« Il était fait d'ombre. Elle était faite de sang.
Le noir et le rouge, réunis. »
Sanja avait toujours cru que sa place serait dans la ferme familiale, à s'occuper des animaux et de ses proches.
Petite, elle s'imaginait déjà raconter à ses propres e...
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-Où allons-nous si tôt ? Parce que je n'ai pas le souvenir qu'entraînement matinal signifiait se lever aux aurores pour faire une randonnée dans la forêt...
L'aube était à peine levé, mais l'obscurité de la nuit était encore largement présente.
Sanja avait été réveillée par la brutale entrée d'Iryna dans sa chambre, quand la lune était encore haute dans le ciel, prétextant un entraînement très matinal.
Mais au lieu de se rendre vers leur salle d'entraînement habituelle, Iryna avait ouvert une baie vitrée dans l'espace réservée aux Corporalki et lui avait ordonnée de la suivre sans plus d'explications.
Des lanternes avaient été allumées sur le chemin menant vraisemblablement vers les bois du Little Palace et éclairaient leur silhouettes sombres dans l'allée.
-Voir Baghra, répondit simplement Iryna, les mains dans les poches, sans relever la tentative de plaisanterie de Sanja.
-Baghra ? Répéta Sanja en fronçant les sourcils, qui est-ce ?
-Arrête de poser des questions, soupira la fondeuse en regardant par-dessus son épaule, tu verras bien quand nous y serons.
Sanja se contenta de soupirer silencieusement sans rien ajouter. Elle avait l'habitude maintenant de l'absence de réponses de la part de sa préceptrice.
Iryna coupa à un moment le chemin illuminée et continua à la guider entre les rangées d'arbres, ce qui étonna la Grisha en formation, qui regarda derrière son épaule pour voir si quelqu'un les observait.
La vie animale se réveillait peu à peu autour d'elles : des oiseaux gazouillaient et Sanja pouvait entendre le chant des cigales dans les hautes herbes. L'air était étouffant à cause du feuillage épais des arbres, empêchant le vent matinal provenant du nord de rafraîchir l'air. Cela lui rappelait les étés dans sa ferme, où il fallait attendre la fin de la journée pour travailler.
Alors que Sanja commençait à penser que tout ceci n'était qu'une vulgaire plaisanterie orchestrée par Iryna simplement pour lui mettre les nerfs à rude épreuve dès le matin, elle aperçut soudain une vieille bicoque, un peu cachée par deux chênes. Une épaisse fumée blanche s'échappait de la cheminée de la cabane et toutes les fenêtres avaient été condamnées, comme pour empêcher toute lumière d'entrer.
-On aurait pas fait mauvaise route par le plus grand des hasards ? Demanda prudemment Sanja en ralentissant le pas, peu rassurée par l'aspect froid de la maisonnette.
Iryna ne répondit pas, se contentant d'approcher de la maison, ce qui la poussa à faire de même. Elles gravirent les quelques marches et Iryna ouvrit la porte sans frapper.
-Entre, lui ordonna-t-elle en lui faisant de passer la première.
Quand elle referma la porte derrière elle, l'obscurité fut quasi totale. Sanja entendit Iryna grommeler à voix basse : « cette vieille chouette pourrait quand même ouvrir un volet... ».
