Chapitre 22

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Je me retrouve en pleine effervescence émotionnelle, confrontée à de la colère, de la haine et de la peur. Ma tête tourne, j'ai du mal à mettre un pas devant l'autre pour rentrer à l'école. Je me cramponne à la robe mousseline de ma professeure, j'ai une subite envie de vomir. Je ne saurais dire si c'est dû au transplanage, à Casius ou à mon oncle...peut-être les trois.

- Respire calmement, me dis Mme Lockhart avec un sourire qui se voulait rassurant.

Elle passe une main sur mon dos qu'elle frotte pour m'apaiser. En un instant j'ai l'impression de me retrouver auprès d'une mère. Je n'ai jamais connu cette sensation, maman est morte alors que j'étais tout bébé. Elle me manque de plus en plus.

Je m'arrête devant le portail encore clos, entouré d'aurors tous plus imposants les uns que les autres.

- Il a tué ma famille... haletai-je, mon visage entre mes mains.

- Angéline, couine mon accompagnatrice, tu trembles.

- Il y a de quoi non ? Mon oncle a tué toute ma famille, il a sûrement assassiné mes parents !

- Ce n'est qu'un hypothèse, peut-...

- Non, il n'y a pas d'autres options c'est lui ! C'est un meurtrier !

Je me remets en route, laissant derrière moi une trainée de feuilles mortes brunies. Le visage déformé par une colère que je n'arrive pas à réprimer, je m'engouffre dans l'établissement. Je ne prends pas la peine de saluer ma professeure, je me dirige immédiatement vers mon Pavillon. Une fois à l'abris dedans, je m'écroule contre la porte, prise de frissons incontrôlables.

Le pavillon est étrangement calme, vide. La cheminé éteinte, un courant d'air glacé m'enveloppe et en rien n'arrange mon état. Une silhouette sombre descend les escaliers. Je ne parviens pas à déterminer de qui il s'agit, les ténèbres qui l'entourent cachent son apparence.

- Angéline ! lance alors Monsieur Florient en sortant de la pénombre, un sourire radieux collé au visage. Je m'inquiétais, tout s'est bien passé ?

- Hum...Oui... répondis-je, peu à l'aise.

Il remarque rapidement mon attitude à son égard, le professeur de Botanique perd son sourire. Il passe une main sur son visage avant d'arriver à mon niveau.

- Sois prudente, argue-t-il, très sérieux. Tu n'es plus à l'abris nulle part.

Je frisonne.

- Est-ce une menace ?

- Non. (il me prend les épaules) C'est une observation. Ce que tu as dû apprendre au ministère va changer ton quotidien. Et à en croire ton état c'est déjà le cas.

Il recule avant de reprendre son souffle.

- Je ne sais pas ce que l'on t'a dit là-bas, mais je veux que tu saches que quoi qu'il arrive tu pourras compter sur mon aide précieuse.

Ses yeux brillent d'une lueur animée, presque brûlante.

- Ma mère a donné sa vie pour me protéger, chuchote-t-il... Je veux faire de même pour toi, en tant que directeur de maison c'est mon devoir. Mais pour le moment je n'ai pas été à la hauteur.

- Elle est décédée pour vous ? soufflai-je, attristée. Pardon c'est très indiscret...

- Je l'ai perdu alors que j'avais 10 ans...elle m'a évité le rejet, l'abandon... ( il secoue la tête) Mon oreille est toujours ouverte si tu as besoin de parler.

Il monte quatre à quatre les marches de marbre.

- Cassandre t'attend dans votre chambre, elle n'a pas cessé de me dire qu'elle était désolée pour hier conclu-t-il le dos tourné.

Angéline, la maudite de BeauxbâtonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant