YEUX ROUGES | daryl dixon

VI . matin

Épuisé par sa nuit blanche et étrangement rassuré par les mots de Daryl, Lancelot ne partit pas le prendre en course immédiatement. Il laissa au chasseur son espace, lui aussi avait besoin de respirer pour mettre les choses au clair et se reposer après tout.

Lancelot soupira, il fit le tour de l'église, vérifiant les issues plus par automatisme que par réelle inquiétude. Le bâtiment semblait sécurisé alors il se détendit et s'allongea dans un coin, les yeux rivés sur les vitraux colorés qui contaient les scènes -qu'il connaissait par cœur- de la Bible.

La fatigue l'accablait mais son cerveau n'avait pas l'air de vouloir le laisser en paix, il tournait si bien que Lancelot cru que de la fumée allait sortir de ses oreilles. Les mots de sa nouvelle relation, tournaient en boucle dans sa tête. Il pesait le pour et le contre et se posait toutes sortes de questions agaçantes.
Avait-il mal compris ? Est-ce que Daryl avait vraiment voulu dire qu'il était intéressé ? Il devait considérer sa réponse comme un non ? Mais s'il considérait sa réponse comme un non et qu'il lui redemandait, il n'allait pas passer pour un forceur ? Mais en même temps, s'il prenait ses mots comme un oui alors qu'il n'avait pas été si clair que ça, il agirait comme un agresseur.

Lancelot fronça les sourcils et grogna de frustration. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'il tombe sur un imbécile absolument charmant et plus compliqué qu'une partie d'échecs ?
Et pourquoi il se prenait autant la tête ? Il n'avait jamais fait ça avant, tout était plus facile avec Ben, il disait quelque chose et Lancelot obéissait. Ce n'était pas la relation parfaite -loin de là-, mais au moins, Lancelot n'avait pas à prendre des décisions aussi compliquées qui lui donnaient mal à la tête.

Il se demanda ce que faisait Daryl de son côté, il devait déjà être loin dans la forêt à la recherche de son ami.
Argh, oui, son ami. Lancelot l'avait oublié.

Quand Daryl lui avait raconté l'histoire, Lancelot s'était immédiatement dit que Daryl était clairement amoureux de lui, ou du moins, il l'aimait avec dévotion et tout l'attirail du meilleur ami ébloui par le charisme de celui qui faisait battre son coeur. Mais vu comment il en parlait, ça se sentait qu'il n'avait jamais fait face à ses sentiments, qu'il les avait refoulé tout au fond de lui jusqu'à ne plus entendre leurs gémissements incessants et finir par les oublier. Daryl avait l'air d'être le genre de type qui ne s'intéressait pas aux femmes mais qui refusait catégoriquement de relationner avec des hommes parce qu'il avait été élevé dans une famille homophobe au possible. Évidemment, Lancelot ne le connaissait pas, mais des gens comme lui, il en avait croisé un paquet et maintenant, il savait presque les reconnaître.

Fixant le plafond lumineux, allongé à même le sol, Lancelot se dit que Daryl lui plaisait mais qu'il ne voulait absolument rien construire avec lui. En fait, il ne voulait rien construire du tout puisqu'il avait planifié son suicide depuis la mort de Ben. Enfin, il ne l'avait pas planifié à proprement parlé, il se disait juste que si l'occasion de mourir se présentait, il n'hésiterait pas une seconde avant de se jeter dessus.
Il n'avait pas de but, pas d'attaches, pas d'envie de vivre, alors pourquoi continuer à errer comme un fantôme si rien ne le rattachait au monde des vivants ?

Sauf que pour l'instant il y avait Daryl. Ce pèquenot renfrogné le divertissait, il était arrivé pile après la mort de Ben et Lancelot n'en revenait pas de la chance qu'il avait. Il n'était pas vraiment tout seul et était très heureux de ça, alors tant qu'il y avait Daryl, Lancelot serait là. Et quand Daryl retournerait chercher son meilleur ami, leur chemin se séparerait et Lancelot s'arrêterait là.

Mais tant qu'à avoir un homme plutôt pas mal et qui ne semblait pas vraiment le fuir, autant en profiter, non ?

Lancelot s'endormît finalement, bercé par des idées intriguantes les impliquants lui et Daryl.