t'aime. Parce que je suis égoïste.

Je ne pus pas lui répondre que non, il ne l'était pas, parce que c'était faux. Alors je sortis un piteux :

-Il y a pire que toi.

Je m'impressionnai, j'avais vraiment les mots pour le réconforter. Quelle idiote !

-Il y a toujours pire.

- Qu'est-ce qui te fait dire que tu es égoïste ?

- Je joue.

-Quoi ?

-De l'argent.

-Sans blague. Je pense que j'avais deviné. Je veux dire, où ? Dans un casino ? A quoi exactement, pour savoir si tu perds beaucoup ou pas.

-Nan, pas exactement. Je joue au poker.

- T'es pas sérieux... Donc j'imagine que tu as des dettes.

-Oui.

-Combien ?

-Beaucoup.

-ça m'avance beaucoup.

-A des gens qui veulent que je les rembourse, des gens qui rigolent pas trop avec ça, même qui rigolent pas du tout. Ils m'ont demandé des services, vu que je ne pouvais plus rien leur rembourser.

-Du genre ?

-Je dois faire le guet quand ils échangent de l'argent pour de la drogue, ou même faire de petites transactions.

-Nan, Caleb, nan. Pourquoi tu continues ?

Je le repoussai et interrompit notre câlin, et comme tout à l'heure, il ne répondit pas à ma question.

-De toute façon, ça ne me concerne plus, maintenant, c'est ta vie.

-Justement, pas exactement.

-Comment ça ? Tu m'as mêlée à ça ?

-Non ! Jamais de la vie ! C'est juste qu'ils ont leurs informateurs. Si je ne fais pas le sale boulot, ils... pourraient te faire du mal. Et c'est cette idée que je ne peux pas supporter, alors c'est pour ça que...

Il désigna du regard le pistolet à droite de lui.

-Tu dois arrêter, regarde moi ! Et je ne retourne pas avec toi. Parce que... j'ai pas besoin de me justifier. Mais de toute façon je dois être loin de toi, pour qu'ils ne sachent pas où je suis, en plus il y a Théo.

- Non, Eden, ne me laisse pas...

-Ok, je reste avec toi pour la journée. Qu'est-ce que je faisais ? J'étais vraiment stupide, rester avec Caleb comme ça pouvait s'annoncer dangereux, je ne savais pas si je pouvais encore lui résister. J'avais juste à approcher mon visage du sien, et poser mes lèvres sur les siennes, juste une fois. Je tentai de briser le malaise entre nous.

-Euh, du coup, on fait quoi ?

-Je sais pas, tu veux faire quoi ?

- ça te dit on se pose devant la télé en mode gros sacs avec des cookies ?

-Ouais, je veux bien, s'écria-t-il avec un sourire. Tu veux regarder quoi comme film ?

-ça c'est toi qui décide, dis-je avec un clin d'œil.

-Ca te dérange si on met avengers ?

-Au moins ça va pas nous prendre la tête, dis-je en levant les yeux au ciel.

-Aha ! C'est sûr !

Nous nous installâmes dans mon salon et mîmes le film.

-Nan mais captain america est vraiment con c'est pas possible !

-Tais toi ! C'est mon préféré !

- C'est pas plutôt Scarlett Johansson que t'arrêtes pas de mater comme un gros porc depuis tout à l'heure ?, ris-je.

-Non, je vois pas de quoi tu parles. Et toi tu peux parler t'arrêtes pas de t'extasier devant iron man, fit-il, un sourire en coin.

J'aimais bien quand nous étions deux grands enfants, insouciants et légers. Nous ne nous prenions pas la tête, tout était simple. Et puis, même si ce film était tout sauf intelligent, il avait le mérite de détendre. Il se rapprocha de moi et se nicha sur mon épaule. Je me laissai faire, mais je sentis son regard sur moi.

On a toujours le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant