[ 37 ] Seattle, retour vers le passé et inspecteur

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[Seattle, Washington, États-Unis d'Amérique,
28 Août 20**,
19 H 43 ]

[ Taima ]

J'ai filé comme l'éclair en empruntant l'une des voitures de l'Institut Électre Even, direction la ville de Seattle. Ce n'est pas vraiment là que vit ma mère. Elle, elle s'est trouvée une jolie petite maison au calme, dans une petite ville côtière des environs : Tacoma, à 54 kilomètres au sud. Par contre, c'est bien à Seattle qu'elle travaille et que l'homme qui la suit habite.

Je gare la voiture de sport noire dans une ruelle, enfile ma sangle bardée de couteaux en travers de ma poitrine. J'ouvre la portière de ma main habillée d'un gant renforcé. Je n'étais pas convaincue au début en les voyant, mais j'ai vite changé d'avis. Ce « tissu » est si fin qu'il laisse mes doigts si agiles que j'ai l'impression de ne rien porter. Je peux utiliser un écran tactile et je ne suis même pas gênée pour utiliser l'électricité.

Je suis déjà en tenue de combat, celle qu'Alejandro a confectionnée. Elle est parfaitement identique à l'ancienne : un top à col montant, une veste militaire cropped, un pantalon cargo en treillis bleu et des rangers couvrant mes mollets. Seuls quelques détails ont changé : je ne porte plus de gilet pare-balles puisque le tissu est tout aussi résistant, même s'il est plus léger, plus fin. Je remarque de fines plaques de kevlar protégeant mes organes vitaux.

Je lève l'écran de ma tablette face à mes yeux. Il est l'heure. Il a terminé son service depuis un moment et il est sur le chemin de son appartement. Je dois l'intercepter avant qu'il ne l'atteigne. J'éteins le petit écran, le fourre dans la poche reliée à mon ceinturon, sanglée une seconde fois à ma cuisse.

J'enfile mon masque noir avec des détails bleu électrique. Alejandro à bien essayé de nous convaincre de porter ceux qu'il nous avait confectionnés, mais on n'a décidément pas adhéré. On ne veut pas perdre notre unité, notre identité, notre ADN. Vaincu, Alejandro à alors reproduit à l'identique nos trois masques, avec cette matière si résistante. Je lève la capuche ajoutée sur nos trois tenues par le scientifique. C'est vrai que c'est pas mal lorsqu'il y a ce genre de petite bruine à la con qui tombe.

Toute habillée de sombre, telle une ombre dans la nuit, les seules choses qui ressortent sur ma tenue sont mon masque noir et bleu et le « mu » majuscule de même teinte, discrètement ajouté sur un brassard passé autour de mon bras gauche. Pour le job perso qui va suivre, je ne suis pas certaine qu'impliquer les Marked-men soit une bonne idée. Je retire le brassard et l'abandonne sur la banquette arrière, puis verrouille la voiture. Je porte ma montre high-tech devant ma bouche.

― Lilith, surveille la voiture. S'il se passe quelque chose aux alentours, préviens-moi.
― Bien mademoiselle, me répond la voix électronique provenant de ma fausse montre, qui est en réalité un système embarqué.

Je souris.

Quel kiff quand même.

Bref.

Je reprends mon sérieux, grimpe aux escaliers de secours qui serpentent le long des immeubles. Une fois sur les toits, je me dépêche de retrouver ma cible. Passant de toit en toit, je la repère bientôt. L'homme marche là, tranquille, dans une ruelle parallèle au grand axe parce qu'elle est plus discrète et que c'est un raccourci pour rejoindre son appartement. Je connais très bien sa vie. En mettant le pilote automatique de la voiture et en laissant Lilith conduire, j'ai eu le temps d'éplucher son existence en traversant littéralement l'Amérique du Nord, d'est en ouest.

Entre chien et loup, dissimulée en haut d'une façade, je le suis à pas feutrés. Il s'arrête, sort une cigarette d'une poche de sa veste en cuir, l'allume, tire quelques taffes en s'adossant au mur de brique rouge tout en regardant quelque chose sur son portable. Malgré l'obscurité de cette fin de soirée à peine éclairée par des lampadaires d'un autre temps, j'arrive à distinguer ses sourcils qui se froncent. Il jette sa cigarette à peine entamée dans une benne à son côté et reprend sa marche, mains dans les poches, plus pressé. Je sors un couteau de ma ceinture et le lance avec force dans la ruelle. Dans une fine fulgurance distillant une lumière bleutée, mon projectile se plante aux pieds de l'homme dans un bruit métallique.

TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant