Chapitre 31

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Depuis que les cours ont repris, une ambiance lourde trône sur l'école de Beauxbâtons. Plus aucun auror ne déambule dans les couloirs, faute de confiance. Ce sont les professeurs qui se chargent désormais de maintenir un soupçon de sécurité.

Je sors des cours de sortilèges, la mine penaude. Cassandre m'attrape le bras, elle aussi inquiète. Elle passe une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Je n'aime pas trop ce qui arrive, marmonne-t-elle en observant de loin Julie et Romane dont le comportement n'a pas changé.

- Moi non plus, il ne fait plus vraiment bon vivre ici...

Julie et Romane sont toujours sous l'emprise d'un mystérieux sortilège hypnotique. Monsieur Florient, en compagnie de Monsieur Muller et Madame Lockhart, a examiné leurs yeux et a validé mes dires. Lui et ses deux collègues m'ont alors promis qu'ils m'aideraient à trouver un antidote adéquat, lorsque le nouveau professeur de potions sera arrivé. Car oui, Olympe Maxime a affirmé avoir trouvé un remplaçant à Monsieur Lepetit. Ce dernier est encore et toujours à l'hôpital, où il passe ses journées sous calmant. Depuis la dernière fois que je l'ai vu dans les couloirs, son état ne s'est pas amélioré. Il m'avait fait très peur.

Quant à Casius, il est réveillé. Je sais aussi de source sûre qu'il a retrouvé son horrible humeur massacrante, il vaudrait peut-être mieux que je ne retourne pas tout de suite le voir, il risquerait de m'énerver. Enfin...je suis quand même heureuse qu'il aille bien, même si ce n'est pas la personne que j'apprécie le plus. Il m'a aidé après tout.

Cassandre passe la tête par une fenêtre du couloir qui donne sur la cour. Une foule d'élève est attroupée autour de la fontaine, je ne sais pas trop ce qu'ils font, mais ils ont tous l'air intrigué. Et ça m'intrigue aussi !

- On va voir ? demande Cassandre, curieuse.

Je hoche la tête. Que peut-il bien se passer pour rassembler autant de gens ? Surtout pendant l'interclasse ! Nous sortons et rejoignons le troupeau d'élèves qui ne cessent de murmurer ou de s'extasier. En fait, la masse de personnes est un cercle, avec au centre quelqu'un. C'est une femme ! D'une beauté hypnotisante, la sorcière agite sa baguette et fait léviter des liquides dorés dans tous les sens, qui se transforment en une espèce de feu d'artifices miniatures mais magnifiques. Ses cheveux sont d'un bleu nuit envoûtant, ses yeux sont aussi clairs qu'un ciel d'été et son sourire laisse apparaître une dentition parfaite. Elle porte une robe mousseline bleu marine, irisée sur les manches, avec une traîne très longue et une ceinture argentée qui affirme sa taille. Sur ses épaules est posée une cape noire, accrochée par deux broches métalliques aux motifs...original. Je n'arrive pas bien à voir de quoi il s'agit. Je suis totalement charmée par ce que je vois.

- Qui c'est ? balbutiai-je devant le spectacle.

- Aucune idée, mais elle est incroyable, répond Cassandre qui ne peut plus détacher ses yeux de la personne en face de nous.

Les fioles finissent par se vider, le spectacle est terminé. La femme range tout d'un coup de baguette, puis s'éclaircit la gorge.

- Je m'appelle Mina Azura, je suis votre nouvelle professeure de potions, claironne-t-elle en montrant à tous son plus beau sourire.

- Alors c'est elle ! m'exclamai-je. Elle a l'air géniale.

- Son visage...il me dit quelque chose, souffle Cassandre en fronçant les sourcils.

- C'est sûrement parce que tu as déjà dû la voir dans un magazine de beauté, lance quelqu'un à côté d'elle. Attends, si elle elle est pas Miss ou Mannequin, je me jette sous un nimbus 3000.

- Non, rien à voir....

Madame Azura m'aperçoit. Elle s'avance si vite vers moi que j'ai l'impression qu'elle flotte au-dessus du sol.

- Alors voilà donc l'élève qui donne tant de soucis à cette école, ironise-t-elle en me regardant de bas en haut.

- Ca se voit tant que ça ? boudai-je.

- Tu ressembles à ton père.

J'ouvre grand les yeux.

- Vous le connaissiez ?

- Qui ne connait pas le grand Luc Fleury ? dit-elle dans un rire mélodieux. Je suis désolée pour ce qui lui est arrivé, à lui et à toute ta famille d'ailleurs, toutes mes condoléances.

J'aurai voulu lui poser une autre question mais d'autres le font à ma place. Dans un tourbillon bleu elle s'écarte de moi pour se diriger vers ses nouvelles groupies.

- Vous avez quel âge madame ? demande une élève de ma maison, en sixième année je crois.

- Petite curieuse va. J'ai encore la vingtaine !

- Madame vous êtes magnifique, beugle un garçon de septième année. Sortez avec moi.

Mina éclate de rire et ignore la question. C'est fou comme elle est belle.

- J'ai une question pour vous moi aussi, comment se fait-il que nos élèves ne soient pas en classe mais dans la cour ?

Monsieur Florient la foudroie du regard. Il s'est hissé un passage entre nous tous, le pas furieux. Les sourcils froncés, c'est avec irritation qu'il s'avance vers sa nouvelle collègue. Derrière lui se tiennent les deux autres directeurs de maison, eux aussi mécontents, mais moins que lui.

- Benjamin, ne te mets pas dans un état pareil pour si peu, lance-t-elle le plus calmement possible.

- Nous ne sommes pas au cirque, ni à la foire aux questions. Les élèves sont censés être en cours depuis plus de 10 minutes !

- 10 minutes pour remarquer leur absence et pour réagir ! Woaw, je comprends pourquoi la sécurité est au point mort ici, raille-t-elle tout d'un coup très froide.

Madame Lockhart rejoint le professeur de botanique au centre du cercle.

- Mina, ce que notre collègue essaye de te dire, c'est que ce n'est pas le bon moment pour faire ça. Je ne sais pas, tu aurais pu faire ça ce soir, ou...

- J'ai compris, la coupe la nouvelle arrivante. Je suis désolée d'avoir permis à ces enfants de s'amuser un peu en ces temps difficile. Mais allez-y jeunes adolescents, retournez donc à vos cours monotones.

- Mina ! s'irrite Monsieur Müller en hurlant. Nous faisons notre possible, ce n'est pas à toi de nous blâmer.

Cette fois elle se tait. Florient est dans une colère noire, mais il se retient de dire quoi que ce soit.

- Retournez à vos cours ! mugit le professeur de vol. Allez, ouste.

Nous nous exécutons. Je jette un dernier regard à la professeure de potions, qui se retrouve maintenant seule au milieu de la cour. Elle me lance un clin d'œil, puis tourne les talons vers l'aile est du château.

Camille qui arrive à ma hauteur, me rattrape.

- Ne lui fais pas confiance, me murmure-t-elle avec froideur.

- De quoi tu me parles ?

A cela elle ne répond rien. Je ne sais pas ce qui lui prend, mais elle est bien distante avec moi depuis un certain temps.  Je l'observe alors s'en aller tandis que le professeur de botanique a les yeux fixés sur la silhouette au loin de Mina Azura. 

Angéline, la maudite de BeauxbâtonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant