Chapitre 8 - Avril 2014 -

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Les mots de mon oncologue cognent dans ma tête. je me demandecomment je vais faire pour supporter tout ça. C'est long, cela n'en finit pas, j'en ai marre de tous ces traitements qui me rendent si faible et de tous ces allers retours. Je vais devoir encore faire la femme forte face au monde entier mais mon corps meurtri me scande de m'arrêter.Tout le corps médical que je croise me dit de me laisser aller à pleurer afin d'évacuer tout ceque je peux mais je n'y arrive pas, je ne lâche que des bribes, une espèce de surplus et c'esttout. 

Par la force des choses, le quotidien reprend le dessus et je le gère au mieux possible : école,kiné, repas, les courses avec mon époux, où dès que je croise une femme je lui regarde la poitrine, même si j'essaie de penser à autre chose. 

Comme d'habitude les derniers jours avantla prochaine injection je me sens mieux et je vais même faire quelques pas chaque matinafin de m'aérer l'esprit, mais c'est nul d'être toujours seule, unchien pour m'aider à sortir marcher plus souvent  me ferai peut-être du bien. J'en parlerais à mon époux. Les enfantsseront ravis forcément, mais lui je ne suis pas sûre car depuis que nous avons perdu nos deuxgros toutous quelques années plus tôt, il a du mal à se décider. Nous avons tous beaucoupsouffert de cette grande perte d'autant plus qu'ils sont décédés à quinze jours d'intervalle. Mais ayant toujours vécu avec des animaux, me retrouver sans compagnon poilu à câliner me pèse. Surtout depuis ma maladie. C'est décidé je lui enparlerais ce soir. 

Le soir venu, les enfants sont dans leurs chambres à se chamailler et à se réconcilier tous lesquarts d'heure lorsque mon mari rentre dans le salon où je me trouve enveloppée commed'habitude de ma grosse couverture polaire, ma bouillotte sur le foie. 

- Ca va ? me dit-il ;

- Oui comme je peux... Et toi ? 

Il me voit en train de regarder sur mon téléphone portable un site connu de vente ou dedons divers et variés. 

- Que fais-tu ? 

- Et bien en fait, j'ai longuement réfléchi en me promenant ce matin en forêt et je n'étais pasrassurée d'une part d'être seule dans les bois, mais d'autre part ma motivation est vraimenten baisse, et en fait j'aimerai bien que l'on réfléchisse ensemble sur le fait de reprendre unchien. 

- Allons bon ! Cela a été très dur de vivre la fin de nos chiens. 

- Oui mais de longues années fortes sympathiques aussi, lui répondis-je dans la foulée ; 

- Moi je ne suis pas d'accord, non je ne vois pas pourquoi si c'est pour te revoir dans l'état outu étais quand il a fallu les amener chez le véto, non merci ! 

- Hum je sais mais je te demande d'y réfléchir, il ne faut pas se focaliser sur leur fin mais surtous les moments de bonheur que l'on peut avoir avant. Et puis il m'obligera à sortircomprends-tu ? 

- Ouais ben on verra, dit-il en tournant les talons. 

Donc ce n'est pas gagné, mais ce n'est pas grave pour le moment, il va déjà y penser, àvoir le pour et le contre. Je le connais il va se renseigner autour de lui si cela serait vraimentbien ou pas. Il se renseignera même comment en trouver un car chez nous, nous n'achetonsjamais les animaux, nous les trouvons, ou eux nous trouvent, ou on nous les donne contrebon soin... Moi je dis un peu de vie dans une vie pour le moment en pause cela serait pasmal du tout. Nous verrons donc plus tard. 

***

Entre mes visites chez ma kiné, mes cavalcades quotidiennes et le fait de faire encore une prise desang accompagnée de son hématome, me voilà face à ma première injection de Taxotère. 

Parce que cela n'arrive pas qu'aux autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant