Fin de chimiothérapie
Nouvelle prise de sang en main, nouvel hématome, nouvelle épreuve... La date de la dernière injection approche.
Après le même parcours que je peux faire les yeux fermés maintenant, nous voilà installés dans une chambre double, où une dame perfusée se fait faire une manucure par une femme en blouse blanche. Je regarde sa veste et peux lire «onco-esthéticienne ». Tiens mais qu'est-ce donc ?
- Bonjour ! Je trouve ça super de pouvoir faire nos ongles, est-ce que j'y ai le droit moi aussi ?
- Bonjour ! Oui bien évidement et avec grand plaisir. Je finis avec cette dame, choisissez la couleur qui vous plait sur le chariot et je viens m'occuper de vous, m'explique-t-elle.
- Oh quelle idée géniale ! D'accord je m'installe de suite, lui souris-je.
Je pose toutes mes affaires comme d'habitude, les doudous des enfants sur la table de nuit, le livre (avec son marque page toujours au même endroit de l'ouvrage), branche mon téléphone, je vais faire pipi et je m'installe sur mon lit, que j'ai relevé au mieux afin d'être le plus à l'aise possible. Une infirmière rentre avec son chariot remplit de tout l'attirail nécessaire à mon injection. J'ouvre mon chemisier, elle me badigeonne généreusement, je souffle et me voilà reliée à la perfusion. Mais je garde un grand sourire car on va s'occuper de moi, je vais me faire chouchouter par une professionnelle et ça, ça a du bon.
L'onco-esthéticienne se dirige vers moi. Elle m'explique son métier qui est nouveau dans les murs et que cela consiste à prendre soin des patients au vu des désagréments de la chimio. Elle me retire tout mon ancien vernis des mains et, après avoir mis de la crème hydratante, elle les lime un peu pour essayer de leur faire un bel arrondi. Elle poursuit en me mettant la couleur que j'ai choisie. Nous papotons de tout et de rien, et je ne vois pas le temps passer. Mon mari va et vient entre ses cafés et sa nouvelle littérature tout en papotant aussi avec les infirmières. Mes mains étant faites, je les admire, c'est bon pour le moral des troupes. Elle a eu du mal vu que mes ongles sont cassants et lorsqu'on veut les couper ils ont plus tendance à partir en miettes qu'autre chose. La spécialiste passe donc à mes ongles de pieds. Mais en retirant mes chaussettes elle découvre un de mes orteils qui bleuit. Nous échangeons un regard, je prends la parole :
- Oui j'ai vu ça ce matin, mais ce n'était pas si bleu... Ca prend de l'ampleur... J'espère que ça va s'arrêter à cette phalange.
- Oui ce sont vraiment les désagréments de la chimio, le Taxotère attaque les muscles, les tendons, les articulations....
- Oui je ressens tout cela et le docteur me l'a bien expliqué, mais bêtement je pensais passer au travers, dis-je en baissant la tête.
- Mais non pas bêtement ! C'est légitime, me répond-elle. Tout le monde espère ne pas avoir tout ce que peux faire la chimio en désagrément, ne vous inquiétez pas, tout est normal et vous retrouverez vos couleurs plus tard...
Elle me sourit et entreprend de me couper les ongles cassants. Je la regarde faire, c'est agréable que l'on prenne soin de moi, j'apprécie et je me laisse aller. Mon époux rentre avec son café, observe mon pied, fronce les sourcils et me regarde :
- Oui chéri j'ai un orteil bleu, cela ira à ravir avec ma panoplie de schtroumpf gelé !!
- Hum, mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ce matin ? me demande-t-il ;
- En fait ? J'ai fait très vite à m'habiller et j'essayais de me persuader que je me faisais des idées, que cela n'était que le fruit de mon imagination.
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Parce que cela n'arrive pas qu'aux autres
No FicciónCarnet -très intime- d'une guerrière Nathalie, Nath pour les intimes, a 42 ans à l'annonce de la maladie. Sa maladie. A travers les larmes, la joie et accompagnée de toutes les épreuves et émotions procurées par le « crabe », elle nous embarque dans...