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Conny but son verre d'eau d'une traite, puis sourit joyeusement en te le tendant avec ses deux petites mains.

Tu aimais bien les enfants.

Ils pouvaient être agaçants parfois, c'est vrai. Mais tu aimais les voir se courir après dans la salle de jeu, les observer colorier aux crayons de couleur avec toute la minutie du monde. Comme si dépasser des lignes était leur seule crainte dans la vie.

Cette vision t'attendrissait, et tu les enviais même parfois. Toute cette innocence, cette bonté presque innée et la confiance aveugle qu'ils accordent aux mots des adultes sans crainte d'être trompés.

S'il ne fallait qu'y penser très fort, tu aurais adoré retourner en enfance quelques heures.

Comment étaient-ils, Emma, Ray et Norman à cette époque ? Quels souvenirs évoquaient-ils après quelques verres en riant ? Enfin, cette situation pourrait difficilement arriver aujourd'hui.

L'heure avait déjà tourné, et tu avais enfin réussi à coucher les enfants. Phil ferma les yeux avec ton doigt dans sa main mais tu te débrouillas pour l'enlever sans le réveiller et t'éclipser de sa chambre en silence.

Tu fermas la porte et soupiras un instant. À force de t'occuper d'eux, tu en avais oublié que Norman était toujours là, sûrement dans le salon. Tu aimais l'idée de pouvoir parler un peu avec lui avant que Madame Krone ne rentre.

Tu marchas dans le couloir, tes pieds faisant doucement grincer le parquais.
Tu aperçus la lumière allumée dans le salon et t'y dirigeas.

-C'est bon ils do-. commenças-tu.

Tu te tus soudain en t'apercevant que Norman s'était assoupi, sa tête légèrement penchée sur le côté, assis sur le canapé.

Au final, il était un peu comme un enfant lui aussi.

Bizarrement, ça t'émouvait. C'était étrange comme sensation. Ça tirait quelque chose dans le fond de ta gorge comme si l'on t'avait accordé une petite récompense inattendue.

Tu t'approchas doucement de lui et t'assis à ses côtés. Pour une fois, il n'avait pas l'air de tout savoir et d'avoir une longueur d'avance sur la situation comme c'est toujours le cas. Il était juste là, endormi et vulnérable.

Tout ce qu'il manquait était le bleu de ses yeux caché sous ses paupières.

Tu te sentis frémir. Quand avais-tu commencé à le voir de cette façon ?

Tu pris un temps pour revoir tous les événements de ces derniers temps. C'était quelque chose que tu faisais souvent lorsque tu avais l'impression de te perdre dans le fil des choses.

Tu revis Ray et Sherry mais une part de toi les chassait à tout prix de ton esprit et à force de creuser, tu te revis en enfance.

Tu étais une petite fille enjouée dans le temps, pleine d'énergie et toujours partante pour une partie de loup avec tes camarades de classe.

La maternelle et la primaire n'étaient que de bons souvenirs et tu t'estimais heureuse de pouvoir dire cela d'une partie de ta scolarité. Tu te souvins de l'époque où tu étais une enfant plutôt modèle mais ce n'est pas comme si tu avais le choix.

Un petit bruit te sortit de tes pensées et tu entendis quelques marmonnements.

-Tu as fini la sieste ? chuchotas-tu.

Norman se redressa encore un peu assoupi.

-Euh... j'ai dormi longtemps ? répondit-il.

-Peut être bien. te moquas-tu.

Tu te délectas de sa mine fatiguée mais toujours aussi charmante. Il voyait sûrement la petite satisfaction que tu en tirais et s'empressa de changer de sujet.

-Um.. Qu'est-ce que tu faisais ?

-Oh rien, je pensais juste.

Norman se tourna un peu plus vers toi, comme pour en savoir plus.

-Eh bah quoi ? ajoutas-tu.

Il pencha légèrement la tête en souriant.

-Ces petits yeux ne marcheront pas à chaque fois tu sais ? dis-tu.

-Juste assez à mon avis.

Tu tournas les yeux ailleurs, sachant pertinemment qu'il avait raison. Son regard te fixa, il n'avait pas besoin de beaucoup de temps pour retrouver sa malice habituelle. Un petit silence s'imposa, comme si c'était le moment opportun pour prendre du recul sur tout. Tu n'imaginais pas que ta relation avec Norman te mènerait jusque là, loin de là. Et pourtant, c'est comme si ce n'était que le début, qu'il te restait bien des choses à découvrir de lui.

-Il reste peut être une demi-heure avant que Madame Krone ne rentre. dis-tu en regardant l'heure sur ton téléphone. Les enfants dorment déjà.

-Qu'est-ce que tu insinues ? souffla-t-il, d'un air évocateur.

Tu te sentis rougir en comprenant cette phrase.

-Oh euh.. c'est pas ce que je voulais dire. barbouillas-tu.

Tu t'en voulus un peu de perdre aussi facilement tes moyens. Norman sourit calmement et caressa ta joue avec un doigt.

-Je t'embête un peu c'est tout. chuchota-t-il innocemment.

-J'ai comme l'impression que tu t'en as fait un nouveau hobby. dis-tu d'un faux ton vexé. Ne me sous-estime pas trop, je ne suis pas si mauvaise à ces jeux là.

Norman rit légèrement en passant ses doigts dans ses fins cheveux blancs. Tu n'avais pas remarqué qu'ils étaient aussi clair dans ton souvenir. L'ont-ils toujours été ?

-Norman ?

-Mh ?

Tu pris une grande inspiration et soufflas doucement avant de poursuivre.

-Je pense que j'ai besoin d'un peu de temps. J'ai peur de tout gâcher sinon.

Contrairement à ce que tu avais imaginé, Norman ne sembla pas surpris ni déçu. Il avait presque l'air soulagé que tu lui accordes assez d'importance pour ne pas se précipiter. Ce qui était vrai.

Tu n'avais pas eu tant de relations sérieuses auparavant et tu ne voulais pas risquer de faire de Norman un de ces "coups de temps en temps". Il te restait encore certaines choses à régler. Il était sur le point de répondre quand tu entendis la porte d'entrée grincer à son ouverture.


White book [ Norman X Reader ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant