Nous sommes au mois de mai, joli mois de mai où nous voyons les beaux jours enfin arriver.Tout le monde autour de moi sort les petites jupes, les décolletés - qui ont le don dem'énerver car je ne vois que ça - mais bon ma chirurgienne m'a dit c'est normal etvous n'avez pas fini de les regarder ! Donc je suis normale à regarder ces décolletés, mais quand même ça me saoûle !
Je finis par me demander si je ne vais pas finir parêtre attirée par les seins comme un aimant et cela m'inquiète. Lorsque j'en parle ànouveau à mes médecins ces derniers rient et me disent « non ne vous inquiétez pas toutcela est tout à fait normal et légitime ». Bon, soit... J'essaie d'en faire abstraction comme jepeux. Je vois donc les gens se dénuder petit à petit que le soleil fait son apparition, et moi jesuis toujours couverte comme en plein hiver. Rien y fait, j'ai froid. Mes bouffées de chaleursont toujours très intenses et j'ai du mal à les supporter mais je n'ai pas le choix, je continueà faire l'étoile de mer en me déshabillant au maximum, à boire beaucoup d'eau et une foisque ça se calme, à vite me rhabiller car j'ai de nouveau très froid, jusque dans mesos.
Les beaux jours sont enfin là et je vais essayer de me chauffer les os au soleil dès que je le peux, sans oublier de me tartiner de crème solaire indice maxi. Malgré la crème, j'aitout de même des tâches sombres qui apparaissent sur le visage. Je ne veux pas metourmenter pour une nouvelle chose, alors j'essaie de ne pas m'y attarder. Ce qui ne m'empêche pas de prendre mes précautions et à me re badigeonner régulièrement.
***
Ce matin je dois faire ma prise de sang, que je fais faire par l'infirmière du cabinet d'analyses. Un bleu de plus pour demain, rien n'y fait je continue de marquer à chaque fois. Elle me parled'une de ses collègue qui a vécu cela et qui est en phase de reconstruction mais ne m'en dirapas plus évidement.
Nous reproduisons les mêmes choses à savoir déposer les enfants et leur promettre que toutira pour le mieux. On se dirige une énième fois sur la quatre-voies en direction de l'hôpitalde jour. Je ne parle plus, je n'en ressens plus l'envie à cause de mon ras-le-bol global. J'y vaisparce qu'il faut le faire et c'est tout. Toujours le même trajet qui parfois paraît rapideet d'autres fois si long. Cette fois-ci mon mari se gare plus près de l'entrée, quelle chance cette fois ! Nous allons nous présenter à la secrétaire puis nous nous retrouvons de nouveaudans la salle d'attente où il s'y passent de curieux échanges de sourires ou de regards. Noussavons tous pourquoi nous sommes là. Nous avons tous la même angoisse, la même peur.Certains ont l'air de plus souffrir que d'autres, mais est-ce ça ou pas...
Le médecin m'appelleet me fait rentrer dans son bureau, où j'y retrouve un interne qui va m'ausculter lui aussi.Oui il faut bien qu'il apprenne mais alors moi qui suis pudique et bien je suis rudement miseà l'épreuve avec tous ces gens qui me touchent. Après avoir observé ma prise de sang, prismon poids (la balance n'est toujours pas ma copine), et pris en note toutes mes constantes, il nous invite àsuivre le même couloir que les fois précédentes. Mes gammas GT sont toujours dans leur folie des grandeurs, mais ça ne les affole pas. Je reste donc calme, et me persuade que je vais y arriver.Aujourd'hui je suis contente je dois retrouver ma copine de chambre de la dernière fois oùl'on avait tant rit. J'espère que l'ambiance sera la même. Après renseignements auprès des infirmières ils'avère que oui ! Hourra ! Au moins on va se marrer ! Enfin je l'espère.Nous entrons dans la chambre où nous découvrons ma voisine déjà branchée.
- Hey ! Bonjour ! Comment ça va depuis la dernière fois, lui demandais-je ;
- Bonjour ! Oui ça va ça va, des hauts des bas bien sûr mais ça va le faire hein ?
- Bien sûr ! Pareil pour moi, on va y arriver, lui souris-je ;
- Dis donc t'as encore tes cheveux toi ? Moi, regarde, plus rien !
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Parce que cela n'arrive pas qu'aux autres
Kurgu OlmayanCarnet -très intime- d'une guerrière Nathalie, Nath pour les intimes, a 42 ans à l'annonce de la maladie. Sa maladie. A travers les larmes, la joie et accompagnée de toutes les épreuves et émotions procurées par le « crabe », elle nous embarque dans...