Chapitre 6 - Février 2014 -

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Les traitements


J'ai décidé de suivre les recommandations des médecins et d'aller chez le coiffeur pour mefaire une coupe courte. Je choisi un carré court et cela me fait vraiment bizarre car mes cheveux ont toujours été longs. Tout le monde trouve que cette nouvelle coupe me va bien, mais moi je ne vois que le début de ma chimio. A mes yeux, il s'agit plus d'une obligation que d'un choix. Pourvu que je tienne face à tout ça. 

Quelques jours passent, et je me retrouve dans l'hôpital attenant de celui où je me rendsd'habitude. C'est l'ancien hôpital. Ça se voit tout de suite, au vu des murs et des couloirs. Lespeintures tombent. Le lieu est un peu sinistre sur les bords mais les infirmières nous guidenttoujours avec gentillesse et sourire. Je suis donc à l'hôpital de jour pour mon implantation desite pour mes futures injections de chimio. Je me retrouve dans une chambre à côté d'unejeune femme qui elle aussi doit se faire implanter ce site avec le même médecin et soushypnose également. L'anesthésiste nous a bien spécifié qu'elle nous préparait comme pourune intervention normale, à savoir avec une intraveineuse afin de nous endormir sil'hypnose ne se fait pas comme on le voudrait.Je me retrouve avec ma chemise fesses-à-l'air sur le dos et j'attends patiemment que l'onvienne me chercher. Le brancardier arrive, et nous fait sursauter toutes les deux. Il vientchercher ma voisine, j'ai donc encore un peu de répit - ou de soucis - à me faire, mon cerveau travaille. 

Un peu plus d'une demi-heure s'écoule et on voit de retour la jeune femme. En passantdevant moi elle est souriante et pouces en l'air me dit que cela s'est super bien passé. Mevoilà donc bien rassurée même si l'angoisse pointe au creux de mon ventre.Le brancardier vient me chercher, un petit « à tout à l'heure chéribibi » afin de saluer mon époux et hop me voilà dansles couloirs, puis dans l'ascenseur en direction du bloc opératoire de l'hôpital principal. Comme d'habitude, je roule sur la table de bloc, on me met un drap chaud puis on me roulejusqu'aux portes du bloc opératoire. L'anesthésiste me tapote la main et me posel'intraveineuse sur la main gauche. Dorénavant je n'ai plus le choix il est interdit de touchermon bras droit depuis l'ablation. J'ai même un papier le stipulant qui est en permanencedans mon portefeuille comme me l'ont recommandé les médecins. Ils remontent petit àpetit le long de ma veine pour piquer afin d'essayer de me l'abimer le moins possible. Iln'empêche que j'ai systématiquement un hématome. 

C'est parti, mon intraveineuse est enplace et je suis maintenant dans le bloc opératoire.L'infirmière qui assiste l'anesthésiste me salue puis m'explique que l'on va me mettre desdraps bleus « champs opératoires » sur ma tête mais que bien évidement nous allonspouvoir parler au travers. Ce qu'elle fait après avoir mis ses pastilles collantes sur la poitrineafin d'écouter mon cœur : des électrodes.Je ne me sens pas très sereine sous ce drap bleu. Je n'y vois rien du tout. J'entends lemédecin : 

- Vous êtes prête ? 

- Euh boui ! 

- Bien, reprenons. Concentrez-vous sur ma voix et n'écoutez que ma voix. 

J'essaie de faire le vide dans ma tête et de me concentrer sur sa voix. Mais je sens unedouleur terrible, je sens le scalpel me couper, je crie, mais elle poursuit son discourset sa manipulation. Je sers les dents mais il m'est difficile de me concentrer à nouveautotalement sur sa voix et une autre douleur bien plus aigüe m'arrache un hurlement ! Je nebouge pas d'un pouce mais je lui demande d'arrêter afin que je reprenne mon souffle. Ellepoursuit, impassible. Je lui dis que j'ai mal, que la douleur est insoutenable et que je ne mesens pas bien. Je ne bouge pas d'un pouce de peur qu'elle m'en coupe la jugulaire, (j'auraisl'air fin !), je sens ma tête devenir lourde de douleurs et l'infirmière me tient la main. 

Parce que cela n'arrive pas qu'aux autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant