39 - Le poids de la famille

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Tin était énervé, déçu. Contre lui, contre Can, contre sa vie, sa famille qui l'avait fait tel qu'il était. Il se détestait. Il avait réussir à s'ouvrir, il avait pu lui parler. Mais il avait tout gâché. En voyant son regard, cette pitié, ses excuses sincères, il avait pris peur. Il ne comprenait pas pourquoi Can était aussi gentil avec lui, ni même pas pourquoi il lui faisait cette effet-là. Même Pete n'avait pas eu cet effet sur lui. En fait, malgré son obsession de vouloir être Pete, il ne lui avait jamais rien dit sur sa famille. Alors pourquoi il s'était senti obligé de se justifier auprès de ce gamin. Il était tout ce qu'il détestait et méprisait depuis des années. Un programme thaï, trop bruyant, sans aucune éducation ou intelligence. Et pourtant, à lui, il lui a tout dit. Et après il avait tout gâché. Comme toujours. Il l'avait fait fuir. Maintenant, il en était sûr, Can ne voudrait plus l'approcher. Il l'avait dit très clairement d'ailleurs.

C'est dans cet état d'esprit que Tin passa la porte de chez lui. Loin de sentir un quelconque apaisement, il senti ses nerfs être encore mis à rude épreuve. Sur le canapé, fixant le mur devant lui, son frère. Il était grand, les cheveux noirs, un visage anguleux, un nez très fin et droit. Rien que de le voir Tin voulait le frapper. Il ne fit rien, et passa à côté de lui en l'ignorant.

- Tu ne veux même pas dire bonjour à ton grand frère ?

Tin s'arrêta en bas des escaliers, et se tourna vers son "frère".

- Tu es un très bon acteur.

Son frère soupira, et se pencha en avant. Il regarda le plus jeune, en prenant sur lui pour en pas s'énerver contre lui.

- Tu veux qu'on dîne ensemble ? J'emmène tout le monde au restaurant.

- Non. Je peux rien avaler.

Tin commença de nouveau à s'éloigner, mais son frère l'arrêta une fois de plus

- Attends ! Comment vas-tu ? On se parle à peine

Tin se contenta d'un rire moqueur, et s'éloigna, pour rejoindre sa chambre. Il s'arrêta sur le pas de la porte, enfin à l'abri du monde extérieur, et regarda derrière lui.

Tu ne peux même pas faire confiance à ta propre famille. Comment peux-tu croire en quelqu'un d'autre ? Oublie-le

Il essaya de se convaincre que Can était comme sa famille. Mais la boule dans son ventre ne partit pas. Il soupira, sans résultat.

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Can était devant la porte de chez lui, assis à côté de son chien. Tout en le câlinant, il l'insultait, gentiment.

- Traître de chien. Méchant chien. Pourquoi ? Chien ami avec un étranger. Chien stupide pour lui faire confiance. Comment tu as pu te laisser te duper ?

Les images de sa dernière confrontation avec Tin lui revinrent en mémoire. Il ne savait plus si il parlait du chien ou de lui. Après tout, lui aussi avait fait confiance à Tin. Il avait cru que ce qu'il lui avait raconté. Il se sentait mal de s'être laissé avoir. La boule dans sa gorge refusait de s'éloignait. Plus il y pensait, plus il en voulait au plus grand. Il soupira, en baissant les yeux. Il se sentait juste horriblement mal.

- Il ne va jamais te répondre, tu sais ? intervint Lay inquiète

- Bien sûr, je suis pas bête. Mais les chiens sont très intelligents. Comme ils l'ont dit dans le documentaire, les chiens comprennent le langage humain, et nos sentiments. Comme certains chiens qui attendent pendant des mois le retour de leur maître de l'hôpital. Tristes mais très fidèles. Aussi, en montagne dans certains pays. Ils sont...

- Ça suffit. Ne t'éloigne pas du sujet. Parlons de mes affaires.

Lay s'approcha avec un grand sourire, presque en sautillant. Elle s'installa sur le banc à côté de Can, et le regarda, parlant d'une voix mielleuse.

Love by ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant