Chapitre 5

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Une semaine est passée. L'heure d'entraîner Thomas est arrivée. Un infirmier a accompagné le fameux garçon jusqu'à ma chambre. Nous nous trouvons là, face à face, assis sur l'étage inférieur du lit. Thomas se tortille. Il se frotte et ronronne contre ma peau. Je me sens quelque peu embarrassé. Perdu, je passe une main maladroite dans sa chevelure. Cette action lui soutire un énième sourire.

« Je t'avoue que je ne sais pas du tout comment m'y prendre. murmure-je. Parles-tu un peu anglais ?

- Bon... Bonjour ? bégaye-t-il, hésitant. »

J'acquiesce d'un signe de tête. Il se frotte à moi.

« Comment t'appelles-tu ? tente-je.

- Thomas. »

Son ton tranché me laisse déduire que ces mots sont les premiers qu'il a appris.

« Et toi ? retourne-t-il.

- Newton. »

Débute une série d'entraînement sur la prononciation de mon prénom. Thomas hésite. Les sourcils froncés, sa langue fourche et il perd rapidement patience.

« New - ton. décompose-je.

- Je ne sais pas. lâche-t-il.

- On ne dit pas je ne sais pas, mais je ne comprends pas, ou je n'y arrive pas. Essaye Newt.

- Nyout ? répète-t-il.

- C'est mieux. ris-je. »

Une de ses mains se pose sur ma cuisse. Ses narines hument longuement mon odeur.

« Merci. reprend-il.

- Pourquoi me remercies-tu ?

- Pour avant.

- Tu parles de la dernière fois ?

- Pas maintenant. reformule-t-il.

- Pour la semaine dernière ? »

Il hoche la tête, souriant. Son regard dérive vers mon carnet. Il l'attrape, feuillette les pages, avant de le fermer et de me le tendre.

« Sais-tu comment l'on appelle cet objet ?

- Un livre. fait-il fièrement.

- Bien. Et ça ?

- Cou... Coussin.

- Exactement. »

Son doigt pointe subitement la porte de la chambre.

« C'est une porte. lance-t-il. »

Je ne peux m'empêcher de rire.

« Quoi ? demande-t-il, perplexe.

- Rien, tu as raison. souris-je. »

Une question embrouille soudainement mon esprit. Picorant mes lèvres, je m'éclaircis la voix et murmure : « Sais-tu ce que tu es ? » Thomas arrête de se frotter contre mon bras. Ses grands yeux m'observent minutieusement.

« Un loup garou. »

Il me renifle.

« Pas toi. »

Ma mâchoire pend.

« Comment ça, tu es un loup garou ?

- Je ne sais pas. »

Son faible niveau de langage ne lui tolère aucune réponse. Finalement, il saisit une nouvelle fois mon carnet et mon stylo. Il se met à gribouiller sur une page vierge, il est concentré. Lorsqu'il achève son œuvre, je scrute le dessin d'un loup hurlant face à un homme torse nu. Une lune les sépare. Celle-ci porte « Thomas » comme inscription. Je reste abasourdi un instant.

« Tu sais ? »

Je traduis ses mots par « as-tu compris ? ».

« Je ne comprends pas, non... Qui est cette lune ?

- Thomas.

- C'est toi ?

- Non, ce n'est pas Nyout. corrige-t-il.

- Tu m'as mal compris. Toi, je le pointe du doigt. Moi, je me montre. C'est toi ?

- C'est moi. assure-t-il en se pointant du doigt.

- La lune, c'est toi ?

- Non. Moi, c'est ça.

- L'homme et la lune ?

- Oui. Homme et lune.

- Et... c'est quoi, la lune ?

- C'est elle qui appelle ce moi. dit-il en pointant l'animal.

- Le loup, tu veux dire ? C'est elle qui appelle le loup ?

- Oui. Le loup.

- Donc... tu es un loup-garou ?

- Oui ! s'exclame-t-il. »

Je me fige. Dans quelle psychose me suis-je encore engagé ?

The Wolf beneath the skin - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant