Chapitre 26

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Dans les couloirs, pendant un interclasse, un attroupement d'élèves plus âgés que moi se pressent en cercle autour de quelqu'un. Ce quelqu'un c'est Camille. Elle joue avec une de ses mèches blondes coupées de travers.

- Pourquoi tu t'es coupé les cheveux, pleurniche une fille de Géranium.

- Je voulais...du changement...répond Camille d'une voix étouffée.

- Tu as fait ça n'importe quoi, tu veux que je te rattrape ta coiffure ? propose une autre cinquième année.

- NON ! s'époumone alors l'intéressée en se couvrant la chevelure. Surtout pas...

- Dommage...je te trouvais mieux avant...

Le cercle se dissipe. Un garçon de la maison Aconitus, très grand et large d'épaule s'avance à ses côtés. Il a la peau noire, de jolis yeux ambrés et un sourire à la fois doux et charmeur.

- Ca te donne un petit côté rebelle, plaisante-t-il en réussissant à lui décrocher un demi-sourire. Tu es toujours aussi jolie.

Camille rougit.

- Merci Kijani...

Elle recoiffe du mieux qu'elle peut ses cheveux avec un bandeau, puis suit le jeune homme jusqu'à leur classe.

Camille à l'air plus brisée que jamais, j'espère pouvoir comprendre ce soir, et m'excuser autant que je le lui dois.

L'après midi est passé d'une lenteur extrême à mes yeux, je n'arrive pas à me concentrer. Le simple fait de savoir mon oncle peut-être dans les parages me hante, et la honte que je ressens envers Camille me ronge. J'ai été une abrutie...

- ANGELINE ATTENTION ! beugle monsieur Florient alors qu'une fleur me pousse au visage.

Je reprends mes esprits, mais trop tard. Une horrible envie de me gratter l'entièreté de ma tête me prend, comme si j'avais été piquée par des dizaines de moustiques en même temps.

- File à l'infirmerie, ordonne-t-il, sinon ton visage va gonfler...

La plante reprend sa place dans le pot et me délivre. En fait, alors que nous travaillons sur une pousse d'ortie qui servirait pour l'infirmerie, j'ai manqué d'attention, et laissé mes pouvoirs agir. Je suppose que le tourbillon d'émotions qui refuse de cesser dans mon cerveau y est pour quelque chose.

- Je l'accompagne, lance Antonin en bondissant sur ses deux jambes, avant que Cassandre n'ait pu le demander.

- Très bien, mais reviens ici tout de suite après.

Antonin hoche la tête. Avant de partir, notre professeur de botanique me tend un paquet de feuilles de menthe fraiche.

- Ca va apaiser la piqure.

- Merci...marmonnai-je en ne sentant presque plus mes lèvres.

Sur le chemin, Antonin ne cesse de rire, à en avoir mal au ventre.

- Si tu voyais ta tête tu...tu serais dans le même état que moi, souffle-t-il entre deux éclats de rire.

- Boui...sûrement...On beut se débêcher s'il te blait ?

Il est pris dans un fou rire incontrôlable.

- Parle encore une fois, s'il...s'il te plait...

Je le fusille du regard, mais ne dit rien. Antonin se calme un peu, il me lance un sourire de défi.

- Il faut qu'on aille trouver le prénom du futur fils de Müller ! déclare-t-il. Je sens que ça va être quelque chose du genre...Jean François...Jean Gérard...Jean Robert...

Angéline, la maudite de BeauxbâtonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant