27.

96 13 5
                                    

Norman se mit à t'éviter et tu étais encore trop perturbée par ce qu'il t'était arrivé pour lui courir après. Tu étais devenue un peu parano, regardant constamment derrière toi à chaque coin de rue.

Tu avais décidé de ne rien dire à Emma. Ça ne ferait que l'inquiéter et elle n'aurait pas pu faire grand chose pour t'aider dans tous les cas. Tu essayais malgré tout de te changer les idées en occupant ton esprit avec du travail, toujours plus de travail.

Tu étais tout de même à l'université pour réaliser ton rêve. Toucher du doigt le monde de l'édition, être entourée de livre et de talents prometteurs le restant de ta vie. C'est quelque chose qui te faisait vibrer et qui te donnait la force d'avancer.

Lorsque tu prenais une pause et que tu laissais libre cours à tes pensées, tu finissais toujours par retomber sur ce moment horrible. Tu ne pouvais pas juste le fuir pour toujours. Le pire, c'est que tu en n'avais pas appris plus que ça, si ce n'est que James Ratri a un lien avec Norman qui semblait avoir été brisé. Cet homme l'effrayait au point de te fuir après que tu aies mentionné le connaître.

Tu conclus qu'il fallait tout de même que tu parles à Norman, la situation ne pouvait pas rester ainsi. Tu le voyais parfois mais il fuyait ton regard et il était parti aussitôt que tu tentais de l'approcher pendant les cours.

Mais tu connaissais la solution à ce problème, il ne pouvait pas non plus s'évaporer sur commande. Tu décidas donc de l'attendre à la fin de la journée devant le bibliothèque de la fac. Vu qu'il y travaillait, il finirait forcément par en sortir et il n'y avait plus assez de monde dans les couloirs pour qu'il puisse s'éclipser dans la foule.

Aujourd'hui avait été une journée particulièrement pour une journée de printemps et ça t'avait peut être un peu motivée.

À la fin de la journée, tu t'appuyas donc au mur froid à côté de l'immense porte en bois de la bibliothèque. Tu avais pris un livre pour occuper la demi-heure d'attente qui se profilait. C'était l'un de ces livres de fantaisie que tu aimais tant, l'une de ces histoires de royaumes elfiques aux enjeux chevaleresques empreins de magie vicieuse.

Sans même que tu ne l'aies vu passer, la porte grinça enfin et tu tournas vite la tête en sa direction. C'était Yugo.

-Oh bonjour Monsieur !

-Bonjour petite, tu attends Norman ?

-Euh oui... barbouillas-tu.

Il rouvrit la porte qu'il venait de fermer.

-Depêche toi petit ! Mademoiselle t'attends. cria-t-il d'une manière que tu pouvais qualifier à la fois de sévère et affectueuse.

Super.

Tu n'entendis pas Norman répondre et sentis l'embarras te monter aux oreilles.

-Bon c'est pas tout ça mais je rentre moi. grommela le vieil homme.

-Bonne soirée... dis-tu alors qu'il s'éloignait déjà.

C'était quelqu'un de spécial quand même. Tu attendis quelques minutes, ne trouvant pas la force d'entrer après une aussi belle annonce de ta présence.

Tu étais sortie de ton livre et tu laissais tes pensées glisser dans leurs dérives. Forcément, tu ne pouvais t'empêcher de revoir certaines images.

Plus tu y pensais, plus ces souvenirs étaient nets, aiguisés à en devenirs coupants. Cela créait chez toi un sentiment de frustration proche du dégoût que tu ne pouvais pas réellement décrire.

James Ratri. Un nom à vomir.

Rien n'avait distrait tes pensées, il n'y avait plus personne dans les couloirs, que les rayons du soleil qui traversaient les vitres en illuminant la poussière de l'air.

Ça tournait encore et encore et encore. Même si tu ne voulais pas accepter la gravité de cet événement, tu en étais traumatisée.

Clac.

Norman sortit la clé de sa serrure. Tu ne l'avais même pas entendu sortir. Tu ne saurais même pas dire combien de temps tu étais restée là depuis que Yugo était parti.

-T'es têtue hein ? dit-il, les yeux toujours posés sur la clé dans la serrure.

Tu te redressas.

-C'est bien, tu commences à me connaître Norman. J'aimerais pouvoir en dire autant. répondis-tu.

-Arrête, j'ai compris ton cinéma.

-Ah ?

-Tu peux lui dire d'aller se faire foutre. reprit-il en se tournant vers toi.

-Tu te trompes Norman.

Il s'approcha, et tu sentis de nouveau dans ses yeux une étincelle de haine. Mais il se trompait, il parlait de James Ratri et pensait que tu avais quelque chose affaire avec lui.

-C'est vraiment pour ça que tu m'évites ? Je ne connais pas ce James Ratri, j'ai juste entendu son nom dans la rue.

Norman semblait perplexe. Au fond, tu savais qu'il était assez intelligent pour le comprendre. Si tu le connaissais vraiment et que tu étais de mèche avec Ratri, tu ne lui aurais pas dit tout simplement.

-Je sais que je suis pas autant une tête que toi mais tu vois bien que c'est logique. repris-tu. Et je sais que tu le sais.

Tu avais réfléchi à cette possibilité. Norman savait que tu n'avais rien à voir avec lui, ça coulait sous le sens. Le problème c'était qu'il avait continué de t'éviter alors qu'il s'était rendu compte du malentendu et qu'il n'avais pas essayer d'en parler.

Alors pourquoi ?

Tu t'approchas d'un pas vers lui.

-Norman. Je sais ce que tu fais et ça ne va pas se passer comme ça.

Il resta muet, et ce semblant de haine sur son visage se transforma en une sorte de confusion.

-Tu pensais vraiment me faire fuir comme ça ? Peut-être que tu ne me connais pas tant que ça.

-Je me suis rendu compte d'un truc tu sais. finit-il par dire enfin. J'ai de bonnes raisons de faire ce que je fais.

-Alors tu vas garder tes petits secrets c'est ça ?

Il reprit son souffle. Tu t'étais un peu emportée mais c'était mérité. Il remit une mèche de tes cheveux derrière ton épaule qui laissait percevoir la tendresse qu'il te réservait.

-Reader, je détruis tout ce que j'entreprends. Je n'arrive à garder personne auprès de moi. C'est peut être pour une bonne raison sur laquelle je n'ai aucun pouvoir.

Il se força à sourire comme il en avait l'habitude et tu sentis ta gorge se serrer.

Le soleil brillait sur son visage, faisant ressortir toute la beauté de ses yeux bleus. Ses lèvres roses et fragiles qui semblaient pouvoir se briser en un coup de vent.

Mais tu étais assez douce pour lui n'est-ce pas ? Assez patiente et assez forte. Tu ne le laisserais pas s'enfuir.

-Bon Norman. Je m'en tape complètement. Je me fous du risque que je prends même si je n'ai pas tout le tableau.

-Tu n'as pas conscience de ce que ça représente.

-Ça m'est égal. Je ne te laisserai pas partir comme tu l'as fait il y a quelques années. répondis-tu fermement.

Norman était à la fois ému et inquiet de ta réaction, mais il savait que tu ne lui laissait pas le choix.

-Mais tu dois tout me dire Norman.

Il s'approcha soudain vers toi et t'enlaça. Ses bras te prirent toute entière et son doux parfum t'atteint. Tu avais les yeux écarquillés de surprise jusqu'à sentir une larme tomber sur ton cou. Et ce n'était pas la tienne.

White book [ Norman X Reader ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant