TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?

[ 8 ] Enchère, patience et tableau

Je dois faire vite, mais en cinq minutes chrono, le déclic du verrou résonne mélodiquement à mes oreilles. La télépathe et l'éléctrokinésiste retirent la cloche de verre de son socle.

― Mettons-le dans la mallette et décampons, dit Scarlet Mind avec empressement.
― J'entends dans l'oreillette que c'est la dernière enchère, précise la brune.

Vite.

On fait ce que dit la petite femme et on s'apprête à sortir lorsqu'elle nous fait signe de nous immobiliser en levant une main. Scarlet Mind arrête de respirer, ses sourcils se froncent et ses yeux roulent de droite à gauche, comme lorsqu'elle analyse une onde psychique.

― Je sens des consciences approcher, chuchote-t-elle.
― Les conservateurs du musée ? demandé-je.
― Je crois pas. Ces consciences sont bien trop... « combattantes ».
― Les gars en tenues moulantes... fait Thunderbird.
― Bon, ils arrivent vite et nous ne pouvons pas nous cacher, dit la télépathe. Alors je suppose que...
― On les réduit en bouillie, m'enjaillé-je déjà en tirant mes Guan Gun de mon dos.

On se déplace, nos pas silencieux sur le béton peint. Thunderbird, à côté de la porte, Scarlet Mind et moi, chacune derrière une étagère. Je resserre ma poigne sur mes deux bâtons, le cuir de mes gants grince. La télépathe met en place des silencieux sur ses gros pistolets noirs et la brune sort ses couteaux crantés. Nous n'entendons même pas la tentative pour forcer le verrou déjà ouvert. La porte s'ouvre directement... ou plutôt valdingue pour s'écraser dans un craquement sinistre sur le mur à l'autre bout de la pièce.

Wow... Ah oui. Ils déconnent pas nos p'tits gars en lycra... pensé-je en détournant la tête de ce spectacle afin de regarder en direction de l'ouverture.

Je me ravise bien vite. Au temps pour moi, ce n'est pas du tout la team en tenues moulantes mais un groupe de mastodontes tous plus baraqués les uns que les autres. Je reste figée une seconde. Mes yeux ronds sont à peine capables de comprendre ce qu'ils voient.

Ce sont des hommes et des femmes immenses, cinq en tout. Les deux femmes font au moins un mètre quatre-vingt et les trois hommes approchent clairement les deux mètre. Tous habillés d'un pantalon noir rentré dans une paire de chaussures militaires, ils portent des t-shirts noirs moulants, sans manches, qui laissent parfaitement voir à quel point ils sont musclés et carrés d'épaules. De véritables bodybuilders nourris aux hormones et aux protéines. Leurs visages n'ont pas de réelles expressions, ils sont froids et durs, leurs yeux sont vides, leurs regards, vitreux. Pour parfaire leurs airs de clones, ils ont tous les cheveux courts et rasés sur les côtés, à la manière des militaires de l'armée de terre. Mais le plus étrange, ce sont les espèces de tuyaux qui ressortent de leur dos pour littéralement se planter dans la chair de leurs épaules, de leurs bras, de leurs pectoraux, de leurs cuisses et sur les côtés de leur cou. Je suppose qu'une sorte d'appareillage se trouve dans leur dos puisque je vois des bretelles passées sous leurs aisselles et à leurs épaules. Leurs veines vertes ressortent exagérément là où les tuyaux sont scellés grâce à de fines plaques de métal incurvées, assurées par des vis. Mais une chose est sûre, le liquide verdâtre que je vois couler dans ces tuyaux n'a rien de rassurant. Rien du tout. C'est peut-être même l'origine de leur apparence zombiesque. Leur peau a une coloration verdâtre, à l'image de ce qui coule dans les tuyaux...

Mouais, vraiment pas encourageant.

L'un d'entre eux me remarque, un autre voit Scarlet Mind. Ils avancent sur nous. Thunderbird réagit immédiatement en lançant un éclair sur chacun d'entre eux. Vu la taille de la foudre qu'elle a créé, je m'attends à ce qu'ils tombent tous deux au sol, raides morts. Mais ce n'est pas le cas, bien au contraire. Il se figent à peine quelques instants avant de reprendre leur lourde marche vers nous. Maintenant, c'est au tour de la brune d'être remarquée par l'une d'eux. Une « femme » s'avance vers elle.