Quelques mois sont passés, WICKED ne nous a jamais contacté au sujet de notre disparition. J'en ai profité pour reprendre le lycée, Tommy quant à lui a été placé dans une classe spécialisée. Il s'adapte rapidement, m'obéit au doigt et à l'œil, je sais que je peux lui faire confiance si je lui explique bien ce que j'attends de lui. Comme ne pas aboyer, ne pas grogner, ni baver, et encore moins se transformer en loup en public. Thomas respectait toutes ces règles jusqu'au jour où il a aperçu l'un de mes camarades me faire des avances. Je n'ai jamais assumé notre relation au lycée, ce garçon a pensé que je n'avais personne et m'a embrassé entre deux cours. Évidemment, avec ma chance, Tommy passait par l'exacte même couloir quand cela s'est produit. Il m'a vu rejeté mon ami, m'a entendu lui confier qu'il ne m'intéressait pas de cette façon, mais cela ne lui a pas empêché de se jeter sur lui pour le mordre dans un grognement menaçant. Heureusement que nous étions seuls, je me voyais difficilement expliquer sa situation à des élèves entièrement sous le choc. Ce garçon n'a pas porté plainte, le directeur a compris le cas de Tommy et n'a rien ajouté de plus, si ce n'est qu'il devait soigneusement poursuivre sa rééducation. Il n'a visiblement pas saisi la cause de son agacement. Cela ne me surprend pas. À la maison, Tommy est exemplaire. Mon père l'adore, ils s'entendent très bien, ils se font tous deux confiance et je ne peux qu'en être soulagé. Avec moi, Tommy n'a pas perdu sa passion. Il m'embrasse dès qu'il le peut, ne cherche aucun prétexte pour me demander si nous pouvons nous aimer, me chuchote souvent des mots doux et me colle lorsqu'il en a l'occasion. Moi, je ne pourrai davantage profiter de cette attention. Je l'aime tant que son entrain ne peut que me réjouir. J'entends ronfler et ouvre les yeux, assommé par une agréable fatigue, le front encore légèrement suintant. Un loup blanc est allongé sur moi de tout son long, bercé dans son sommeil. Je souris et aventure une main dans sa splendide fourrure, sentant sa fraîcheur, son odeur des bois, de nature. Sa queue bat joyeusement sous mes caresses, il ouvre ses grands yeux noirs pour m'observer de cet air comblé qui ne le quitte jamais. J'embrasse doucement sa truffe et il me lèche en aboyant de bonheur. Je grimace, l'écarte dans un rire et me tords sous son euphorie. Il soulève l'un de mes bras avec sa tête et se blottit le long de mon corps. Je remonte la couverture sur nous, le cajole et tourne la tête, pris de l'envie de lui partager mon gigantesque sourire. Il se frotte contre ma joue et pleurniche. Je me moque gentiment de lui, caresse ses grandes oreilles et la longueur de son museau. Tommy s'endort peu à peu, se laisse lentement tomber dans mon cou, remue l'une de ses pattes arrière et grogne légèrement. Mon père toque soudainement et entre, demandant : « Que voulez-vous manger, ce soir ? » Sa voix s'évanouit en croisant l'amas de poils blancs collé à moi.
« Eh bah, tu as adopté un second chien ? »
Je rougis et sens Tommy relever les yeux.
« J... Je... »
Aucun mensonge ne me vient à l'esprit. Même pas l'ombre d'un seul. Je sens Thomas bouger, me retourne et écarquille les yeux en retrouvant son apparence humaine. Il a retenu qu'il ne devait pas se montrer transformé en public. Je n'avais pas prévu son incompréhension dans un cas pareil. Mon père lâche le portable qu'il tenait en main et laisse pendre sa mâchoire, murmurant confusément : « Qu'est-ce... Comment... » Je cache mon petit ami sous les couvertures et hésite : « Papa... Je... Je ne t'avais pas tout dit... » Il garde son regard fixé sur Thomas, le dévisage comme s'il s'agissait d'un terrible monstre et recule lentement. Je reprends rapidement devant sa terreur : « Voilà, il... il m'a confié qu'il était un loup garou, lorsque nous étions encore à WICKED, et... j'ai pu le constater lorsqu'il a pris cette apparence sous mes yeux. Il ne tue et ne chasse pas, il se comporte comme un simple chien, sans plus. Il n'est absolument pas dangereux. » Mes arguments font secouer la tête de mon père, qui répète : « Comment est-ce possible...
- Je n'en sais strictement rien... mais... il ne se transforme pas souvent ! rassure-je. Il ne le fait que lorsqu'il est avec moi, après que nous... quand nous avons besoin de nous reposer... rougis-je.
- Enfin, il... il a été élevé par des loups ! raisonne-t-il. Comment peut-il donc être... comme ça !
- L'arbre sentinelle. répond Tommy de sa voix rauque.
- L'arbre quoi ? relève-je, surpris.
- L'arbre sentinelle. Il m'a protégé de ma nature d'homme en me donnant la survie du loup. Il est le gardien de ma meute. »
Je l'observe avec un regard perdu. Je ne lui avais jamais posé la question avant et je m'en sens idiot.
« L'arbre... sentinelle ? répète-je.
- Il existe depuis vingt siècles. m'explique-t-il. Il puise sa force et sa magie de la terre. Il prend soin de notre forêt, de la faune comme de la flore. Il m'a sauvé.
- Pourquoi ne m'en as-tu donc jamais parlé ? m'étonne-je alors.
- Tu n'as jamais demandé. dit-il comme une évidence. »
Mon père nous regarde en plissant les yeux. Il finit par soupirer et secouer la tête, soufflant : « Vous savez quoi, les enfants ? Peu importe. Ton petit ami se transforme en loup, et alors ? Je vais arrêter de mes poser des questions et vais simplement... continuer de vivre. Enfin... Je dois qu'en même un peu y réfléchir... et m'assurer que je ne perds pas les pédales. Mais bon, l'important, c'est que vous allez tous deux très bien. » Il quitte ma chambre de cet air déboussolé, confus mais désintéressé, chuchotant pour lui-même : « Un loup garou... Mais quelle vie... J'aurais tout vu. » J'échange un sourire avec Tommy et lui saute soudainement au cou. Il rit un peu et fait, surpris : « Qu'y a-t-il ? » J'attrape sa main et embrasse chacun de ses doigts avant de répondre : « Tu es tellement mignon, quand tu parles. Je t'adore. » Son sourire s'approfondit alors qu'il me confie : « J'adore ta voix. » Je cogne nos lèvres et il ajoute : « Personne ne m'appréciait, à WICKED. Les infirmiers ne me parlaient pas comme tu le fais. Je ne recevais que leurs ordres, j'étais un animal à leurs yeux, incapable de les comprendre. Mais toi, lorsque je me suis enfuis dans ta chambre, tu ne t'es pas du tout comporté ainsi. Tu m'as parlé comme un vrai humain, comme un égal. Je t'ai tout de suite adoré. Je n'ai que fait penser à toi jusqu'à nos rendez-vous réguliers. J'avais envie de te revoir et de t'entendre encore. Tu es si différent des autres. Tu sais tellement de choses. Et tu m'as tant appris. Tu m'as sauvé en m'apprenant le langage et la parole. Je ne regretterai jamais d'avoir été placé à WICKED. Rester dans ma forêt sans toi malgré ma famille est inutile. Je recommencerai tout si l'on me proposait de changer mon passé. » Je souris encore plus, caresse amoureusement sa joue et l'embrasse. Je susurre contre ses lèvres : « Et toi, tu m'as guéri. Je ne serai plus là aujourd'hui si je ne t'avais jamais rencontré. Tu m'as aussi sauvé. De toutes les façons possibles.
- Comme l'arbre sentinelle m'a sauvé ? espère-t-il.
- Tout pareil. ris-je doucement. »
Ses yeux s'illuminent de joie et il m'étouffe dans ses bras. Je sens sa peau nue contre la mienne, sa chaleur, ses poumons et son cœur. Nous nous embrassons à pleine bouche, je ne peux faire autre chose que sourire, je suis ailleurs, piégé dans notre délicieuse bulle, je flotte sur un doux nuage, loin de la réalité. Tommy me presse contre lui, baise mon cou, caresse mes abdominaux et mon dos. Je devine sa demande lorsqu'il meut ses lèvres pour prononcer : « Pouvons-nous encore nous aimer ? »
FIN
« The Wolf beneath the skin »
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C'est ainsi que se termine cette fanfiction ! J'espère que vous auriez pris autant de plaisir à la lire que moi à l'écrire ! J'adorerais entendre vos retours 😊
N'hésitez pas à jeter un coup d'œil à mes autres œuvres !𝐘𝐨𝐮 𝐜𝐚𝐧 𝐭𝐡𝐫𝐞𝐚𝐝 𝐭𝐡𝐞 𝐧𝐞𝐞𝐝𝐥𝐞,
𝐓𝐢𝐦𝐞 𝐚𝐧𝐝 𝐓𝐢𝐦𝐞 𝐚𝐠𝐚𝐢𝐧
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The Wolf beneath the skin - Newtmas
FanfictionLa noirceur a empoisonné les organes de Newton, diagnostiqué dépressif depuis un an. Elle coule dans ses veines, poignarde son cœur et écrase son cerveau. Les ténèbres de son regard forcent Adrian à interner son fils dans l'hôpital psychiatre de leu...