Chap 48 : Sœurs sorcières

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Une semaine s'est écoulée depuis notre sortie. Au final, ce n'était qu'un petit tour sur un toit de rien du tout qui n'offrait qu'une épaisse forêt à perte de vue. Alors certes, ça n'allait pas nous aider à nous situer, mais au moins, nous avions pu respirer un peu. Mais surtout, surtout, nous avions eu des nouvelles des filles.

J'ai encore des frissons en me souvenant de leur état. Je dois vraiment me forcer à me dire qu'ils ne sont pas fou au point de nous exhiber des cadavres pour me calmer. Joo-Eun et Neveah n'étaient pas mortes. Elles ne pouvaient pas l'être.

La porte s'ouvre soudainement devant nous et je flanche presque en reconnaissant le bleu glaçant des yeux de Maddox. Il pousse la sorcière vers le lit où se repose Victoria pour une nouvelle visite de routine. La pauvre trébuche et manque de s'ouvrir le front sur le coin du lit.

"How are my little nephews?" demande Maddox d'un ton joyeux, pas le moins du monde inquiet pour sa guérisseuse personnelle.

"They'd like another walk outside," annonce Victoria en se redressant.

La sorcière rousse grimpe difficilement sur le lit avant de marmonner une nouvelle formule qui fait s'illuminer en bleu ses mains. Elle les passe sur le ventre de Victoria en faisant des cercles concentriques. Rapidement, je vois Victoria se détendre, et son teint reprend un peu de couleurs. La sorcière sourit un peu en la voyant se revigorer.

"Of course they do. We're Lycans, not feeble humans," Maddox renifle en passant son regard sur moi, et je sens qu'il se retient de m'écraser comme l'insecte que je suis. "I'm here to invite you on a walk. I'd like to discuss a few matters with you."

La sorcière aide Victoria à se relever et Maddox l'entraîne derrière lui avant de claquer la porte d'un coup de pied. Je n'ai même pas eu le temps d'esquisser un geste. Je me retrouve bredouille dans la chambre-cellule avec la sorcière, qui s'écroule sur le lit encore plus vite qu'un château de carte. Je me précipite vers elle.

"Are you ok?"

Elle hoche faiblement la tête. Je lui apporte un verre d'eau, qu'elle ingère goulûment comme si elle n'avait pas bu depuis des jours.

"Thank you," elle souffle avant de se recoucher.

Ses yeux se ferment et elle s'endort aussitôt. Ça ne me surprend pas : comparé à son matelas grugé, ce lit est paradisiaque. La sorcière dort si profondément qu'elle ne se réveille même pas quand je la repositionne pour que sa tête repose sur l'oreiller. Je remonte la couverture jusqu'à son menton et écarte ses mèches de son visage. Je l'observe plus attentivement tout en lui caressant distraitement les cheveux. Ils sont d'un cuivré presque fade, mais je soupçonne leur vitalité d'être victime des mauvais traitements qu'elle subit. Ils devaient être flamboyants, avant. Son visage allongé est très maigre, alors c'est évident qu'elle est mal nourrie, sans parler de la façon dont elle a englouti le verre d'eau. Son long nez retroussé et ses pommettes sont couvertes de taches de son. Elle doit avoir dans les seize ans.

J'ai un petit hoquètement et je retiens difficilement mes larmes. Je rentre ma tête dans mes épaules et cache mon visage du mieux que je peux dans ma main libre. Elle ne ressemble même pas à Charlie à l'exception d'une vague ressemblance de teintes de cheveux. Le simple fait de la border me la rappelle.

Charlie. Ma Tigresse. Tu me manques tellement!

Je sens les larmes rouler sur mes joues malgré moi. Je me replie de mon mieux pour ne pas offrir le moindre indice, la moindre faiblesse, aux possibles caméras cachées.

Après plusieurs minutes, je respire de mon mieux tout en me redressant. Je continue de caresser les cheveux de sorcière, comme si c'était ceux de ma fille. C'est sûrement creepy. Moi-même, à sa place, je me sauverais en courant si je me réveillais et qu'une inconnue pleurait en me caressant les cheveux. Pour autant, je ne peux pas m'en empêcher. C'est plus fort que moi. Ce simple geste, qui m'était devenu si naturel, si quotidien... Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas pu le faire. Beaucoup trop.

Lycan - The Human Mate (fr/eng)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant