Amitié naissante

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Je passais les deux prochains jours à tenter de faire passer inlassablement le temps. Comme si celui-ci, par magie, allait passer plus vite.

Mais bien évidemment, celui-ci passait à une vitesse que je qualifierai d'incroyablement longue.

Alors je tentais de m'occuper comme je le pouvais. Pour la première fois depuis la mort de ma mère, j'avais décidé de tenter d'arranger petit à petit les choses avec mon père, comme si Lexa avait eu ce pouvoir sur moi, ce pouvoir de vouloir aller mieux et de m'élever à la vie.

Alors le lendemain de ma première rencontre avec Lexa j'avais décidé de faire un effort envers celui-ci. Bien sûr il serait surement saoul encore une fois, alors j'avais décidé de commencer par le commencement.

À savoir trouver tous les alcools de la demeure afin de les vider. Je commençais par les cuisines, ouvrit plusieurs placards et y pris tous ce que je pouvais emporter.

Mon bras était douloureux alors ce n'était pas facile et par conséquent je m'aidais d'un petit chariot à roulette que j'avais réussi à concevoir moi-même en bricolant.

C'est dingue comme il y avait de l'alcool caché dans tous les recoins, derrière un meuble des cuisines, derrière un mur, dans un trou dans le sol caché par une planche, dans sa chambre sous son lit et encore dans bien d'autres endroits.

Mais peu importe le nombre, ce n'était pas important pour moi, tout ce qui comptait était que j'arrive enfin à aider mon père à sortir de cette addiction qui faisait de lui l'homme qui l'était devenu aujourd'hui, et que celui-ci, une fois sobre, passe enfin le cap du deuil de ma mère afin de recommencer à vivre. Et à vivre pour lui, pas seulement pour aller sur le champ de bataille.

Quand je vis mon père, peu de temps après, chercher partout son alcool et qu'il n'en trouva pas, il commença à retourner tout ce qu'il pouvait afin de pouvoir en trouver. Il était entré comme dans une rage folle, détruisant presque tout sur son passage, soulevant les bancs, jetant ce qui servait de vaisselle sur le sol, produisant ainsi d'assez gros dégâts à l'intérieur de notre demeure. Il s'en prit également à de pauvres gardes qui n'avaient rien demandé.

Mon père en prit certains par le col et les plaqua contre un mur afin de leur faire avouer un crime dont j'étais pourtant la seule coupable.

Il passa même presque à tabac l'un d'eux afin qu'il avoue où il avait caché les alcools. Il ne fut arrêté dans son sombre dessein que par Neven qui réussit à plaquer mon père contre un mur afin de le calmer, sauvant ainsi probablement la vie de son garde.

De toutes les manières, Neven n'avait pas eu d'autre choix que d'intervenir, si mon père tuait l'un de ses propres gardes, il finirait par perdre le respect de ceux-ci et il ne faudra pas grand-chose pour qu'un coup d'État éclate alors.

Son corps était visiblement en manque, il tremblait, ses paroles étaient presque incohérentes, il ne marchait pas droit tellement sa dernière cuite avait été terrible, et il transpirait encore comme un porc.

Mais devant le manque évident d'alcool pour mon père, je ne pouvais le laisser plus longtemps manquer de respect et maltraiter ses hommes de la sorte.

Alors je pris la décision d'aller vers lui. Et alors que je demandais à Neven, resté avec mon père afin de le calmer, de prendre congé, car je devais parler seule à seule mon père, je me plantais alors devant lui.

Le bras toujours en écharde, mes yeux plantés dans son regard, il était tellement saoul à longueur de journée qu'il n'avait même pas remarqué que j'avais mon bras cassé.

La guerrière oubliée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant