Chapitre 6

103 6 0
                                    

C'est environ cinq minutes plus tard que la voiture de Ben se gara devant un vieux café vintage, qui grouillait de monde, tous des jeunes pour la majorité. Ce lieu n'inspirait pas confiance à Dolores. Ben souriait comme un enfant le matin de Noël. Il sortit le premier et fit le tour pour lui ouvrir sa portière.

-Tu ne vas pas rester ici toute seule, viens avec moi.

Elle soupira, sachant qu'elle serait plus en sécurité avec lui dans le café que dehors, installée dans la voiture. Il claqua la portière, et de nombreux regards dévièrent vers eux. Dolores s'approcha le plus possible de Ben. Ils entrèrent dans le café et elle fut surprise par toutes les personnes présentes. L'espace était bondé, ça sentait la cigarette à des kilomètres à la ronde, mais il y avait un brouhaha si conviviale qu'elle en fut étonnée. Elle savait qu'elle sortirait d'ici avec une migraine au vu du bruit qu'il y avait, mais peut-être qu'elle allait pour une fois se sentir pleinement vivante plongée dans cette masse informe de gens.
Ben avança vers le fond du café, saluant quelques personnes sur son passage, et acceptant les "ça fait longtemps qu'on t'a pas vu" avec un chaleureux sourire. Il savait que la jeune fille était sur ses talons et qu'elle ne comptait pas s'éloigner de lui une seule seconde. Ils arrivèrent face au vieux juke-box et jeux d'arcades. Sa petite bande était là, comme toujours, à papoter et à jouer. Kenza fut la première à les remarquer. C'était une grande noire aux cheveux afro très soignés. Elle s'empressa d'avertir les autres. Ben sentit Dolores se tendre derrière lui. Il salua ses cinq amis rapidement avant de ramener près de lui la jeune fille qui semblait vouloir se faire minuscule.

-Qui est-ce? demanda Kenza.
-Je vous présente Dolores. C'est chez sa mère que j'habite. Elles m'acceuillent toutes les deux chez elles.
-Bienvenue parmi nous alors Dolores! souria Nina.

De leur côté, les trois amis de Ben lui offrirent un accueil plus glaçant. Dolores se demandait réellement pourquoi il l'avait emmené ici. Les gens buvaient de l'alcool à foison, ils fumaient toutes sortes de produits, et certains ne semblaient pas connaître la notion d'intimité à se dévorer le corps dans des coins "cachés". L'endroit de la débauche. L'antre du diable. Ben se pencha pour couvrir le bruit qui les entourait.

-Celui avec les cheveux bleu c'est Djason, le métis c'est Caleb et celui avec le tee-shirt avec écrit "Mexico" c'est Rodrigue.

Elle secoua énergiquement la tête, sans pouvoir retenir un léger hoquet de surprise en entendant une voix puissante et tonitruante interpeller Ben. Il releva la tête vers un homme gigantesque, très musclé, les bras tatoués et une longue barbe brune. Ils échangèrent un sourire alors que l'homme s'arrêtait devant eux, un plateau remplit de pintes de bière.

-Que me vaut cette charmante visite mon grand?
-Pas grand chose, je comble les instants atroces qu'elle doit passer avec moi. Elle ne m'aime pas trop mais on doit rester ensemble, tu comprends.

Dolores sentit tous les regards se poser sur elle. Elle devint aussi rouge qu'une tomate.

-Je suis Oliver, le père de tous les gamins que tu verra ici ma petite.
-En-enchantée.

Oliver salua Ben et partit. La jeune fille s'empressa de lui jeter un regard noir en lui attrapant l'avant-bras pour qu'il descende à sa hauteur.

-Plaît-il? souria le jeune homme.
-Pourquoi as-tu dis ça devant tout le monde? murmura-t-elle.
-Ça te dérange?
-Ils vont m'égorger avec le premier truc coupant qu'ils trouveront!
-Ne dis pas de bêtise.
-Tu as fait exprès de dire ça pour qu'ils ne m'apprécient pas.
-Je l'ai dit parce que c'est la vérité.
-Je n'ai jamais dit que je ne t'aimais pas.
-Mais tu me le fais très clairement comprendre.

Sur ce, il se redressa en se joignant à la conversation que tenaient ses trois amis. Dolores n'eut pas le temps de réfléchir ou de choisir si elle devait être vexée ou en colère que Kenza et Nina l'attrapèrent pour aller faire une partie de fléchette.

Ben avala en une gorgée le fond de sa bouteille de bière sous le regard réprobateur de Dolores. Il en était à sa deuxième, et elle lui avait très clairement dit qu'elle n'était pas en accord avec son comportement. Elle se détourna pour lancer à son tour une fléchette qui toucha le centre de la cible. Djason se pencha à son oreille pour être certain d'être entendu.

-Pas mal la petite.

Ben lui lança un regard noir. Qu'est-ce qu'il voulait vraiment?

-Si tu le dis.
-C'est toujours aussi tendu entre vous?
-Elle ne me fait pas confiance.
-Elle est libre?
-Qu'est-ce que tu cherche Djason à la fin?
-Savoir si la voie est libre pour moi.
-Elle te plaît? intervint Caleb.

Les quatre garçons posèrent leurs regards sur la jeune fille. Elle était penchée en avant, fléchette entre les doigts, langue pendue entre les lèvres. C'est vrai qu'elle pouvait être sexy, vu comme ça.

-Pas touche, déclara Ben. Ce n'est pas le genre de filles qu'on a l'habitude de fréquenter.
-Dis plutôt que tu veux la garder pour toi, ricana Rodrigue à l'instant où elle tourna les yeux vers eux.
-Elle ne me plaît pas. Je n'ai juste pas envie de m'attirer les foudres de sa mère.
-Tu ne nous avais pas dit que Cendrillon devait être rentrée pour seize heures? demanda Caleb.

Ben posa son regard sur l'horloge du café. Dix sept heures quarante. Ils étaient cuits. Il salua avec empressement ses amis, s'excusant de devoir les laisser si vite et en leur promettant de revenir.

Jeux interdisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant