Chapitre 4

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La sonnerie répétitive fait battre mon cœur. Pourtant, j'ai entendu la voix de mon père hier à peine. Sa mélodie ne devrait pas me réjouir à ce point. Un soulagement m'envahit lorsqu'il décroche : « Alors mon grand, comment s'est déroulé ta première nuit là-bas ?

- J'en ai vécu des plus mauvaises.

- Tu t'es déjà fait quelques amis ?

- Oui. J'ai rencontré des adolescents. »

Mes songes divaguent. Thomas. La rencontre la plus perturbante mais intrigante qui s'est présentée à moi jusqu'ici. Mon moment de retrait inquiète mon père, qui demande : « Newt ? Tu vas bien ?

- J'ai... J'ai simplement repensé à... »

Mon ton est hésitant, presque embarrassé.

« J'ai... simplement repensé à ce garçon. avoue-je enfin.

- Quel garçon ?

- Un jeune patient, j'ignore son âge, qui a le syndrome de l'enfant sauvage. »

Une sensation étrange de légèreté s'empare doucement de mon être. Que me prend-il ?

« Oh ! Tu lui as déjà parlé ? s'exclame-t-il.

- En quelque sorte. Il ne parle pas très bien la langue.

- Il est beau ? taquine-t-il dans un rire. »

Mes lèvres s'entrouvrent et mes joues rougissent lorsque je murmure : « Tu n'as pas idée. » Mon père se réjouit : « Ça me fait si plaisir, de voir que tu tombes enfin amoureux ! Tu me rappelles ta mère...

- Je ne suis pas amoureux. »

Ma voix sévère fait rire Adrian.

« Voyons mon grand, c'est une chose formidable, l'Amour ! Tu ne dois pas avoir honte de tes propres sentiments ! 

- Ce n'est pas le cas. Il ne fait que m'intriguer, voilà tout.

- Si tu le dis, mon grand. »

Une dizaine de minutes plus tard, je suis forcé de raccrocher : un infirmier se dirige vers moi d'un pas certain et m'interpelle de son hypocrisie rassurante qui ne cherche qu'à amadouer. Derrière lui, j'aperçois Thomas, auprès de deux autres hommes qui s'assurent qu'il ne prenne pas la fuite.

« Bonjour jeune homme, excuse-moi de te déranger. commence-t-il. J'ai cru comprendre que tu connaissais ce garçon ?

- Thomas ? Oui, plus ou moins. Pourquoi donc ?

- Eh bien, ces temps-ci, sa situation se complique légèrement. Il a de plus en plus de mal à accepter la présence de personnel soignants autour de lui. Cela l'effraie comme au premier jour. Or, pour qu'il progresse davantage, nous avons besoin d'un certain nombre d'infirmier pour l'aider. Pour résoudre ce problème, ses psychiatres nous ont conseillé de recruter quelques personnes extérieures, afin de l'instruire et d'instaurer un climat de confiance. Nous avons consulté quelques dossiers, et le tien semble parfait pour traiter également ta maladie psychique, te motiver, te fixer un certain objectif... Vous pourriez vous entre-aider, en résumé. Nous savons que tu viens tout juste d'arriver, mais cela ne causerait aucun problème d'un point de vue médical, bien au contraire. Est-ce que tu serais intéressé ? »

Thomas a remarqué ma présence. Sa langue pend et son sourire ne cesse de grandir. Il tente de se propulser en ma direction, de me rejoindre, mais les mains fermes de ses infirmiers l'en empêchent. Mon estomac se tord. Une délicieuse sensation me parcourt tout entier lorsque je réponds naturellement : « Je le suis. »

The Wolf beneath the skin - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant