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-Alors ? dis-tu sans trop comprendre, pendant qu'il peinait simplement à lire l'étiquette de la boîte aux lettres.

Il prit quelques secondes à répondre ce qui évinça ces quelques doutes. Quelque chose n'allait pas.

-C'est écrit Ratri.

Tu te souvins de la secrétaire qui avait crié ce nom dans la rue, c'était l'homme en costard de l'épicerie. Norman garda son regard fixé sur ce nom. Ne sachant pas vraiment quoi dire, tu dis la vérité :

-Oh je le connais ! Ça ne fait pas longtemps qu'il est en ville.

Norman tourna la tête en ta direction avec une expression surprise empreinte d'une colère qui te prit de court. Tu ne l'avais jamais vu porter cette expression, même face à Ray. Soudain, il s'approcha de toi d'un pas rapide et s'arrêta tout juste devant toi en te fixant droit dans les yeux. Tu écarquillas les tiens et eus un mouvement de recul.

-Oula ça va pas ? dis-tu dans la foulée. 

Cette empreinte de colère que tu perçus dans ses yeux te perturba, mais elle s'évapora aussi vite qu'elle était venue pour laisser place à un vide glaçant.

-Pourquoi ? laissa-t-il échapper dans son souffle.

Tu saisis ses épaules pour tenter de le raisonner.

-Eh Norman ! Qu'est-ce qui va pas ? 

Il se défit de ton étreinte d'une froideur dont tu avais rarement fait l'expérience à ses côtes.

-Laisse moi.

Aussitot, il s'en alla sans se retourner, d'un pas fuyant qui te laissa figée sur place. Qu'est-ce que c'était que ça ? Après un bref moment, tu pris ton téléphone et tenta de l'appeler, sans succès. Tu étais encore subjuguée par la vitesse avec laquelle tu étais passée d'une situation à l'autre.

Ce Ratri connaissait Norman et il y avait quelque chose qui n'allait pas dans cette histoire.

Tu pris quelques minutes pour t'assoir sur un banc et digérer l'information. Norman ne t'en avais jamais parlé et tu ne croyais pas qu'Emma en sache grand chose non plus. Tu tentas de retourner les récents évènements dans tous les sens pendant plus de temps que tu ne le pensais. Est-ce que c'était juste la goutte de trop dans un vase déjà trop plein ? C'est vrai qu'il n'était pas dans son assiette ces derniers temps.

Et puis merde. La réponse était devant tes yeux. 

Tu te levas et te dirigeas vers le portail avant d'appuyer sur la sonnette une première fois, puis une deuxième, puis une troisième Cette fois-ci, le portail s'ouvrit et tu t'approchas de la porte. La porte se déroba sous ta main avant que tu ne puisses toquer et une femme à l'allure stricte se montra.

-C'est à quel sujet ? demanda-t-elle en te scrutant de haut en bas, les sourcils arqués.

-Bonjour... Est-ce que Monsieur Ratri est présent ?

Un léger air de musique classique résonnait à l'intérieur.

-En quel honneur ?  t'interrogea-t-elle.

-Je suis une connaissance, et une amie de Norman. tentas-tu.

Elle roula des yeux et ferma la porte sans dire un mot. Tu auras essayé au moins.

Tu te redirigeas bredouille vers la sortie, toujours sans réponse à tes questions.

-Bonjour Mademoiselle ! fit-une voix forte mais douce derrière toi. Tu te sentis frissonner.

Tu te retournas pour voir cet homme, celui que tu cherchais tout sourire devant la porte grande ouverte. C'était bien lui.

-Oh bonjour je-...

-Allons entrez, on ne va pas discuter dehors tout de même. Il commence à faire sombre. te coupa-t-il.

Il te fit signe de le rejoindre et entra à l'intérieur et tu le suivis en marmonnant une formule de politesse.

L'intérieur de l'endroit était tout aussi somptueux que l'extérieur. Quelques lustres ornaient les plafonds d'un luxe pas trop excessif, juste assez subtil. 

Ratri te guida dans un bureau avec quelques fauteuils et une table sur laquelle le thé venait tout juste d'être servi. Tu t'arrêtas devant la pièce.

-Est-ce que c'est comme ça que vous accueillez tous les inconnus qui toquent à votre porte ? demandas-tu.

-Tu n'as pas toqué n'est-ce pas ? dit-il en servant le thé. Et tu n'es pas une inconnue.

Cette pièce était plus sobre que les autres. Peut-être était elle adaptée à la réception d'invités plus modeste que l'hôte pour ne pas se montrer trop intimidante. En tous cas, il l'était beaucoup des quelques mètres qui vous séparaient que lorsque tu l'avais croisé dans cette modeste épicerie.

Tu avanças jusqu'à la table et pris une tasse de thé.

-Qu'est-ce qu'un homme qui sert du thé à une inconnue pouvait bien faire dans une épicerie de quartier si tard dans la nuit ? demandas-tu de nouveau.

Il gloussa presque artificiellement, comme le font ces directeurs devant leurs investisseurs.

-Je préfère cette sous-marque de thé bien trop sucrée, ne le dites à personne. plaisanta-t-il en buvant une gorgée.

-Une de vos secrétaires n'aurait pas su choisir ?

Tu avais l'impression de gronder une réelle connaissance, qu'il t'y suive t'étonna. Il s'asseya sur l'un des fauteuils sa tasse à la main, et la bougea pour faire tournoyer le liquide à l'intérieur.

-Est-ce que Norman aime le thé ?  demanda-t-il en te regardant.

Tu marchas lentement dans la pièce et admira les tableaux et les étagères qui tapissaient les murs. Tu laissas tes doigts glisser sur les reliures des livres.

-Pourquoi vous ne lui demandez pas vous même ? 

Tu finis par appuyer tes bras sur le dossier d'une des chaises face à lui, laissant ta tasse refroidir sur la table. Monsieur Ratri fit glisser sa main dans ses longs cheveux blonds.

-S'il y a une chose qu'il ne semble pas aimer, c'est vous en tous cas. repris-tu

Il garda son attitude légère alors que tu étais on ne peut plus sérieuse.

-Je t'en prie, appelle moi James chérie.

Il t'agaçait. Cet air condescendant noyé dans un charisme insolemment charmant, te faisait bouillonner. Ça commençait à aller mieux. Norman passait une bonne après-midi. Tu passais une bonne après-midi. La seule existence de James Ratri ici avait réussi à la gâcher et tu voulais l'en tenir entièrement responsable malgré toi.

Mais tu ne tirerais rien à laisser voir ta frustration.

Tu marchas lentement vers lui qui était toujours assis, toujours impassible d'un quelconque indice.

-Qu'est-ce que vous gagnez à me laisser déambuler en ces lieux James ? dis-tu en trainant le pas.

C'est vrai que tu étais plus belle que de coutume aujourd'hui. Mais tu n'étais pas comme ça. Tu le ferais autrement.

-Une muse n'est pas de trop dans un manoir si vide.

-Vous pouvez en louer de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de tous les horizons, de toutes beautés.

James se leva comme s'il voulait se dégourdir les jambes lui aussi.

-Celle-ci a de particulièrement bonnes fréquentations, et bon goût en terme d'architecture. dit-il en scrutant le plafond.

Tu commenças à t'inquiéter. Seule Emma savait que tu aimais regarder ce manoir. Autrement, il faudrait que l'on t'ai suivie pour le savoir.















White book [ Norman X Reader ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant