chapitre 7

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Deux heures après que Caleb soit passé, je ressentis les premières contractions. Tu venais, mon ange. Et maintenant je savais comment j’allais t’appeler. Théo.  C’est un beau nom, tu ne trouves pas ? Il t’ira si bien.  Je pensai à ton avenir, je me promis de m’occuper de toi le mieux possible, parce que tu le mérites. J’attrapai maladroitement mon portable sur le chevet en bois pour appeler Trevor. Je caressai mon ventre pour apaiser la douleur. Paige devait arriver d’ici cinq minutes, Trevor nous retrouverait à l’hôpital. C’était loin, je sentais une légère angoisse m’étreindre la gorge. J’avais espéré que Caleb vienne voir son fils, au moins. Etait-ce trop lui demander ? On me plaça dans une chambre et on me fit signe de m’allonger.       

-La sage femme va arriver, annonça l’aide soignant. Je lui souris faiblement et lançai un regard vers Paige. Ses yeux me donnaient du courage, ils m’assuraient que tout allait bien se passer. Je voulais la croire. L’odeur écœurante de désinfectant me tournait la tête, et je me sentis faible. Je perdis les eaux quand la sage femme arriva.

Après de longues heures atroces, tu étais arrivé. Je ne sais pas si tu étais beau, mais moi j’ai trouvé. Tu étais mien, tu étais l’être le plus bouleversant qu’il m’avait été donné de voir.  Tu étais mon fils, Théo. Je caressai doucement ton crâne avant de te porter à mon sein. La chambre d’hôpital ne me paraissait plus lugubre,  ni froide, parce que tu étais là. Paige, Courtney, Trevor, et même mes parents étaient venus et me regardaient maintenant d’un air attendri.

« -Il est vraiment très mignon », déclara Trevor. 

-J’approuve, dit Courtney avec un sourire.  

Mes parents étaient assez distants. Je soupçonnais ma mère d’avoir convaincu mon père de venir voir Théo. Ils habitaient à moins de cent kilomètres d’ici, pourtant j’avais l’impression qu’ils étaient très loin. Je les avais vus une fois cette année, et c’était pour Noël. Depuis la disparition de ma sœur, quelque chose dans notre relation s’était brisé. Le réveillon avait été étrange, hors du temps, j’avais l’impression de revenir au moins trois ans en arrière. Déjà, dès le début du repas, un silence oppressant s’était installé. Seul le bruit métallique des couverts me retenait de me lever et de fuir loin. Parfois j’échangeai des regards, soit avec mon père, soit avec ma mère. Il fallait que je dise quelque chose. Je suis enceinte, Papa. Mon copain m’a lâché et je me retrouve seule. J’ai besoin de vous maintenant. J’avais envie de pleurer. Je voulais leur dire à quel point ils m’avaient manqué, à quel point je les aimais. Mais j’en étais incapable, les mots me manquaient.  Mon père avait souri vers moi, et je m’étais senti encore plus coupable. J’avais pris une inspiration, et avais lancé :

-Maman, Papa. J’ai quelque chose à vous annoncer.

-Oui ? , avaient ils répondu en même temps.

-Je…Vous allez comment ? Quoi de beau depuis la dernière fois ?

- Nous allons très bien, commença ma mère. Mais je devine que ce n’est pas ce que tu as à nous annoncer.

-Ok. Mais je vous préviens, cette nouvelle va vous surprendre. Vous allez crier, tempêter contre moi, vous..

Un regard de mon père, agacé, m’incita à parler.

-Voilà, je suis enceinte.

Mes parents avaient lâché leurs couverts, ils me fixaient, stupéfaits et silencieux.  Une minute de silence s’était ensuivi, puis ma mère s’était écriée :

-Tu…Depuis quand ? Avec qui ?

- Depuis presque deux mois. Avec Caleb. Et je… Je passai une main dans mes cheveux  par appréhension.

- Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ?

-J’avais peur de votre réaction. Et je n’étais pas encore sûre si je le gardais ou pas.

Mon père ne disait toujours rien, il se contentait de m’observer avec ses grands yeux sombres, exprimant la surprise, mais j’y lisais aussi de la déception.  Je sentais les larmes me monter aux yeux. S’il te plait, Papa dis quelque chose lui exprimai-je avec mes yeux. Il tenta d’ouvrir la bouche mais elle se referma immédiatement.

-Et c’est toi qui va t’en occuper j’imagine, Eden, ma mère  s’était donc enquise. Elle utilisait toujours mon prénom quand une situation la mettait mal à l’aise.

- Oui et je me fais aider par un ami.

- Et Caleb ?

- Il ne veut pas reconnaître l’enfant.

- Pardon ?,  dit ma mère, manquant de s’étouffer avec sa salade.

- Comment ça il ne veut pas le reconnaître ?

- Il ne pense pas pouvoir assumer son rôle de père, il n’est pas prêt.

#louise

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