Hetna

12. Hoxs

    — Mitch ! Tu sais que j'ai raison !

    Hoxs se tourna vers Naomi, excédé. Depuis la fin de la réunion, elle le suivait partout en lui répétant inlassablement la même chose. Elle n'avait même pas pris la peine de prévenir et préparer son équipe pour la guerre à venir. Aussi le lui rappela-t-il dans l'espoir qu'elle lui fiche la paix. 

    — Non, l'équipe de l'Elysium ne participera pas à cette mascarade, pas sous mon commandement ! s'emporta-t-elle. Etes-vous tous aveugles ? Il nous ment ! Les Hetniens n'auraient jamais fait ça, j'en suis certaine. 

    — Tu ne les connais pas, tenta-t-il de la raisonner. Ils s'attendaient à notre visite, tout porte donc à croire qu'ils ont monté cette histoire de paix de toutes pièces. 

    Keayo soupira, tête basse et pendant un instant, Mitch crut qu'elle le laisserait tranquille et reprendrait ses esprits. En réalité, l'idée d'une guerre, surtout avec Hetna ne l'enchantait guère plus. D'abord parce qu'il avait la certitude qu'Hetna répliquerait toujours avec plus de puissance qu'eux. Comme il l'avait dit à son amie, ils attendaient la visite des Exaliens depuis longtemps, ils avaient eu tout leur temps pour se préparer à l'éventualité d'une guerre. Eux au contraire étaient loin d'être prêts. Cela faisait des décennies qu'ils n'avaient pas connu de guerre. A sa connaissance, depuis la fondation d'Exaly, il n'y en avait eu qu'une, mineure, entre deux Flottes à propos d'une planète. Les combats avaient vite cessé et la Flotte Américaine avait gagné le droit de diriger la planète suite à un accord avec les Japonais.

    De plus, lui aussi avait des doutes quant à la culpabilité des Hetniens sur cette attaque. Même s'il avait conscience de ne pas les connaître, Opeia ne lui avait pas paru être quelqu'un de mauvais, et à la façon dont elle décrivait son monde, il avait du mal à croire que les Hetniens leur veuillent du mal. Cependant, il se souvenait de l'expression de Ryker à la sortie de son entrevue. Il avait deviné que quelque chose ne s'était pas passé comme prévu. 

    — Et en ce qui concerne la planète ? 

    — La planète ? répéta Mitch, perplexe.

    — Il y a des ressources uniques là-bas. On ne peut pas se permettre de les perdre dans cette guerre. 

    — Personne n'a dit qu'on s'en prendrait à la planète elle-même, objecta-t-il vainement, sachant pertinemment que cet argument n'avait aucune valeur. 

    Si une guerre ravageait leurs planètes, Hetniens comme Exaliens se trouveraient privés d'une partie de leur ressource. Les combats n'épargneraient ni les habitants, ni les écosystèmes. Il repensa soudainement à Adèle. Il lui avait promis de l'emmener à la mer. S'il voulait qu'elle la voit un jour, il avait tout intérêt à protéger sa planète et sa famille. Et pour les protéger, il devait obéir aux ordres. Il s'excusa auprès de Naomi et s'éloigna en direction du laboratoire.

    Le Commandant revint à la fin de la journée, affirmant avoir mis un plan au point. Il demanda à voir les officiers et uniquement les officiers, aussi Mitch tourna en rond dans le laboratoire, attendant impatiemment d'obtenir des informations sur l'offensive. N'ayant pas de formation militaire, il n'était pas réellement censé participer au combat. Mais il avait l'intention d'aider de quelque façon que ce soit. Il ne pouvait pas rester les bras croisés. 

    — Tu ne voudrais pas t'asseoir ? demanda Brenda distraitement sans lever les yeux de son écran.

    — Cette attente me tue à petit feu. Pourquoi cela prend-il autant de temps ?

    — Tu as lu les anciens écrits de l'époque terrienne, non ? répondit Jeanne. Il y avait toujours des attaques très créatives. La surprise était souvent un élément important. Cela prend du temps pour monter de telles offensives. La bombe nucléaire n'a pas été inventée en un jour puis lancée le soir même.