YEUX ROUGES | daryl dixon

III . nuit

La fois suivante, il faisait nuit. La lune éclairait doucement le petit centre commercial abandonné qui s'élevait au bord de la route. Il y avait une église non loin mais Daryl avait décidé que l'endroit était trop sinistre. Il n'avait jamais été pieu mais son enflure de père les avait forcé lui et Merle à y aller jusqu'à qu'ils ne soient plus sous son joug. Les lieux saints lui donnaient la nausée depuis.

Après avoir vérifié qu'aucun rôdeurs n'étaient dans les parages, il rentra dans le magasin. Deux pas plus tard, il entendit des frottements dans son dos et à peine eut-il eut le temps de se retourner que l'inconnu aux lunettes de soleil braquait l'arme de son fusil à pompe sur lui.

- Putain mais qu'est-ce que tu m'veux à la fin ? grogna-t-il.

Daryl leva les mains pour signifier qu'il n'était pas une menace.

- J'savais pas que t'étais là. J'te suis pas, j'cherchais juste un endroit où pieuter.

- Comment j'suis sensé te croire, espèce de détraqué.

- J'm'en fous de c'que tu crois, laisse moi juste partir.

- Tu sais où je dors ! J'peux pas te laisser repartir, mec.

- Alors laisse moi rester ici, tenta Daryl.

L'homme hésita quelques instants puis abaissa finalement le canon de son arme en haussant les épaules.

- Okay, siffla-t-il, mais je garde les armes. J'te rendrait les tiennes demain. File moi ton arbalète.

Daryl se contenta d'acquiescer d'un geste et lui tendit son arbalète. Il ne releva pas s'il avait fait exprès d'omettre de lui demander son couteau.

- Je m'appelle Lancelot, enchaîna-t-il en posant les armes derrière le comptoir de la caisse, et toi ?

Quand il releva la tête, quelque chose sauta aux yeux de Daryl, quelque chose de pas si important que ça mais qui avait perturbé Daryl les fois où il l'avait vu.
Il ne portait pas ses lunettes.

Daryl ne l'avait pas immédiatement remarqué, l'obscurité de la nuit et l'adrénaline n'ayant pas aidé. Mais maintenant, il percevait les reliefs de son visage et l'étrange éclat cinabre de ses yeux.
Puis cet éclat disparut sous d'épais verres noirs.
Il avait remit ses lunettes.

- Eh oh ? T'as vu un fantôme, mec ? siffla Lancelot avec une teinte d'amusement dans la voix.

- T'y vois quelque chose avec ces lunettes ? répliqua sèchement Daryl.

- Honnêtement non, rigola-t-il. Mais tu me fixe dans les yeux, ça me met mal à l'aise.

Daryl haussa un sourcil dubitatif mais ne répondit rien.
Lancelot enchaîna.

- Tu tombes à pic, à vrai dire ! s'exclamât-il en s'enfonçant à tâtons parmis les étagères quasiment vides. Je suis tombé sur une petite petite merveille dans la réserve, tu vas halluciner !

Le chasseur fronça les sourcils et serra son poing sur le manche de son couteau. Sur quel énergumène était-il encore tombé ? Il se rendait presque aveugle alors qu'il lui avait laissé son couteau - délibérément ou pas, ça Daryl ne savait pas -. Et maintenant il n'était plus du tout sur ses gardes et il lui tournait carrément le dos.

- Hein ? Tu vas où ?

Lancelot se retourna, renversant une boite vide en carton au passage. Daryl grimaça.

- Dans la réserve j't'ai dis, mais tu peux passer devant si tu veux.

- Non, vas-y, j'te suis.

Il acquiesça et se retourna, Daryl le vit remonte ses lunettes sur son front mais ne fit aucune remarque. Il pointa discrètement son couteau vers le dos de Lancelot et lui emboîta le pas.
Quelques secondes plus tard, Lancelot ouvrit la porte d'une petite réserve aux étagères pleines de cartons.

- Tadam !

- Des cartons, tu t'fous d'moi ?

- Ce ne sont pas n'importe quels cartons, y a ma lampe torche dans la poche droite de mon manteau, attrape la moi s'il te plaît.

Daryl fronça les sourcils.

- Pourquoi tu veux que j'te l'attrape ?

- Tu pointes ton énorme couteau de chasse sur moi alors désolé mais je ne vais pas tenter de faire un mouvement qui pourrait t'inciter à me trouer comme un passoire.

- Pourquoi tu m'l'as pas prit ? T'es débile ou quoi ?

- Non ! J'pensais pas que t'allais t'en servir !

Daryl cru halluciner. Il venait de rêver ou ce survivant de la fin du monde pensait encore que les gens étaient gentils ?

- Mais t'es complètement con c'est pas possible, cracha le chasseur en rangeant son couteau pour de bon.

- Sympa, merci mec, ça fait toujours plaisir à entendre.

Daryl ne répondit pas alors la catastrophe ambulante prit sa lampe torche et éclaira les cartons ouverts avec un immense sourire.

- De l'alcool ? fit Daryl, surprit.

- Ouais, une quantité astronomique d'alcool ! Assez pour se mettre une race pendant au moins une semaine !

Daryl le fixa en silence. Puis il tourna les talons et commença à s'éloigner.

- Eh tu fais quoi ?

- J'me barre.

- Pourquoi ? Tu dois rester j'te rappel !

Il ignora cette remarque profondément stupide mais Lancelot ne s'arrêta pas là, en fait, il vint même se planter devant lui.

- Non non attends !

- Bouge de là.

Lancelot se pinça les lèvres.

- Restes boire avec moi.

- On s'connait pas.

- Et alors ? Moi non plus j'me connais pas et j'vis bien avec moi-même tous les jours. Allez viens boire, ça nous fera du bien à tout les deux.

À ce moment-là, personne -et encore moins Daryl- ne sut pourquoi il avait accepté, presque immédiatement.
Peut-être était-ce la pression et l'angoisse obsédantes qui l'avait poussé à sauter sur l'occasion de se détendre. Ou peut-être simplement qu'il était inhabituel curieux d'en savoir plus sur cet homme aux lunettes de soleil.