Saison 1 - #2 - Sur un air de concertina

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Pov William

Une diligence avance au pas puis s'arrête devant la boutique de la modeuse. Le cocher descend de ce perchoir qui lui sert de siège avant de faire une légère révérence pour ensuite ouvrir la porte de son véhicule.

La jeune femme hésite quelques instants mais après un regard à l'intérieur, son visage s'illumine et elle saisit la main que lui tend l'homme pour se hâter de monter à l'intérieur.

Le cri de joie de la jeune femme ainsi que le baiser enflammé qu'elle échangera avec l'occupant de ladite calèche n'aura pas échappé au chauffeur mais que voulez-vous, c'est son travail de conduire cet homme où bon lui semble. Ce ne sera que la troisième ou quatrième de la journée.

Il referme la porte en baissant la tête en signe de soumission puis se dirige vers l'avant du véhicule. Il lève les yeux au ciel avant d'agiter dans l'air les rênes, intimant ses chevaux de partir au pas.

C'est ainsi que la voiture quitte le champ de vision de William, s'éloignant vers un lieu qui semble dédié à la débauche.

Le jeune homme reste immobile, en appui sur sa canne pendant qu'il observe la place du Trafalgar Square qui, comme toujours, ne manque pas d'animation.

Des calèches s'en viennent de-ci de-là pour déposer ou ramener des figures de la Haute.

Certaines personnes s'empressent de rejoindre leur camarade de promenade afin d'échanger sur le dernier ragot de la semaine. D'autres s'en vont entrer au sein d'enseignes dont la réputation n'est plus à faire, pour s'adonner à l'activité préférée des nobles : la dépense d'argent.

Parfois, ils sortent suivis d'un domestique qui, les bras débordants de paquets, se fait réprimander de ne pas marcher assez vite.

D'autres fois, ils serrent la main du propriétaire du magasin qui les remercie chaleureusement de leur achat en promettant de faire porter chez eux la pièce de leur désir une fois que tout sera prêt.

Puis ils s'en vont, satisfaits de la transaction, vers leurs demeures ou vers le dernier restaurant à la mode dont le pain de viande fait savourer tout Londres.

Des vendeurs de journaux de-ci de-là essayent de gagner la pièce qui leur permettra d'avoir, au moins, un petit bout de pain sur la table du dîner.

Ils braillent le nom de leur maison d'édition ainsi que le titre de la gazette en espérant que leur stock sera écoulé avant le coucher du soleil.

Une personne de statut aisé s'arrête et veut bien se prêter au jeu de troc en laissant tomber une pièce dans sa main avant de saisir le journal en prenant soin de ne pas rentrer en contact avec la souillure de l'encre présente sur les vêtements du prolétaire.

Une autre lui adressera plutôt un regard plein de dédain avant de reprendre son chemin vers l'objet de sa décadente convoitise.

Et c'est ainsi toute la journée. Animé, ai-je dit.

Au centre de ce capharnaüm se trouve une « tache », du moins c'est ainsi que le voit la classe sociale qui fréquente ces lieux.

Mal fagoté, des vêtements bien trop larges pour lui et un air assez négligé, un jeune homme reste, quelques instants, adossé à la statue située derrière lui avant de pousser un long soupir.

Il retire sa casquette pour passer une main nerveuse dans sa tignasse auburn. Puis, il la remet avant de remonter les manches de son manteau qui doit probablement lui servir à affronter le froid nocturne.

Après un regard rapide à gauche puis à droite, il sort de son sac un instrument de musique. Un dernier coup d'œil et l'adolescent se met à en jouer de toutes ses forces.

To Be Mine {EN PAUSE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant