Les jours ont défilé trop rapidement à mon goût puisque je vois déjà la date de la deuxièmeinjection de FEC100 se pointer pour le début d'après-midi.
Ma prise de sang est faite, j'ai unbel hématome et mes gammas GT sont en fête.
Les enfants sont tous en cantine et malgré nos paroles pour les rassurer ils paraissent bieninquiets lorsque nous les quittons.Cette fois ci nous partirons plus tôt car mon époux a décidé de m'emmener dans unrestaurant près de l'hôpital afin de me changer les idées. C'est un lieu que j'affectionnetout particulièrement car il me rappelle de bons moments en famille ainsi ma hâte de demander leur glace dans leur petite maison - qui les représentait et que l'onpouvait garder par la suite pour jouer - pendant mon enfance.
Je mettrais mon patch lorsque l'on en sera au dessert.
C'est bon pour le moral d'être ici même si je vois que l'on m'observe dès que je passe unetable. On doit voir un peu mon site ou mon tuyau dans le coup ou ma sale tête, voire tout en même temps. M'en fou, je reste tête droite et je demande à mon mari si j'ai bien mismon patch car dans les toilettes ce n'est pas évident. Il me rassure et nous finissonstranquillement de manger avant de nous diriger vers l'hôpital.
Arrivée dans la salle d'attente un monsieur me jette une œil triste :
- Vous rendez-vous compte ? J'étais si pressé d'être en retraite pour enfin en profiter et mevoilà clôturé dans de tels locaux... C'est bien triste quand même... J'avais tant de projets entête...
Je le regarde et j'essaie de lui sourire :
- Oui la vie est bien difficile parfois... Le cancer frappe partout et tout le monde... Il s'attaque àtous les âges, car n'oublions pas qu'au dernier étage de cet hôpital se trouvent des enfantsjusqu'à 16 ans, de toutes nationalités, de tout milieu politique ou social ou bien encorereligieux... Oui c'est bien difficile... Pour nous tous atteins, nous trouvons cela injuste...
- Hum... Bien difficile... C'est vrai les locaux sont bien fait nous ne croisons jamais les enfantset eux nous croisent jamais non plus...
Nous passons le reste du temps à regarder nos pieds. De temps à autre, je regarde lesquelques personnes qui s'y trouvent jusqu'à ce que le médecin nous invite à entrer pour laconsultation. Je réponds aux quelques questions, je tends ma nouvelle prise de sang et melaisse ausculter une nouvelle fois par un interne. Puis même trajet dans les couloirs jusqu'à une chambre double.
- Bonjour madame, vous avez bien mis votre patch ? Je vais prendre vos constantes.
- Oui merci. D'accord.
- Bien je viens avec le nécessaire pour vous installer la perfusion de sérum physiologique dansun premier temps et je vous amène une bouteille d'eau.
- J'en veux bien deux tout de suite s'il vous plait, je bois beaucoup pendant l'injection.
- Oh très bien ça ! Je vous en ramène deux et n'hésitez pas à en redemander si besoin !
- D'accord merci beaucoup pour votre gentillesse.
Je fais connaissance avec une jeune femme souriante en tant que voisine de souffrance. Jeme dis enfin quelqu'un qui sourit. Nous apprenons à nous connaître dans cette chambre d'hôpitaloù nous nous racontons nos histoires face à la maladie et de comment nous la vivons avecnos conjoints et nos enfants, les siens sont plus jeunes, sa dernière n'a que deux ans et demi.On sympathise et nous avons des fous rires sur tout et rien. Les infirmières rigolent aussi dèsqu'elles rentrent dans la chambre, nos rires leur font plaisir aussi. Lorsque le chariot de chimio arrive, nos rires cessent net. Les rideaux sont tirés entre nous etnous nous concentrons chacune de notre côté sur ce qui va nous être injecté.Quelques instants plus tard la revoilà de retour avec le plateau roulant comprenant toutl'attirail pour moi. Elle tire le rideau qui me sépare de ma voisine. J'ouvre mon chemisier,enlève le patch et laisse l'infirmière me badigeonner à grand coup de compresse tout letorse. Je prends mon inspiration tout en stressant de nouveau, et quelques instants plus tard, me voilà perfusée. Ellem'explique de nouveau l'anti-nauséeux, l'eau et le produit rose. Je reste plantée dans monlit et j'attends l'arrivée des grosses seringues roses, non sans angoisse.Ma voisine tire le rideau doucement :
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Parce que cela n'arrive pas qu'aux autres
Não FicçãoCarnet -très intime- d'une guerrière Nathalie, Nath pour les intimes, a 42 ans à l'annonce de la maladie. Sa maladie. A travers les larmes, la joie et accompagnée de toutes les épreuves et émotions procurées par le « crabe », elle nous embarque dans...